20/12/2025
Il y a une partie de mon histoire que je parle peu, mais qui fait profondément partie de qui je suis.
Entre mes 15 et 17 ans, j’ai souffert d’anorexie.
Pas seulement une question de poids, mais une tentative de reprendre le contrôle quand tout, à l’intérieur, semblait trop envahissant.
Le sport a été une porte de sortie.
Il m’a permis de me reconnecter à mon corps autrement, de retrouver une sensation de force, de présence, de vie.
J’ai repris du poids. J’ai réappris à manger. À garder la nourriture. À vivre “normalement”.
Et pourtant…
Guérir ne veut pas dire que tout disparaît à jamais.
Avec le temps, j’ai compris que certains mécanismes peuvent se remettre à murmurer lors de grandes périodes de stress.
Des moments de transition. De changement profond.
Et c’est exactement ce que je traverse aujourd’hui.
J’aime le changement.
Mais pas le chemin pour y parvenir.
Ma partie rationnelle sait que ces transformations sont positives, nécessaires, alignées.
Ma partie émotionnelle, elle, perçoit le changement comme un danger.
Et parfois, dans ce danger, l’anorexie tente de réapparaître comme une vieille stratégie de survie.
Et même en étant thérapeute, je traverse moi aussi des tempêtes.
Avoir les outils, les connaissances, l’expérience n’immunise pas contre la vulnérabilité humaine.
Cela permet simplement de mieux se comprendre, de repérer les signaux, et de demander de l’aide quand c’est nécessaire.
Aujourd’hui, je ne me bats plus contre moi-même.
J’observe. J’accueille. Je mets des mots. Je m’entoure.
Je sais d’où ça vient, et je sais surtout où je vais.
Si je partage cela, ce n’est pas pour inquiéter.
C’est pour rappeler que la guérison n’est pas une ligne droite,
que les professionnels aussi sont des êtres humains,
et que même quand on va bien, il est normal d’avoir des fragilités qui ressurgissent quand la vie bouge fort.