25/08/2025
Vrai
Tous ceux qui sont nés entre 1952 et 1979 ont été les acteurs d’un changement que nos parents n’auraient même pas osé rêver.
Nous avons été les premiers témoins d’un bouleversement technologique profond, celui qui a façonné le monde moderne.
Nous voyons aujourd’hui ces maisons achetées par nos parents valoir 20 à 30 fois plus…
Nous sommes la dernière génération à avoir joué dans la rue, dans les cours de récréation, aux billes, au ballon prisonnier, à cache-cache, à l’élastique, à la marelle, au « Jacques a dit », au Stop…
Mais nous sommes aussi la première génération à avoir connu les jeux vidéo : le Pac-Man, les premières consoles Atari…
Nous avons écouté les feuilletons radiophoniques de nos grands-parents, connu les pique-niques en famille, sur l’herbe, avec une nappe et des plats maison.
Nous sommes les derniers à avoir écouté de la musique sur des disques vinyles — ces petits 45 tours et les grands 33 tours.
Nous avons commencé à enregistrer nos propres cassettes, vu naître les vidéos BETA, puis VHS, et nous avons été les pionniers du walkman, du CD…
On nous a appelés “génération X”, comme pour dire qu’on ne valait pas grand-chose… Mais comparés à quoi ?
Nous avons appris à utiliser les ordinateurs — chose que nos parents et grands-parents n’ont jamais connue — et bien avant ces jeunes d’aujourd’hui qui regardent souvent les anciens avec dédain.
Nous, nous n’avons jamais méprisé ceux qui ne savaient pas se servir d’un clavier ou d’une souris.
Nous avons vu les premiers miracles : les calculatrices de poche, les PC à écran cathodique, les premiers téléphones portables gros comme des briques, lourds comme des haltères.
Et nous avons cru, un moment, que l’Internet allait libérer le monde…
Nous sommes la génération de Cachirulo, Ultraman, Don Gato, GI Joe, Les Pierrafeu, La Famille Addams, Tom et Jerry, Les Monstres, Bip Bip et Coyote, Bonanza, La Panthère Rose, Les Jetsons, Le pivert fou, Candy, Sandy Belle…
Nous avons grandi en écoutant The Beatles, Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, The Who, Led Zeppelin, The Carpenters, Jackson Five, Guns N’ Roses, puis en espagnol ou français : Soda Stereo, Mecano, Flans, Hombres G, et même Locomía avec leurs éventails, sans oublier les Bukis, Temerarios, ou Tigres del Norte pour les amateurs de musique populaire.
Nous sommes les derniers à avoir bu des sodas dans des bouteilles en verre d’un litre, des Coca-Cola familiaux à 90 centimes, à faire les courses à vélo avec le sac en tissu à carreaux, et à garder la monnaie pour s’acheter des bonbons.
Nous sommes aussi les derniers à avoir ramassé une tortilla ou un bout de pain tombé par terre, à l’avoir remis dans le panier avec un petit remords sacré à l’heure du repas. Aujourd’hui, aucun enfant ne ferait ça — les bactéries ! dirait-on.
Ce message s’adresse à ceux nés entre 1952 et 1979.
Et franchement, on ne sait toujours pas comment on a survécu à notre enfance !
En y repensant, c’est difficile à croire :
On voyageait en voiture sans ceinture de sécurité, les bébés sans siège auto, on a survécu à des accidents sans airbag.
On faisait des trajets de 10 ou 12 heures sans râler, sans demander à faire une pause toutes les heures.
Pas de sécurité aux portes, ni de bouchons "anti-enfants" sur les médicaments…
On roulait en vélo, en rollers ou en trottinette sans casque, sans genouillères. Les balançoires étaient en métal, les toboggans rouillés aux coins tranchants…
Pas de téléphone portable.
On allait à l’école avec des sacs lourds remplis de livres et de sandwichs, sans roulettes ni rembourrage ergonomique.
Et combien de fois n’a-t-on pas vu notre sac se casser, nos affaires tomber, nos goûters s’écraser par terre ?
On mangeait des sucreries, des gâteaux industriels, des glaces colorées, on buvait des sodas sans être obèses.
Tout au plus, un ou deux enfants étaient un peu potelés… et voilà.
On partageait nos boissons, et personne ne craignait d’attraper quoi que ce soit… sauf les poux, qu’on soignait au vinaigre chaud.
On souhaitait attraper la grippe, la varicelle ou la rougeole pour avoir quelques jours de repos à la maison.
Pas de PlayStation, pas de 999 chaînes de télé, pas d’écrans plats, pas d’Internet…
Mais on s’amusait comme des fous avec des ballons d’eau, des jeux de rue, des cowboys et des poupées.
Et jamais on n’entendait parler de réchauffement climatique…
On flirtait en jouant à “action ou vérité” ou à la bouteille, pas cachés derrière des écrans ou des messageries douteuses.
Pas besoin de réseaux sociaux pour exister.
Il suffisait d’un sifflet ou d’un cri façon Tarzan, et toute la bande sortait de chez elle.
On n’était pas “dark”, “emo”, “gamer”, “otaku” ou “skateur”...
On était le blond, la maigre, le petit, le costaud, la bouclée, le noir, le rigolo… mais on faisait tous partie du même groupe.
On a appris à être responsables (souvent de force), à assumer nos erreurs, à en payer les conséquences…
Et c’est comme ça qu’on a grandi.
Libres. Fragiles. Forts. Vivants.
Félicitations à nous !
Par Cristina Rivera Garza