01/05/2021
Psychothérapeute femme ou homme ?
Le Journal des psychologues n°385
Dossier : journal des psychologues n°385
Extrait du dossier : La médiation animale. Thérapies et représentations
Date de parution : Mars 2021
Rubrique dans le JDP : Pratiques professionnelles > Psychothérapie
Auteur(s) : Reuillard Pascal
Présentation
Il n’existe pas de consensus sur l’influence du sexe du thérapeute sur le suivi de ses patient(e)s. Si beaucoup y voient une question qui n’a pas lieu d’être, d’autres pensent, au contraire, que l’organisation psychique du-de la patient(e) peut modifier la relation du couple analytique. Après une brève incursion dans l’histoire de la psychanalyse, l’auteur nous partage sa réflexion sur le sujet à partir de sa pratique professionnelle auprès d’enfants et de leurs parents.
Détail de l'article
« Dans toute analyse normale, l’analyste joue […] tous les rôles possibles, sans exception, pour l’inconscient du patient ; il ne tient qu’à lui de reconnaître ce rôle chaque fois au moment opportun et de s’en servir consciemment selon les circonstances. » (Ferenczi, Rank, 1924.) S’il a bien travaillé sa part virile et sa part féminine, sa bisexualitépsychique, il peut tour à tour être le père, la mère, le frère, la rivale, etc.
Il s’agit là d’une prise de position assez traditionnelle dans la majeure partie de la littérature psychanalytique. Mais qu’en est-il exactement dans les cabinets de consultation, dans le face-à-face patient-thérapeute ? Quels types de liens entourent éventuellement le sexe du thérapeute et l’inconscient du patient, lui-même de sexe masculin ou féminin ? Et, plus spécifiquement encore, comment les parents qui amènent leur enfant en suivi se situent-ils en face d’un thérapeute homme ou d’une thérapeute femme ? Doit-on y voir une entrave potentielle au bon cheminement d’un traitement ou, au contraire, un élément facilitateur de la dimension intersubjective d’une relation analytique ?
Par « sexe », il faut entendre ici les caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes. Il diffère et en même temps sous-tend la notion de genre, qui est une production sociale : le genre renvoie aux rôles déterminés socialement, aux attributs et comportements qu’une société juge appropriés pour les hommes et les femmes – le genre masculin et le genre féminin. En réalité, le genre précède le sexe (Laplanche, 1998), parce que l’enfant se voit assigné un genre dès sa naissance, et même bien avant sa mise au monde. Il sait qu’il est un garçon ou une fille avant de découvrir la différence anatomique des sexes.
DANS L’HISTOIRE DE LA PSYCHANALYSE…
Dans les années 1880, le psychiatre Josef Breuer, mentor et confrère de Sigmund Freud, a vécu une situation inédite avec sa patiente Bertha Pappenheim, plus connue sous le nom de Anna O. Après un suivi débuté en décembre 1880 pour de violentes quintes de toux, les symptômes se sont aggravés à tel point que la jeune femme s’est retrouvée à un moment quasiment paralysée et ne parvenait plus à quitter son lit. Très impliqué, le médecinpassait tellement de temps avec elle (plus de mille heures en sa compagnie) qu’il en parlait beaucoup en dehors des consultations, assez en tout cas pour rendre sa femme triste et jalouse. Quand il s’est finalement rendu compte de l’état d’âme de son épouse et que, de son côté, Anna O. semblait aller mieux, il décida de mettre un terme au traitement. Mais il eut à peine le temps de lui annoncer sa décision qu’elle rechuta brutalement et se retrouva « en proie aux douleurs d’un accouchement hystérique, fin logique d’une grossesse imaginaire passéeinaperçue et qui s’était produite en réponse aux soins donnés par Breuer » (Jones, 1953-1957). Décontenancé et bouleversé, Josef Breuer décida de partir avec sa femme en voyage (qui, pour l’anecdote, tomba justement enceinte pendant cette période…).
