16/04/2024
Le deuil
Dire à une personne qui souffre de la perte d'un être cher que " C'est Dieu qui en a décidé ainsi ", parce qu'" il y a un but et un sens cachés " dans la perte et le chagrin qu'elle vit, est l'équivalent émotionnel de jeter du sel sur une plaie ouverte.
La société a souvent tendance à envelopper son impuissance dans des expressions bien ficelées : "Maintenant, il est dans un monde meilleur", "Tu dois être fort, tu dois surmonter cette épreuve", "Maintenant, tu as un ange pour te protéger". Ah, et puis il y a ces mots, généralement prononcés automatiquement, presque comme des incantations - "Que Dieu lui pardonne !" Surtout lorsqu'il s'agit de la perte d'un enfant, ces formules peuvent faire encore plus mal. Pour quoi, pour quoi pardonner à une âme qui commence à peine à voir le monde ? En réalité, ces formules n'apportent souvent aucun réconfort. Elles n'offrent pas de compréhension et elles n'offrent certainement pas de rayon de lumière à travers les ténèbres du chagrin. Elles ne sont que des refuges dans des clichés qui ne font qu'approfondir le chagrin, l'invalider et l'isoler.
Le deuil n'est pas une énigme cosmique qui attend d'être résolue.
Il s'agit d'une expérience humaine profonde et cruelle qui ne passe pas et qui ne trouve aucune consolation dans les platitudes. Le chagrin n'est pas contagieux, il ne s'attrape pas en se rapprochant ou en touchant l'épaule de quelqu'un dans un geste de consolation. Ceux qui souffrent ne sont pas des êtres fragiles, prêts à se briser à la moindre brise. Les éviter, penser les protéger ainsi en se cachant, c'est souvent aussi le reflet de notre propre malaise, de notre incapacité à affronter leur douleur. Peut-être avec notre propre douleur en même temps.