30/01/2022
Une histoire de certitude
Il est de bon ton, en début d'année, de se souhaiter tous les vœux de bonheur qui nous paraissent importants, justes, savoureux, raisonnables...
Janvier m'a laissé peu de répit pour me poser calmement et sentir ce que j'aimerais vous souhaiter. Le sujet tourne dans ma tête depuis quelques temps et les discussions avec mes proches, personnes chères à mon cœur, me donnent des indices sur les thématiques ambiantes. Deux retiennent mon attention. J'en choisis une et garde la seconde précieusement pour une prochaine fois...
J'ai grandi et me suis construite avec des opinions claires sur les choses : ce qui est bien ou mal, beau ou non, ce que l'on doit faire dans telle situation et pas dans telle autre, ce qui définit une bonne personne ou ce que devrait être le monde pour que tout aille mieux.
Cela m'a valu, adolescente et jeune adulte, des discussions interminables et enflammée sur mes sujets préférés : l'écologie, la non-violence, le rapport hommes-femmes, la politique... Je finissais en général la conversation sans avoir changé d'un pouce mes idées, et avec en prime un conflit plus ou moins installé à désamorcer. Pas l'idéal pour les relations... Encore moins pour comprendre l'autre ou se laisser toucher par son point de vue.
Il y a presque 2 ans, j'ai rencontré un homme, Richard Gimenez, qui m'a apporté une toute autre appréhension de la chose : l'assouplissement de ses convictions. Il parle de s'appliquer à "ramollir ses certitudes".
Un monde s'ouvrait à moi. Un monde beaucoup moins duel, où ce qui est bien ou mal n'est plus une grande vérité mais profondément adapté à chaque instant, dans chaque situation.
Sur le monde, ramollir mes certitudes me donne la possibilité de voir de nouveaux possibles, d'ouvrir ma créativité, apercevoir des paysages jusqu'alors inconnus. Cela me donne de l'espoir.
Dans mes relations, assouplir mes certitudes me permet d'entrer vraiment dans l'univers de l'autre, regarder les choses de son point de vue, son filtre. Les liens s’apaisent et s'adoucissent, une compréhension mutuelle peut avoir lieu.
À l'intérieur de moi, déraidir mes certitude m'apporte de la douceur, de l’apaisement, mais aussi une grande possibilité de transformation : n'étant plus sûre de rien (ou plutôt en chemin vers...), il y a la possibilité d'explorer autre chose, de se laisser toucher, modeler, inspirer par un monde autre que celui que je connais.
Et tout cela a un impact énorme sur mon métier et ma posture de thérapeute.
Attention, attendrir ses certitudes ne veut pas dire être influençable ou crédule. Mais plutôt regarder la Vie avec les lunettes de l'explorateur, du chercheur, de celui qui n'est jamais rassasié de comprendre, remettre en question et découvrir.
C'est inconfortable parfois, cela chahute, déstabilise, ébranle.
Mais dans un monde où l'on nous dicte ce qui est bon pour nous, ce que nous devons faire ou non, qui sont les méchants et les gentils, il me semble qu'il est impérieux d'emprunter ce chemin :
- pour nous donner la possibilité de rencontrer l'Autre, vraiment, sincèrement, dans l'intimité de nos incertitudes et de notre altérité,
- pour participer à demain, et oser la transformation jusqu'au plus profond de nos êtres.
Je souhaite à chacune et chacune d'entre vous une année toute en souplesse.
Perrine.