15/06/2023
Conscient, préconscient, subconscient et inconscient ?
Le conscient est tourné vers le monde extérieur Il se concrétise par les cinq sens : la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat, la capacité d’analyser, de réfléchir, nos sensations, nos peurs, nos sensations et notre perception subjective de la réalité. Il peut exécuter cinq tâches en même temps. C’est notre « cerveau gauche » qui se charge de traduire toute perception de la réalité en représentations logiques et rationnalise nos perceptions sensorielles. Il prend en charge tout ce qui est logique, analytique, rationnel, verbal. Il est utilisé pour tout ce qui demande réflexion et pour accomplir toutes nos tâches quotidiennes avec conscience de ce que vous dites et faites.
Certains identifient le subconscient, « sub » car derrière la conscience, c’est un peu un « second conscient ». Il engloberait tout ce qui est acquis et emmagasinerait l’intuition, les souvenirs, les peurs, les phobies, les traumatismes, toutes sortes d’émotions dont nous restons conscients. C’est la partie de notre cerveau qui engloberait toute ce qui est inconscient spontané et non verbal. Nous l’utilisons sans nous en rendre compte. Mais elle est, selon moi, progressivement intégrée à l’inconscient et n’est qu’une étape vers celle-ci la rejoignant, à plus ou moins à terme, c’est-à-dire de manière lente ou rapide.
L’inconscient, siège du pulsionnel et de l’instinctif, englobe tout ce qui n’est pas conscient et relève des automatismes, englobe tous les apprentissages, les savoirs, les compétences, les souvenirs, c’est l’enfant intérieur et dont le mode de fonctionnement est simpliste, attaché aux croyances limitantes ou aidantes, contenus innés, refoulements, automatismes créés le plus souvent dans l’enfance (couleurs, formes, sensibilité, gouts, éversions, développent du ou des principaux canaux sensoriels, etc.). Il vous envoie un message ou une sensation comme, par exemple, une boule au ventre ou à la gorge, une migraine, quand vous n’êtes pas bien. C’est bien que l’inconscient qui guide et influence constamment nos comportements conscients et nous fait penser et agir de telle ou telle façon. C’est notre « cerveau droit » qui est capable d’identifier à partir d’éléments complexes un élément qu’il synthétise à partir de l’imagination, de la créativité et de l’intelligence émotionnelle. Il ne raisonne pas. Ce sont les voies de l’impénétrable dont seule une approche thérapeutique peut aider à lever le voile à partir d’une verbalisation consciente, voire en régression hypnotique.
Alors que le conscient est « fermé » quand on dort, l’inconscient, travailleur acharné continue de fonctionner lorsque vous dormez, il est en permanence activé. Il représente ainsi 80 % de l’activité cérébrale contre 20 % pour le conscient et il dicte ce dernier nombre de comportements positifs ou négatifs ou d’habitudes bonnes ou mauvaises. Il nous fait vivre les rêves ou les cauchemars et fait commettre lapsus et actes manqués. C’est l’outil d’une « déréalisation » de la conscience et celui des pulsions.
Lorsque les psychologues essaient de comprendre comment fonctionne notre esprit, ils parviennent souvent à une conclusion surprenante : nous prenons souvent des décisions sans y avoir réfléchi nous sommes traversés par des pulsions de désir, de plaisir, de méprise, d’aversion, etc., et, donc, sans y avoir réfléchi consciemment. Pourquoi sommes-nous attirés par tel homme ou telle femme ? Pourquoi nous ressentons de l’aversion pour une personne que nous ne connaissons pas ?
Les neurosciences révèlent aujourd'hui le réel pouvoir de l'inconscient. Le "Je pense donc je suis", disait Descartes, faisant ainsi faussement prédominer le conscient en ignorant la puissance de l’inconscient, alors que force est de constater que la majorité de nos actions sont inconscientes, ou plutôt non conscientes. Du coup, l'inconscient revêt une importance dans nos comportements que l'on ne soupçonnait pas forcement à l’époque. Bien plus qu'un simple appui à la conscience, il aurait une part prépondérante dans tous les processus cognitifs : la grande majorité de nos opérations mentales sont donc inconscientes.
Quant au préconscient ce serait le mental entre l'inconscient et le conscient. Le préconscient serait, avec l'inconscient et le conscient, l'un des systèmes psychiques. Comme adjectif, un contenu préconscient désigne une représentation accessible au conscient. Le préconscient est rattaché à la conscience et suit des règles similaires. La mémoire connaît donc le temps et peut lier « mots » et « choses », à la différence du système inconscient. Mais le conscient communiquerait avec l’inconscient par le préconscient. Les contenus du préconscient resteraient accessibles à la conscience en subissant des transformations progressives pour imprégner l’inconscient, tout en restant accessibles à la conscience. Elle serait le « pont » entre les conscient et l’inconscient. Mais le préconscient deviendrait inconscient avec le temps et l’intensité de la mémoire.