En 1931, dans l’essai Sur la sexualité féminine, Freud évoque la question de la mère dans le transfert : « Il apparaîten vérité que des femmes analystes […] ont pu percevoir plus aisément et plus clairement cet état de choses parce que leur venait en aide, chez leurs malades, le transfert sur un substitut de mère approprié. » Freud avait lui-mêmereconnu en face d’une patiente qu’il n’aimait pas « être la mère » : quand la poétesse américaine Hilda Doolittle est venue à Vienne pour suivre une analyse avec lui, en 1933, après une tentative ratée avec une thérapeute femme, elle lui a dit de prime abord : « Je viens ici chercher une mère. » Ce à quoi il répondit : « Je dois reconnaître que je n’aime pas être la mère dans le transfert, cela me surprend et me choque toujours un peu. Je me sens tellement masculin. » (Doolittle, 2010.) Pourquoi avoir choisi le terme « masculin » et non pas « paternel » ? Pour Jacqueline Schaeffer, il s’agirait simplement d’une « défense contre-transférentielle dans le registre du couple phallique‑châtré (*) ». Une mère, c’est une femme, donc un être humain châtré.
À l’inverse, Donald W. Winnicott affirmait volontiers que l’analyste se trouve dans une situation qui s’apparente à celle de la mère d’un enfant à naître ou d’un bébé, qu’il développe un contre-transfert maternel dans la relation analytique.
Ce sont là quelques exemples d’aspects transférentiels et contre-transférentiels en jeu dans un suivi. Mais ce sont des exemples survenus au cours de la construction d’une pratique qui était en pleine évolution, qui cherchait encore une partie de ses marques.
Sur la question plus particulière du transfert, Freud a mis en évidence l’attitude du thérapeute en présence du transfert amoureux du-de la patient(e) dans Observations sur l’amour de transfert : « L’analyste doit se garder d’ignorer le transfert amoureux, de l’effaroucher ou d’en dégoûter la malade, mais également, avec autant de fermeté, d’y répondre. […] Si les avances de la malade trouvaient un écho chez le médecin, ce serait pour elle un grand triomphe – et un désastre total pour le traitement. » (Freud, 1915.) Freud mettait en garde sur le risque, pour le thérapeute, de se laisser aller à ressentir des sentiments pour les patientes sans être totalement sûr de ne pas aller au-delà des limites qu’il s’est fixées (Despland, 2008).
DANS LA PRATIQUE CONTEMPORAINE
Dans la pratique, notre expérience nous montre que le transfert a finalement peu de relation avec la réalité des attributs du thérapeute. Du moins, pour les patients dont le fonctionnement est de l’ordre de l’organisation névrotique.
Mais qu’en est-il dans le cas des organisations limites, par exemple, où les sentiments transférentiels sont généralement assez puissants ?
Sur ce point, Sébastien Bouchard met en avant le problème du transfert érotisé, qu’il distingue du transfert érotique. Le transfert érotique survient quand le patient est attiré par son thérapeute, mais qu’il reste capable de juger du caractère approprié ou non de ses sentiments. Mais dans le transfert érotisé, « le patient demande activement, et avec insistance, des gratifications affectives et sexuelles, quitte à détruire la thérapie et le thérapeute »(Bouchard, 2008). Devant l’avalanche d’émotions multiples que doit gérer le thérapeute, son identité sexuéedevient un facteur significatif. Pour Jacqueline Schaeffer (2002), si le thérapeute se sent aussi bien homme que femme dans le transfert qui lui est adressé en qualité d’autre sexuel, c’est-à-dire s’il n’écoute qu’avec sa bisexualité, il peut être amené à nier en partie la différence des sexes.
Otto F. Kernberg fournit d’autres exemples où l’organisation de la personnalité des deux membres de la relation peut être importante : quand la patiente d’un thérapeute homme souffre d’un désordre de personnalité narcissique, elle peut minimiser fortement le transfert érotique pour ne pas activer « les désirs de dépendance que les personnalités narcissiques craignent et ne peuvent pas tolérer » (Kernberg, 2000). À l’inverse, si le patient est un homme narcissique et la thérapeute une femme, le risque est une érotisation de la relation « dans un effort pour renverser l’expérience de dépendance et pour détruire l’autorité de l’analyste en la séduisant, reproduisant ainsi la relation conventionnelle et culturellement dominante entre un homme dominant et une femme asservie » (Kernberg, 2000).
