02/04/2020
L'épidémie de coronavirus est au cœur des pensées de l'ensemble de la population, patients comme soignants, tous dépassés par l'ampleur de la crise sanitaire qui cerne désormais notre région.
L'impréparation des pouvoirs publics, pour partie liée à des données de mortalité chinoise probablement maquillées et faussement rassurantes, a impliqué en urgence et en re**rd un implacable confinement au prix de conséquences économiques probablement plus lourdes que la crise de 2007.
Sur le plan médical, l'objectif du confinement est louable pour ne pas noyer nos soldats hospitaliers. Il devra probablement s'installer dans la durée. Il semble déjà que nos hôpitaux locaux se remplissent. Les cliniques partenaires sont en léthargie depuis trois semaines, prêtes à accueillir les débordements. Nos spécialistes ne sont plus disponibles comme habituellement pour gérer les soins courants, risquant de reporter la tâche sur des Urgences qui n'en ont pas besoin.
Côté médecine générale, les patients pensent la situation chaotique et désertent les cabinets médicaux de la région, habités par la double crainte de déranger avec leurs petites plaintes du quotidien et surtout de risquer d'emporter dans leur foyer quelque virus malvenu.
Il n'en est rien… A ce jour, la vague de syndromes respiratoires fébriles promise se laisse désirer et c'est tant mieux. Les médecins généralistes sont de toute façon prêts à la gérer :
— Ceux qui le peuvent ont organisé leur cabinet pour bien séparer les flux de patients potentiellement contagieux des autres patients qui n'ont pas de plainte suspecte.
— Ceux dont le cabinet n'est pas adaptable ont à leur disposition les centres médicaux gérés par les libéraux en collaboration avec la collectivité locale, où ils peuvent envoyer leurs patients et eux-mêmes aller prêter main forte aux volontaires en cas de tsunami.
Il faut donc rassurer nos patients, tout est fait dans nos cabinets médicaux pour que de venir se faire examiner ne soit pas plus dangereux que d'aller se ravitailler.
Il faut surtout avertir nos patients du risque de sous-traitement. L'épidémie actuelle n'estompe pas le reste de la Médecine. Comme avant, certaines plaintes peuvent inquiéter et doivent amener à prendre l'avis auprès de son médecin, ne serait-ce que par téléphone. Il pourra peut-être vous rassurer, vous conseiller une surveillance ou un traitement simple… Peut-être vous suggérera-t-il une consultation pour vérifier l'absence de pathologie à risque d'évolution péjorative !
Cette sous-fréquentation des cabinets médicaux peut éventuellement permettre d'assurer momentanément le suivi de nos collègues actuellement souffrants. Deux sont à ce jour hospitalisés. Seront-ils les seuls soignants libéraux victimes du virus ? Il est important, pour nos confrères indisponibles comme pour leurs patients, que les autres médecins libéraux puissent assurer l'intérim… Que les pathologies chroniques comme aiguës n'évoluent pas dans le mauvais sens du seul fait de la situation actuelle !
Dès demain, l'APSUM va tenter de mobiliser l'ensemble des médecins libéraux disponibles et volontaires pour assurer la Permanence de Soins de leurs collègues absents. Cela ne pourra se faire que dans la limite de nos capacités respectives, capacités qui diminueront si la vague finit par atteindre le Nord-Pas-de-Calais comme le reste des Hauts-de-France. Nous pourrons peut-être limiter les dégâts d'une sous-médicalisation.
L'APSUM tentera également de communiquer avec ses habituels correspondants spécialistes de ville pour les inciter à assurer, comme d'habitude, les urgences, avis ou traitements qui ne sauraient attendre sans conséquence la fin du confinement, dans la limite de la sécurité de chacun.
Arnaud Lerouge
02/04/2020