30/10/2025
Aujourd'hui, j'ai envie de vous raconter l'histoire de Odile qui est venue me voir pour la problématique suivante : elle chante dans les chorales depuis toujours et, depuis qu'elle s'est blessée en chutant, elle n'arrive plus à chanter.
Voici donc le point de départ de cette consultation. Un problème de chant.
Odile est née en 1946, dans un petit village de Normandie. Elle n'a pas beaucoup de souvenirs de son enfance, si ce n'est qu'elle est sûre d'une chose : sa mère ne l'a jamais aimée, et ne s'en est jamais caché.
Avant d'être à la retraite, Odile était institutrice. Très croyante, elle était également très impliquée dans plusieurs associations et œuvrait bénévolement pour aider son prochain (passer du temps avec des personnes handicapées, apprendre à lire aux personnes défavorisées, etc...). Chose qu'elle continue à faire aujourd'hui. Une vie remplie de bienveillance et tournée vers les autres.
Après avoir posé l'objectif et le contexte, vient le moment de la récession d'âge. D'où vient cette impossibilité soudaine de chanter ? Qu'est ce que cette chute est venue réveiller dans la mémoire cellulaire de Odile ?
Nous plongeons en mémoire cellulaire embryonnaire, plus précisément à quatre semaines de grossesse. Évidemment, Odile n'a pas de souvenirs, en tout cas pas dans sa tête. Je la questionne donc sur le contexte autour de sa conception. Odile m'annonce qu'elle est le fruit du viol de sa maman par un soldat allemand. Celle-ci s'est aperçu de la grossesse un mois après le drame (soit précisément au stade embryonnaire où nous nous sommes arrêtées). Autant vous dire que Odile n'était pas vraiment attendue...
Odile me dit alors "Et oui... Je n'aurais pas dû exister".
Comme les souvenirs de notre vie embryonnaire ne nous sont pas accessibles consciemment, je propose à Odile de poursuivre à l'aide de l'olfactothérapie (la thérapie par les odeurs).
L'intérêt de cette technique est sa faculté à atteindre le système limbique et à apaiser les émotions négatives associées à un souvenir, qu'il soit accessible au conscient ou non. (Merci d'ailleurs du fond du cœur à Brigitte Gosselin-üzer de m'avoir enseigné cette fabuleuse technique dont les résultats sont incroyables).
Je dépose donc sur une languette quelques gouttes du quantique olfactif défini par le test musculaire et le tends à Odile qui le porte à son nez. Au bout de quelques secondes, Odile me dit "c'est très étrange, je ressens des fourmillements dans les bras et dans les jambes".
Je demande donc à Odile "c'est quoi les fourmillements ? À quel moment ça nous arrive ?".
Elle me répond : "quand on n'a pas bougé depuis longtemps et qu'on se remet en mouvement".
Je comprends, à ce moment précis, dans son regard, que tout devient clair... Les fourmillements... C'est le mouvement, c'est la vie. Si je bouge, alors je suis vivant.
J'explique à Odile que, bien que nous n'ayons pas utilisé de machine à remonter le temps, nous sommes bel et bien en train d'apaiser un souvenir présent dans sa mémoire cellulaire depuis... plus de 78 ans !
Prenons conscience que l'objectif de chaque être, de chaque cellule, de chaque organisme vivant est le même : survivre.
Lorsque nous nous sentons en danger, nous avons trois possibilités de réagir : lutter, fuir, ou passer en état d'inhibition (réduire voire stopper le mouvement. Tel un opossum qui tenterait de ne pas se faire repérer par un prédateur).
La seule réaction possible pour l'embryon est l'état d'inhibition (il ne peut ni lutter, ni fuir). Il va alors activer ce que nous appelons : le réflexe de paralysie par la peur. Si je ne bouge pas, si je ne prends pas trop de place, alors j'ai une chance de m'en sortir...
Rappelons que la découverte de l'existence de Odile a été vécue comme une véritable catastrophe pour sa mère. Ce qui est tout à fait entendable étant donné le contexte de sa conception...
Seulement voilà... Dès cet instant, la mémoire cellulaire de Odile a enregistré l'information suivante : si tu veux survivre, ne prends pas trop de place, ne te fais pas remarquer.
À ce moment là, Odile ajoute qu'elle a été suivie longuement par des médecins durant son enfance pour... Un gros re**rd de croissance.
Grandir, c'est prendre plus de place et le risque d'être vue...
Mais alors ? Comment me faire une place dans ce monde si je n'ai pas le droit d'exister ? Comment me faire accepter ? Comment me faire aimer tout de même ? Puisque, rappelez-vous, il faut bien survivre...
Alors Odile a vécu à travers les yeux des autres. Elle a vécu en tachant de se rendre indispensable pour légitimer son droit à être là. De par son travail (institutrice), de par ses actions de bénévole, de par son altruisme et son besoin d'être utile.
Le contexte autour de la chute d'Odile ? Elle donnait le bras à une personne malvoyante pour l'aider à marcher. Malheureusement cette personne a chuté quand même, entraînant Odile avec elle.
À ce moment là, Odile n'a pas su être utile. Elle n'a pas su répondre au besoin de cette personne. Et, pour ça, elle ne pourra plus chanter. Parce que chanter c'est prendre sa place, c'est se faire entendre, c'est montrer qu'on est là, c'est montrer qu'on existe...
La chute n'est que l'élément déclencheur de ce que nous appelons un "effet de résonnance" en lien avec des blessures et des peurs bien plus anciennes. Odile en a pris conscience aujourd'hui.
Et oui, Odile... Ces fourmillements ne sont rien d'autre que le signe que votre corps s'autorise enfin à bouger. À sortir de son état d'inhibition. À exister, tout simplement. Ou plutôt : à vivre, enfin !
Odile a pleuré pendant cette consultation. Elle a aussi pris conscience de beaucoup de choses. Mais, surtout... Odile est rentrée chez elle avec une furieuse envie de vivre et... de chanter 😊