03/03/2019
Winnicott: Les relations mère/bébé.
Au tout début, on assiste à ce que Winnicott dénomme la "folie maternelle" rendant compte de la .
Durant les premiers jours ou semaines de vie de l’enfant, tous les investissements de la mère se concentrent sur le bébé. Elle devient «folle de son enfant», s’occupant de lui en permanence, anticipant le moindre de ses besoins, permettant ainsi au bébé d’intérioriser un sentiment de continuité d’existence.
Peu à peu, et grâce au père, la mère retrouve des investissements extérieurs qui la préoccupent à nouveau. Elle se permet alors de frustrer de temps en temps son enfant, accédant au statut de mère . Durant ces moments de latence à la réponse maternelle, l’enfant s’autonomise peu à peu et développe ses capacités de penser, car il est assez sécurisé par elle pour ne pas se sentir dénitivement lâché.
de la mère jusqu’au troisième ou quatrième mois aide aussi l’enfant à se développer psychiquement, puisqu’il voit dans les yeux de sa mère son propre reflet, source de premières identications. Mais dans ce jeu de miroir, les yeux du bébé renvoient aussi à la mère son image, image qui la «fait mère». Ces gratications mutuelles alimentent l’estime que le bébé va progressivement construire de lui-même, tout en l’aidant à établir une distinction soi/non-soi.
Ces constructions d’assises narcissiques suffisamment solides facilitent notamment l’accès ultérieur aux apprentissages, car elles permettent à l’enfant d’expérimenter sans craindre de faire des erreurs et de subir des échecs qu’il a le sentiment de pouvoir dépasser.
Trois fonctions maternelles peuvent être repérées, fonctions qui existent quelle que soit la période envisagée :
- : portage, protection, contenance de l’enfant par les bras maternels ; il permet à «sa majesté le bébé», d’acquérir un sentiment d’unité de lui-même, lui donnant à penser que c’est lui qui créé les bons soins dont il est l’objet (toute-puissance infantile).
- : manipulations du maternage dans les soins au corps de l’enfant qui relient vécu corporel et vécu psychique, vécu maternel et vécu du bébé. La mère peut ressentir et renvoyer à l’enfant, en l’aidant à les contenir, sa joie, sa souffrance, son déplaisir, son plaisir; l’enfant construit, dès lors, son fonctionnement mental en l’articulant solidement à ses vécus corporels.
- : présentation du monde extérieur au bébé par sa mère qui lui permet par là même d’investir en dehors d’elle. La manière dont la mère présente le monde influence la représentation que l’enfant s’en construit et sa façon d’investir. L’enfant dispose alors d’ouvertures aux apprentissages dans un monde suffisamment sécurisant, intéressant, voire passionnant.
[Catherine Graindorge, Comprendre l’enfant malade: Du traumatisme à la restauration psychique, Dunod 2005, Page 22].