J’avoue ne pas être certain de comprendre ce qui différence vraiment le subconscient et le préconscient qui, tous, deux finissent par rejoindre plus ou moins rapidement l’inconscient.
Pour faire bref, je ne différencie vraiment que le conscient et l’inconscient même si le subconscient et le préconscient constituent des étapes intermédiaires du conscient à l’inconscient.
L’inconscient en psychanalyse
Cette distinction a d’ailleurs fait débat en philosophie et en psychanalyse. Freud notamment réfuta le terme « subconscient » car il est selon lui inclut dans le terme inconscient avec le temps. Jung, son élève pour un temps du moins, utilisait subconscient et inconscient indifféremment. Freud et Jung ne différenciaient que le conscient et l’inconscient, l’inconscient échappant complètement au conscient et constitue une réalité vécue qui refuse de se dévoiler à la suite d’un évènement vécu, un traumatisme par exemple. Totalement détachée du conscient, elle peut aussi conduire aux pires méfaits, dissociation, notamment pour ceux atteints d’une maladie de la réalité et mues par des obsessions inconscientes qui n’ont plus prises avec celle-ci ou des pathologies comme la schizophrénie. On dit bien que tel ou tel est « inconscient » quand il n’a pas de « conscience » mais aussi parce qu’il n’agit que par « inconscience ».
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur la travail de l’inconscient en psychanalyse.
L’inconscient en philosophie
Un temps considéré comme précurseur de la psychanalyse, Schopenhauer, philosophe fin 18ème/ début 19ème, semble avoir ouvert la voie de l’inconscient freudien un siècle avant Freud, ainsi qu’à la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung. De l’aveu propre de Sigmund Freud (1856-1939), on sait que l’influence schopenhauerienne aurait joué une part importante dans l’histoire de la psychanalyse, sauf que chez Schopenhauer, les processus mentaux, le fonctionnement de l’inconscient, ne tirent pas leur origine uniquement du paradigme sexuel sur lequel Freud s’est sans cesse focalisé, mais par la volonté (consciente ou inconsciente) et une conception psychosomatique.
Quoiqu’il en soit, l’inconscient est la partie la plus active du cerveau humain, celle qui détermine nos comportements. Comme le disait Jung, « la croissance de la personnalité se fait à partir de l'inconscient » et Alain d’ajouter : « L’inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps ».
L’inconscient dans le bouddhisme
Dans le bouddhisme et l’hindouisme, qui ont influencé Schopenhauer, puis Nietzsche, les pratiques méditatives en « pleine conscience », dans le temps présent, très à la mode aujourd’hui en Occident, ont pour but de se dégager de ce qu’on appelle les saṃskāra, en sanskrit, appelées « Samsara », qui sont constituent des confusions mentales conscientes, mais le plus souvent inconscientes, bâties par le désir et la répulsion, verrouillés par l’ignorance et les souvenirs désagréables qui empêchent de s’approcher du Nirvana, c’est-à-dire d’un état de bonheur inaccessible à ceux qui ne s’éloignent suffisamment de leur état de souffrance passée et même présente. Ces Samsaras viennent, bien sûr, de l’enfance, et là-dessus, tous les psychologues et tous les psychanalystes seront d’accord, sauf le plus souvent, pour l’existence de vies antérieures, réfutation que l’on peut discuter.
Inconscient et Hypnose Thérapeutique
La plupart du temps, tout ce potentiel que représente l’inconscient reste inaccessible, inopérant, comme à l’état latent. L’état d’hypnose va permettre d’accéder à ce large réservoir de capacités sous-utilisées, voire complètement oubliées. Et de les activer dans le sens que nous souhaitons.
L’hypnose thérapeutique, thérapie brève, en particulier celle revisitée par Milton Erickson, dans les années 70, est, en effet, l’un des meilleurs moyens pour accéder à l’inconscient car elle permet d’orienter le conscient vers des comportements souhaités pour améliorer son bien-être et sa vie au quotidien (lâcher prise, estime de soi, dépression, deuil, séparation, anxiété, arrêt du tabac, surpoids, traumatismes et tant d’autres problématiques).
D’ailleurs Freud, lui-même, a débuté sa carrière à Vienne comme hypnothérapeute avant de s’orienter vers la psychanalyse.
D’une certaine manière, l’inconscient, ultra puissant, connaît déjà la solution d’un problème que nous ne parvenons pas à résoudre consciemment et l’hypnose thérapeutique permet à la personne de mobiliser les ressources de son inconscient pour l’aider à mieux définir et atteindre son objectif, car, le plus souvent, la solution est dans le problème.
Milton Erikson disait :
« Il vous faut garder à l'esprit que l'inconscient prend certaines positions vis-à-vis de la personnalité entière ; vous devez compter avec cela et vous devez réaliser que votre but, en vous servant de l'hypnose, n'est pas de faire de la magie. Votre but, en vous servant de l'hypnose, est de communiquer des idées et des compréhensions ainsi que d'amener le patient à utiliser les compétences qui existent en lui à la fois au niveau psychologique et au niveau physiologique ».
Pascal Marcilly