19/10/2025
Comment ne pas détester les enseignants : petit guide pratique par Charlène Simon 🙏
Les médias, le monde politique en général et votre tante Gertrude sont unanimes : les profs, c'est tous des planqués qui bossent l'équivalent d'un mi-temps et qui passent leur vie en vacances. Vous êtes tenté de suivre leur avis mais aimez également être à contre courant lors des discussions familiales ? Ce guide est fait pour vous !
Étape 1 : Renseignez-vous dans votre entourage et trouvez un(e) enseignant(e) malade. Proposez de remplacer cette personne le temps de son arrêt. Vivez cette vie de détente et de facilité durant une semaine ou un mois.
Étape 2 : D'expérience, aucune autre étape n'est nécessaire.
L'étape 1 ne vous tente pas ? Étonnant. Mais pas grave, car je vous ai trouvé une solution alternative qui tient en deux mots : Croyez-les. Vous avez sans doute à peu près toutes et tous au moins un exemplaire de prof autour de vous.
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀. Quand ils vous disent qu'une heure prestée devant les élèves, c'est en moyenne une heure de préparation en amont. Pensez aux réunions (entre pédagogues, ou avec les parents), aux formations obligatoires et volontaires, aux corrections, aux conseils de classe, aux journaux de classe, aux aménagements raisonnables, aux sorties scolaires, aux classes de dépaysement avec nuitées, aux Fancy Fair, pestacles et autres événements organisés pour vous, au bénéfice de vos enfants. Les 20 à 26 heures en présence de la classe, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Personne ne pense que le présentateur du JT ne bosse que 20 minutes par jour (... Et si c'était le cas, allez diminuer son salaire à lui hein).
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀. Quand ils disent qu'ils travaillent durant les soirées et weekends. Pendant les vacances aussi. Demandez-leur combien de fois ils sont venus à l'école organiser leur classe durant l'été. Combien de temps arrivent-ils avant les enfants ? À quelle heure repartent-ils ?
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀. Quand ils expliquent le "début" de carrière, où il faut souvent attendre la veille de la rentrée pour savoir s'il y aura du boulot (et où ? Avec quelle classe ?) Puis savoir qu'on risque de le perdre au recomptage du mois d'octobre. Perdre ses heures. Attendre. Être dans cette précarité d'emploi pendant 5, 10, parfois 15 ans. Travailler dans 2,3 ou 4 établissements et perdre ses temps de pause en voiture (trajets non remboursés).
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀. Quand ils vous disent qu'une partie de leur salaire est dépensée pour du matériel pédagogique, pour décorer la classe, pour le cadeau de fête des parents... Sans compensation en chèques repas, carte essence ou voiture de société.
On ne se plaint pas de notre métier. On se plaint de cette absence abyssale de considération. De la part de la société en général, de nos proches parfois... Augmenter les heures sans toucher au salaire. Prolonger la carrière pour une pension plus basse. Supprimer les aménagements de fin de carrière, le soulagement d'une nomination après des années de galère. Supprimer des filières, se faire évaluer par ses pairs... Voilà (entre autres) ce qu'on nous offre gracieusement comme récompense, pour accompagner de notre mieux vos enfants. Alors oui, il y a de quoi râler, non ?
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀. Et pensez-y quand ils seront en grève pour tenter tant bien que mal de préserver leurs acquis. Pensez aussi à celles et ceux qui ne feront pas grève, car leur situation financière ne leur permet pas. Car la précarité de leur emploi ne leur permet pas. Manifester ce n'est pas un congé, c'est une nécessité. Je suis persuadée que beaucoup d'entre-vous seraient également dans la rue si votre emploi était à ce point menacé. À juste titre.
Et vous savez quoi ? Le corps enseignant vous comprendrait, plutôt que de vous dénigrer. Car aucune autre profession ne se fait marcher dessus à ce point par les autres. Allez, les politiciens peut-être, mais avec le salaire et les avantages qui vont avec. Et c'est rigolo, ce n'est jamais leurs acquis auxquels on vient toucher, tiens.
𝗖𝗿𝗼𝘆𝗲𝘇-𝗹𝗲𝘀 et faites preuve d'empathie. Ce métier se fait avec le cœur. Pour vos enfants. Ça devrait suffire pour le soutenir, non ? 🫶