08/11/2022
🐦🐦🐦« Ah les amis ! Les potes ou les followers ? Vous faites erreur vous avez juste la cote ! » Stromae🐦🐦🐦
Eh ben dis-donc, il s'en passe du grabuge sur Twitter! Une fois la moitié de son effectif licenciée (dont une bonne partie de l'équipe de modération, entre autre toute l'équipe qui avait repéré que l'algorithme mettait en avant les tweets conservateurs par rapport aux autres), les dangers d'une absence de modération se font sentir, avec à la clé une montée exponentielle de la haine en ligne.
Les réseaux du web, qu'ils soient sociaux ou informatifs, ont régulièrement brillé par leur violence impunément impulsive, nous laissant désarmés face à l'apparente inhumanité de nos semblables. Parmi les métiers que personne n'envisagerait de faire tant ils font froid dans le dos, on compte les modérateurs de vidéos, répartis à la surface du globe et payés une misère pour voir le pire qu'il est possible en regarder en matière de contenu. Dans une autre forme, le cyber harcèlement devient une préoccupation majeure des cours d'école (le nombre de su***des liés au cyber harcèlement ayant explosé chez les adolescents) , bien que dans l'ensemble tous les utilisateurs soient concernés.
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Le cyber harcèlement est une caisse de résonnance créant des traumatismes. Les débuts du virtuel et des écrans ont créé des situations chaotiques, avec des mises en défi identitaires des images de l'un par rapport à l'autre. Avec sa course aux likes, Les réseaux sociaux sont devenus un outil d'installation du prestige social. Le fait qu'il y ait des spectateurs (ces petites réactions en bas des commentaires, « like », « haha », « grr ») fige les rôles, à plus forte raison car le virtuel gonfle substantiellement le nombre de harceleurs potentiels (tous les lecteurs ne laissent pas de réaction mais n’en sont pas moins présents).
Toutes les personnes sont impliquées dans le cyber harcèlement, précisément à cause de cet effet spectateur. Se moquer implique d'inhiber, neutraliser temporairement ses neurones miroirs. Dans le cadre du cyber harcèlement, les situations de su***de qui en découlent en milieu scolaire sont tellement insoutenables que les neurones miroirs des parties prenantes du cyber harcèlement restent désactivés pour arriver à vivre avec (c’est là qu’on entend avec un détachement glaçant :"c'était un·e con·ne", "iel a bien fait de le faire").
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Le cyber harcèlement concerne toutes les tranches d'âge. Il suffit de publier un article pour être fustigé de tous les jugements. Un commentaire assassin isolé peut encore passer, en revanche le dogpiling (nombre de likes en dessous du commentaire) met en état de sidération à cause de son effet tribal.
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"une nouvelle technologie quelle qu'elle soit est une roue à deux faces : l'une fait avancer les choses, l'autre broie les gens".
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La violence numérique est encore invisible bien que paradoxalement omniprésente, et pour que la parole se libère elle ne doit pas être sous-estimée.
Pour autant, l’humanité est-elle condamnée, pervertie de cruauté par des écrans diaboliques ? Parfois lire les commentaires sous certains articles nous désillusionne, dépriment et désespèrent sur la condition humaine et son absence d’empathie, à tel point que les sections commentaires ressemblent à ces combats de cave sordides au milieu de parieurs sans foi ni loi.
Cependant diaboliser les écrans et leurs utilisateur·ices est contre-productif.
D’abord parce que si l’usage de nos écrans donne l’apparence d’un repli sur soi, il s’agit au contraire en réalité d’une vaste zone d’exploration sur le plan virtuel. C’est un vecteur de sociabilité et d’activités, on peut parler d’addiction pour quelque chose de très ciblé (comme un jeu vidéo en particulier), mais pas pour « les écrans » en général, car ils présentent une multitude d’interfaces. Sur le plan des jeux en ligne, le contenu de certains jeux vidéo est très intéressant : Fortnite stimule l’intelligence topographique, Call of Duty l’intelligence stratégique. Le contenu de ce qu’un joueur explore au travers de son jeu apporte énormément de culture sur des plans insoupçonnés (culture historique avec les jeux Paradoxe par exemple).
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Ensuite, et j’ose espérer que vous avez aussi pu en faire l’expérience, lorsque les réseaux sociaux sont utilisés à leur plein potentiel, il amène à des résultats inespérés.
J’ai vu grâce aux réseaux sociaux des personnes prendre le relais pour rester à l’écoute d’un individu en détresse et au bord du su***de.
Des personnes soutenir et apporter du réconfort à de parfaits inconnus qui se sont sentis mal parce qu’on les avait jugées sur leur apparence, ou parce qu’iels ont vécu une rupture, ou la mort d’un proche, humain ou animal.
J’ai vu des personnes boire la tasse financièrement, se retrouvant au pied du mur à cause d’une facture vétérinaire importante ou abattues de honte de ne pas avoir les moyens d’offrir des goûters ou des jouets à Noël à leurs enfants, et d’autres en face de lever une mobilisation matérielle pour leur venir en aide à en donner les larmes aux yeux.
J’ai vu des gens en fuite d’un climat violent chez eux trouver un canapé chez des personnes connues seulement virtuellement, simplement parce qu’iels fréquentaient le même groupe Facebook.
J’ai vu des groupes d’entraide à part entière portés sur l’administratif pour aider des personnes précaires et/ou en difficulté à faire reconnaître leurs droits.
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Nous sommes sociaux, nous le sommes résolument. Je n’ai jamais réussi à me faire à l’oiseau bleu de twitter (je n’ai jamais bien compris l’interface), mais je voue un amour infini aux perroquets et s’il y a une chose que nous avons en commun, c’est d’avoir évolué comme nous l’avons fait grâce à notre sociabilité, en prenant soin de nos vieux, faibles, malades, handicapés (si si, certains perroquets le font aussi, les cacatoès pour ne pas les citer !)
Les cyber harceleurs ne sont pas les vainqueurs de notre société, contrairement à ce que les réseaux sociaux voudraient nous faire croire. Avoir ses neurones miroirs et son intelligence émotionnelle désactivés créent un mécanisme socialement désapprouvé menant à un avenir incertain sur le plan professionnel et personnel.
Nous pouvons être fiers d’être empathiques, et nous pouvons, à notre échelle, lutter contre l’usage asocial des réseaux sociaux et leur donner la tournure qu’on voudrait leur voir prendre.
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Sources : "Pour en finir avec le harcèlement : à l'école, au travail, sur le net" Bruno Humbeeck
+ quelques ressources pour enrichir son vocabulaire autour du cyber harcèlement et s’en défendre : https://onlineharassmentfieldmanual.pen.org/fr/glossaire-du-cyberharcelement/