Comme l’observe très justement Paul Denis, la manière dont le patient s’adresse au thérapeute est dépendantede la perception qu’il a de lui : « Le ton qu’il emploie, la forme des phrases, le choix inconscient qu’il fait de parler de telle chose plutôt que de telle autre, est marqué par cette perception de genre, inconsciente, à laquelle l’analyste réagit à sa façon, et tout aussi inconsciemment. » (Denis, 2013.) En fin de compte, transfert et contre-transfert sont indissociables et fondamentaux dans la relation analytique. Au sein de cette rencontre, l’interaction entre les deux membres du couple se fait dans un espace propice à la circulation de l’inconscient. Même si tout indique que le sexe ne constitue pas un obstacle à la bonne conduite de la thérapie, c’est très souvent cette perception qui amène le patient à choisir le sexe du thérapeute avant de prendre contact et d’entamer un suivi. Un de nos patients nous a dit dès la première rencontre qu’il avait choisi délibérément un thérapeute homme parce qu’il se voyait dans l’incapacité d’aborder ses problèmes intimes (des difficultés de pénétration et de jouissance sexuelle avec son compagnon, notamment) avec une femme.
ET AVEC LES ENFANTS ?
Nous avons jusqu’à présent évoqué les patients adultes. Concernant les enfants, il existe peu d’études sur le rôle du sexe du thérapeute. Mais un ouvrage fait cependant figure d’exception : Le Sexe du psychothérapeute et son influence en pratique infantile, de Michel Bossé (2008). L’auteur s’appuie sur des études de cas pour montrer combien le sexe du thérapeute peut jouer un rôle significatif quand l’enfant accède à la conflictuelle œdipienne. Dans cette phase, « le thérapeute est installé par le jeu du transfert dans un rôle qui est tout à fait conforme à sa réalité sexuée ». À travers le jeu, l’enfant va lui attribuer le rôle de figure rivale à dépasser ou ressentir pour lui un attachement amoureux. Michel Bossé constate à travers divers exemples que la non-différence de sexe (un garçonet un thérapeute masculin, ou une fillette et une thérapeute féminine) peut être un facteur déterminant au niveau de la durée de la thérapie : le processus thérapeutique tendrait à être plus long quand l’adulte et l’enfant sont de mêmesexe. L’auteur va dans le même sens que Phyllis Tyson qui, dès 1980, affirme que le sexe du thérapeute peut avoir une influence significative sur la mise en acte de l’enfant pendant la séance, surtout à certaines étapes du développement. Elle donne notamment l’exemple du thérapeute homme qui peut être amené à jouer le rôle d’une figure paternelle dans le cas d’un enfant qui n’a pas eu la présence d’un père dans sa vie.
On le voit, l’importance du sexe peut constituer un facteur important. Important, mais pas capital pour autant. Il s’agit d’un facteur différentiel qui peut jouer le rôle de catalyseur, voire d’accélérateur, mais, là encore, nous ne pensons pas que cela remette en question la capacité du thérapeute d’occuper les rôles qu’on lui demande d’occuper, pas plus que son aptitude à ne pas enfreindre la loi de l’abstinence et de la neutralité.
ET AVEC LES PARENTS DU JEUNE PATIENT ?
Dans la très grande majorité des cas, ce n’est pas l’enfant qui demande un suivi. Pour les parents, accepter de remettre leur enfant entre les mains d’un autre adulte, d’un sujet supposé savoir, les oblige à constater des failles dans leur fonction parentale. En réponse, il n’est pas rare qu’« ils se sentent en situation d’infériorité car se pose implicitement ou non la question de ce qui est bon et de ce qui ne l’est pas pour leur enfant » (Reuillard, 2019). Ils peuvent se sentir menacés dans la reconnaissance de leurs capacités, blessés dans leur propre narcissisme. Pour certains, c’est l’occasion de dénigrer le parent absent dans l’attente d’une confirmation du thérapeute. D’autres parents se présentent ensemble, mais ils ne s’écoutent plus. Chaque parole du conjoint est ressentie agressivement. Chacun parle sans que l’autre n’écoute, ou pour que l’autre n’écoute pas, avec pour résultat des sentiments de solitude et d’aliénation (Reuillard, 2018). D’où la volonté d’amener à soi l’attention du thérapeute, voire de montrer à l’autre qu’il est incapable de tenir sa fonction de parent.
