15/10/2019
Bonjour,
Il y a quelques semaines, on m’a demandé d’aborder le sujet du périnée et plus particulièrement de l’influence de la course à pied sur son bon fonctionnement.
Tout d’abord, commençons par bien comprendre ce qu’est le périnée et les rôles qu’il remplit.
➡️ Le périnée, ou plancher pelvien, est constitué d’un ensemble de muscles, de ligaments et de fascias qui « tapissent » le bas ventre. Le plancher pelvien assure ainsi plusieurs rôles : il permet d’assurer la continence urinaire et fécale, de maintenir efficacement les viscères et il joue également un rôle important dans la stabilité du tronc.
✅ Ainsi, quand il fonctionne correctement et qu’il est soumis à une augmentation de la pression intra-abdominale (par exemple lors de la toux ou d’impacts comme en course à pied), les muscles du périnée se contractent de manière réflexe entrainant ainsi un mouvement vers le haut de tout le plancher pelvien, refermant les sphincters.
❎ Quand le périnée ne fonctionne pas correctement, cela peut donner lieu à de l’incontinence urinaire voire fécale dans les cas les plus grave.
On distingue plusieurs types d’incontinence urinaire :
- L’incontinence urinaire de stress (ou d’effort) qui se caractérise par une perte involontaire d’une petite quantité d’urine lors de la toux ou du port d’une charge lourde par exemple ;
- L’urgenturie, plus rare, qui se caractérise par une envie impérieuse d’uriner et qui se traduit par une plus grande perte d’urine.
⚠️ L’incontinence est fréquente (entre 10 à 40% des femmes sont concernées) et est due à différents facteurs de risques qui peuvent rendre le plancher pelvien moins efficace :
- Ménopause (modification hormonale du tonus musculaire et ligamentaire)
- Vieillissement (perte de tonus musculaire)
- Obésité (contrainte plus importante sur le plancher pelvien)
- Chirurgie pelvienne (fragilisation des tissus)
- Grossesse (modification hormonale du tonus musculaire et ligamentaire, contrainte plus importante sur le plancher pelvien, augmentation de la lordose lombaire avec projection du centre de gravité vers l’avant)
- Grossesses antérieures
➡️ Ainsi, en course à pied (mais aussi dans d’autres sports comme le trampoline ou la gymnastique ou encore l’équitation,…), lors de chaque impact, si le plancher pelvien n’est pas suffisamment efficace, les symptômes peuvent survenir. Il est à noter qu’il n’y a pas plus d’incontinence chez les athlètes récréatives que chez les femmes sédentaires. On ne peut donc pas identifier la course à pied (au niveau amateur) comme un facteur de risque d’incontinence mais plutôt comme une situation dans laquelle le déficit du périnée se manifeste.
➡️ Chez les athlètes de haut niveau, la proportion de femmes souffrant d’incontinence est multipliée par deux par rapport à la population sédentaire. Cependant, le mécanisme expliquant l’incontinence chez les athlètes de haut niveau semble être différent que dans la population générale. En effet, la grande majorité des athlètes de haut niveau ne présente aucun des facteurs de risques précités. On pourrait penser, dans leur cas, que l’incontinence s’explique par une « usure » du plancher pelvien soumis à de trop nombreux impacts. Mais plusieurs éléments semblent indiquer que ce n’est pas le cas : d’une part, une fois leur carrière terminée, on ne constate pas plus de cas d’incontinence que chez les sédentaires ou les athlètes récréatives au même âge (ce qui indique que le plancher pelvien n’a pas été « abîmé » à proprement parler) ; d’autre part, il a été montré que le tonus périnéal était normal chez les athlètes de haut niveau souffrant d’incontinence (leur plancher pelvien n’est donc pas « trop faible »). L’hypothèse, dans leur cas, est que les impacts répétés, ralentiraient la contraction réflexe du périnée qui surviendrait donc avec un temps de re**rd pour pouvoir refermer efficacement les sphincters.
NB : l’incontinence peut aussi être le symptôme d’une atteinte médullaire (syndrome de la queue de cheval, lésion de la moelle épinière, sclérose en plaques,…) qui nécessite dans ce cas un diagnostic et une prise en charge médicale spécifique.
🔜 Dans le prochain article (qui arrivera fin de semaine), on verra les solutions qui existent pour régler/gérer l’incontinence urinaire.
Références :
📗Anatomy and physiology of the pelvic floor. SM Eickmeyer. Phys Med Rehabil Clin N Am. 2017 Aug ; 28(3) :455-460.
📗Pelvic Floor dysfunction in female athletes. TR Rebullido, I Chulvi-Medrano, A Faigenbaum et al. Strength & Conditionning Journal. 2018 November 16, Volume Publish Ahead of Print
📗Urinary incontinence in female athletes : a systematic review. TR de Mattos Lourenco, PK Matsuoka, EC Baracat et al. Int Urogynecol J. 2018 Dec ; 29(12) :1757-1763.
📗Gynécologie du sport. Risques et bénéfiecs de l’activité sportive chez la femme. Partie VI : Incontinence chez la femme sportive (358-81) Thierry Adam. Editions Springer, 2012.
📗Clinical sports medicine. Volume 2, The Medicine of exercise. Female-specific considerations : anatomy, physiology, injuries and performance (with GL. Stone, M. Mountjoy, KE. Ackerman) ; Pelvic floor complications (405-6). 5th Edition (2019). Peter Brukner et Karim Khan.