06/06/2025
Un Japon entre science et croyance
À l’époque Edo, la médecine japonaise repose principalement sur :
- Le Kampō (médecine d’origine chinoise adaptée au Japon),Le diagnostic par le Hara
- La médecine populaire : incantations, amulettes, herbes, gestes. Des savoirs oraux souvent transmis par les guérisseurs locaux
Or, ces médecines cohabitent avec un monde invisible plein d’esprits, de forces naturelles, de karma et de yōkai.
Le rôle des yōkai dans l’explication des maladies
À Edo, de nombreuses maladies ou symptômes inexpliqués étaient interprétés comme :
- des possessions ou influences de yōkai
- des perturbations de l’énergie du lieu ou du corps
- des manifestations karmiques
Par exemple : Une paralysie nocturne → attaque d’un yōkai appelé kanashibari (étranglement nocturne) .
Une fièvre soudaine → mauvais esprit ou kitsune-tsuki (possession par un renard)
Des douleurs errantes → "mauvais vents", parfois matérialisés par des esprits
Cela complétait le modèle médical Kampō, qui parlait de déséquilibres des énergies, des souffles (ki), des humeurs (fluides) mais sans exclure la dimension spirituelle.
Lien avec les pratiques corporelles : Shiatsu, Ampuku
Dans la tradition populaire : Le toucher était perçu comme une action non seulement physique mais énergétique : il pouvait chasser ou calmer des entités invisibles.
Le hara, centre vital, était vu comme un lieu où des forces pouvaient s’installer (mauvais esprits, nœuds émotionnels, "yōkai internes").
Quand un praticien d’Ampuku touchait un ventre dur, gonflé, vibrant, il ne pensait pas uniquement à des muscles ou des organes, mais à un déséquilibre global pouvant impliquer : un yōkai émotionnel (colère refoulée = oni interne), une mémoire karmique, une influence externe (lieu "chargé", mauvais jour).
Ainsi, la gestuelle du massage pouvait être perçue comme un moyen de "purifier", "ouvrir", "faire circuler" — pas seulement en termes biomécaniques mais en termes symboliques et spirituels.
La médecine pendant la période Edo comme système hybride.
À Edo, la frontière entre médecine savante et croyances populaires était floue. Les médecins Kampō eux-mêmes prescrivaient des plantes, faisaient des talismans protecteurs et recommandaient des rituels pour chasser les influences de yōkai. Le corps était vu comme un lieu de circulation du ki, un réceptacle d’influences extérieures (climats, esprits, karma),un miroir des émotions, qui pouvaient elles-mêmes "inviter" certains yōkai internes.
Les yōkai ne sont pas des entités "hors" du système médical Edo, mais plutôt des symboles culturels permettant de penser l’invisible, des personnifications de troubles inexpliqués, des éléments intégrés dans une vision holistique du corps.
Le shiatsu, l’Ampuku étaient en phase avec cela car ils traitent le ki (souffle vital) et ils agissent sur le hara (centre de l’être) et ils travaillent le rapport au non-dit, au non-visible.
Ampuku & Shiatsu EqiLibre Kaltenhouse et Pfaffenhoffen
Livre. Ampuku diagnostic du hara. Kokoro la voie du Hara shiatsu EqiLibre
Photo : estampes Hokusai