Dans le quotidien de notre pratique psychothérapeutique auprès des enfants, il nous arrive de nous questionner plus particulièrement sur la place du père de l’enfant face au thérapeute homme. Mais avant d’aller plus loin, il n’est pas inutile de rappeler que les pères occupent, dès le départ, un rôle singulier dans le trio initial : ils doivent trouver leur place dans la dyade mère-enfant, s’imposer peu à peu entre les deux pour leur permettre de sortir du bien-être fusionnel de la satisfaction symbiotique.
Si la mère est un acquis, il ne faut pas oublier que le père reste un dû (Naouri, 1985). Il ne peut devenir père que si la mère accepte de lui accorder ce statut, qu’elle l’introduit auprès de l’enfant. La paternité est en somme un travail de nomination. Mais pour être garantie, cette nomination a besoin d’être validée dans le long terme par celle qui restera toujours le premier objet de l’enfant, quoi qu’il advienne : sa mère.
Si le père de l’enfant est défaillant dans son rôle de père, il n’est pas inhabituel qu’il se sente en échec face au professionnel et à ses sollicitations. Et, par effet boule de neige, son fils / sa fille peut se retrouver face à un choix complexe : si je fais confiance à l’un des deux, est-ce que je ne risque pas de trahir l’autre ? C’est pourquoi il est essentiel de « résister au piège de la substitution parentale » (Klein, Hénin, 2013), de ne pas devenir trop actif sous peine de prendre inconsciemment la place du géniteur. C’est en tout cas ce à quoi nous sommes parfois convoqué par les mères qui ont déjà enclenché un processus de délégitimation du père. Dans ce jeu de séduction, certaines tendent à nous situer dans le rôle du parent / père idéal, celui qui sait comment bien élever un enfant (« Vous ne croyez pas qu’il devrait être plus ferme ? », « Un père, ça ne fait pas ça, on est bien d’accord ? », « J’ai demandéà ce qu’il soit vu par un homme parce que son père ne vaut rien », « Il n’est jamais là »). À l’inverse, il arrive que le pèrenous sollicite comme allié pour discréditer la mère de l’enfant (« Vous voyez comment elle est ? », « Elle veut toujours avoir raison »). Or, accepter d’incarner le parent idéal dans le transfert a nécessairement ses revers : « L’analyste joue gros, il joue à séparer l’enfant de sa mère, en incarnant une place indue, puisqu’elle est celle réservée en principe à la fonction paternelle. » (Lévy, 2012.) Il faut veiller à ne pas occuper seulement une fonction surmoïque.
D’aucuns diront à juste titre que ce risque n’est pas réservé au père, que la mère aussi peut se remettre en cause dans son rôle de mère, faire preuve d’ambivalences et de résistances. C’est tout à fait vrai, mais nous le constatons moins souvent dans notre pratique. Sur ce point précis, nous nous sommes retrouvé en face d’un cas singulier : A., 10 ans, a été amené en consultation par son père et sa nouvelle compagne. C’est elle qui a conseillé au pèrede faire la démarche. Le garçon connaît des difficultés d’apprentissage et se dispute souvent avec son nouveau « demi-frère ». Il a du mal à accepter les règles et, selon son père, cela se produit encore plus au domicile de la mère. Le suivi va se mettre en place de façon atypique, parce que la mère du garçon refuse catégoriquement de nous rencontrer. A. sépare son temps entre les deux maisons et se plaint, à sa manière, d’être le fantoche que l’on tire d’un côté et de l’autre. Le refus de la mère a autorisé le père à affirmer qu’elle n’était pas une bonne mère(malheureusement, l’arrivée de la pandémie a mis fin aux séances). Aujourd’hui, avec le recul et cette réflexion sur l’identité sexuée, nous nous posons la question suivante : la mère s’est probablement sentie menacée dans son rôlede mère et de femme par la nouvelle compagne et, par voie de conséquence, par son ex-mari. Aurait-elle réagimoins violemment si une thérapeute femme avait été là pour l’accueillir ? Quelqu’un du même sexe, plus sensible aux émotions, conformément à ce qui fait encore autorité dans les constructions sociales ?
