25/10/2025
L’anémie : et si c’était une stratégie intelligente du corps, pas une maladie ?
Dr Mohamed Boutbaoucht – Médecine fonctionnelle intégrée
Alors que la plupart des médecins considèrent encore l’anémie comme une maladie ou une défaillance, une autre lecture ,plus physiologique et plus fine ,émerge : l’anémie pourrait être une réponse adaptative du corps, un mécanisme de protection en période de crise métabolique.
Quand la médecine confond adaptation et carence :
Le réflexe courant, face à une ferritine basse, est de prescrire du fer.
Mais cette approche simpliste repose sur une vision purement quantitative : « moins de fer = carence = supplémentation ».
Or, le fer est une substance doublement tranchante : indispensable à la vie, mais hautement pro-oxydante.
En cas d’infection, d’inflammation chronique, de stress ou de cancer, le corps bloque volontairement la disponibilité du fer par le biais d’une hormone appelée hepcidine.
Cette dernière inhibe son absorption intestinale et sa libération des macrophages, créant une anémie dite inflammatoire — non pas pathologique, mais protectrice.
Le corps se met alors en mode économie d’énergie, ralentissant volontairement son métabolisme.
Un mécanisme d’économie d’énergie :
Produire des globules rouges exige énormément d’oxygène, de fer, de cuivre, de vitamines B et de calories.
Mais quand l’oxygène tissulaire est déjà bas — comme dans les états inflammatoires chroniques ou métaboliques —, fabriquer davantage de globules rouges devient un luxe énergétique que le corps ne peut plus se permettre.
L’organisme ralentit donc la production sanguine, baisse le métabolisme et concentre ses ressources sur les fonctions vitales : cœur, cerveau, foie.
C’est une stratégie de rationnement énergétique, pas un signe de panne.
De la même manière, dans l’hypothyroïdie fonctionnelle, la conversion de T4 en T3 est freinée pour réduire la dépense énergétique.
Dans le syndrome de fatigue chronique, le corps s’impose un mode “basse consommation” pour se protéger.
Dans les troubles de la méthylation (MTHFR), la production d’énergie mitochondriale est limitée — là encore, pour survivre plutôt que s’épuiser.
L’anémie, dans ce contexte, ne provoque pas la fatigue : elle traduit la fatigue du système.
Le fer, carburant des pathogènes et des tumeurs :
Un autre point souvent ignoré : le fer nourrit les pathogènes.
Bactéries, champignons et cellules tumorales s’en servent pour croître.
Lorsqu’une infection est détectée, le corps réduit la disponibilité du fer dans le sang — pour affamer les envahisseurs.
Ce phénomène est bien documenté en immunologie, et il a été observé pendant le Covid-19 : l’hyperproduction d’hepcidine entraînait une anémie transitoire, faisant partie de la réponse de défense.
En forçant le corps à se “recharger en fer” pendant ces états inflammatoires, on risque de nourrir les pathogènes, d’entretenir l’inflammation, voire de stimuler la croissance tumorale.
Repenser l’anémie : un signal d’intelligence physiologique
Dire que « l’anémie provoque la fatigue » est une inversion de cause et d’effet.
Souvent, c’est la perte d’énergie, le stress oxydatif et l’hypoxie tissulaire qui provoquent l’anémie.
Autrement dit, le corps freine volontairement le métabolisme et la production de globules rouges — pour éviter de “griller le moteur”.
Loin d’être un dysfonctionnement, ce ralentissement est une manifestation de la sagesse biologique du corps, qui se protège et tente de rétablir son équilibre interne.
Restaurer le métabolisme avant de supplémenter :
Traiter l’anémie, ce n’est pas seulement donner du fer.
C’est restaurer la circulation, la chaleur, l’oxygénation et la fonction mitochondriale.
Quelques pistes fonctionnelles :
• Améliorer la circulation et la chaleur corporelle : activité physique douce, sauna, bains chauds.
• Oxygéner les tissus : lumière solaire, respiration consciente, thérapie par lumière rouge.
• Réduire l’inflammation : vitamine C, oméga-3, curcumine, gingembre, ortie, romarin.
• Soutenir les mitochondries : coenzyme Q10, carnitine, magnésium, cuivre, zinc, B-complexe.
Lorsque le terrain s’améliore et que les tissus retrouvent une tension d’oxygène adéquate, le corps recommence naturellement à produire du sang et à mobiliser le fer stocké.
En Conclusion :
Et si l’anémie n’était pas un signe de faiblesse, mais une preuve de sagesse ?
Une adaptation physiologique temporaire, permettant au corps de ralentir, se protéger et se réparer ?
Avant de vouloir corriger les chiffres, il faut écouter le message.
L’anémie n’est pas toujours un ennemi : parfois, elle est un langage du corps qui dit “je me protège”.
Et la médecine du futur sera celle qui saura entendre ce langage,
non pour le faire taire, mais pour le comprendre.