10/11/2025
Hier, après une heure d’écriture, mon poignet s’est mis à brûler.
Je l’ai fait tourner, doucement, pour le détendre, ce petit mouvement qu’on fait sans y penser.
Dans mon cabinet, beaucoup se plaignent de la même douleur : celle d’un geste qu’on a désappris. On n’écrit plus à la main et quand on s’y remet, le corps proteste.
Beaucoup ont du mal à se relire, comme confronté à une écriture qu'il ne reconnaisse plus.
L'écriture manuscrite fait moins partie de nos vies.
J’ai grandi dans une maison où l’on se laissait des mots sur la table de la cuisine.
Des papiers froissés, des “je t’ai laissé du café”, des “pense au pain”.
C’étaient nos pigeons voyageurs, nos SMS avant l’heure.
Des bouts d’amour écrits à la hâte mais qui tenaient la journée debout.
Écrire à la main, c’est un geste vivant, incarné, qui engage tout le corps.
Ce geste ralentit la pensée , remet du temps dans nos vies pressées, accepte les ratures, l’imperfection et la lenteur.
Il est un acte de présence à soi et aux autres rare et précieux.
J'aime voir quelqu'un écrire à la main, mais je remarque, assise au café, qu'autour de moi, personne n'a de stylo à la main.
Je nous souhaite de retrouver ce plaisir simple : celui de choisir un stylo, de sentir la fatigue du poignet, d’envoyer des lettres qui font battre le cœur, et de remplir nos carnets sans chercher à “bien écrire”.
Parce qu’écrire à la main, c’est habiter sa pensée au lieu de la produire.
👉 Écrire chaque jour – La méthode RÉCIT
(p. 76, Chapitre 2)