Enfin, prenons un autre exemple, celui de ce père qui présente une résistance émotionnelle parce que, à ses yeux, le thérapeute n’est pas assez proche des critères que représente pour lui la masculinité. Le fait de mettre en avant la souffrance émotive de l’enfant donne l’impression à certains pères que le thérapeute est trop sensible, voire trop « féminin », parce qu’il ne comprend pas que, pour devenir un homme, il faut se comporter en mâle dès l’enfance (« Moi j’ai été élevé à la dure et j’ai réussi dans la vie », « Un garçon, ça ne pleure pas »).
CONCLUSION
Si la qualité de la relation patient-thérapeute est fondamentale, elle repose d’abord sur la formation professionnelle du thérapeute, sur son approche, ses choix théoriques. Quand, face au patient, il commence às’interroger sur ses identifications au masculin et au féminin, sur sa bisexualité constitutive… alors faut-il peut-être y voir une partie de lui pas assez ou mal analysée.
À la question de savoir si un psychothérapeute homme ou femme est plus à même de prendre en charge tel patient ou telle patiente, il est finalement assez difficile d’y répondre. Mais il nous semble important que le-la patient(e) puisse choisir en toute liberté, parce que consulter et entreprendre un suivi reste une démarche difficile. Étantdonné que ce choix est déterminé par plusieurs facteurs inconscients, le professionnel doit avoir à l’esprit qu’un transfert est formé par avance, « préformé » en quelque sorte ; et, pour la bonne conduite du traitement, il devra faire l’objet d’un examen analytique.
L’attirance amoureuse n’est pas en soi un frein quand la personne reconnaît au thérapeute sa capacité d’écouterses difficultés et de l’aider, qu’elle lui suppose un certain savoir. Grâce à ce supposé savoir, elle pourra aussi bien développer un transfert maternel avec un thérapeute homme qu’un transfert paternel avec une thérapeute femme. Les travaux sur le thème nous montrent clairement que le sexe n’a pas ou peu d’influence dans le cas d’une organisation névrotique. Mais, dans le cas d’autres organisations psychiques, comme on l’a vu auparavant, le thérapeute peut être amené à travailler plus intensément la gestion de son contre-transfert.
Avec les enfants, la donne semble un peu différente. Les données existantes indiquent que le sexe du thérapeuteinterviendrait sur la durée de la thérapie quand l’enfant a atteint le niveau œdipien. Au-delà de cette donnée, nous pensons là aussi que c’est le bagage du professionnel qui lui permettra d’occuper le rôle dans lequel l’enfant le place.
De même que Ethel Spector Person (1983), nous estimons qu’il est finalement assez difficile de mesurer l’impact de l’identité sexuée du psychothérapeute sur le bon déroulement de la psychothérapie. Tout se joue au cas par cas, la répétition n’est jamais la même. Il serait même abusif de dire qu’il existe des psychothérapeutes pour hommes et des psychothérapeutes pour femmes.
Enfin, il serait intéressant de reprendre plus en détail la question du genre, parce qu’il s’agit d’une question qui va bien au-delà de la relation thérapeutique. La thématique du genre est aujourd’hui omniprésente dans la société, la culture, les institutions ou les processus de socialisation. Depuis quelques années, elle occupe assez massivement, et souvent de manière controversée, les débats publics et les paroles des jeunes générations.
Le genre auquel il est fait allusion dans ce texte ne correspond qu’à l’identité cisgenre, quand la personne s’identifie au genre qui lui a été assigné à sa naissance. Dans la lignée de Colette Chiland (1997), il faudrait notamment approfondir le thème du questionnement identitaire de patients transsexuels et l’impact ou le lien que cela peut avoir sur le choix du sexe du thérapeute.◗
Note
* Schaeffer J., 1999, « Différence des sexes et des générations dans le transfert et le contre-transfert », article disponible sur le site de la Société psychanalytique de Paris, rubrique « Textes et conférences »,
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