15/09/2025
C’est la rentrée! Celle des classes et celle des quotidiens qui reprennent leurs droits et leurs attentes. Le travail, les enfants, les virus et le regret de ne plus pouvoir se baigner dans la Seine…
Rassurons nous, le monde en folie qui est le nôtre nous propose un nouveau « pansement émotionnel » pour répondre à la brutalité ambiante! La tétine! Oui vous avez bien lu « la tétine ». De fins psychologues, qui sans doute ne parlent que d’eux-mêmes, viennent de relayer cette nouvelle tendance « tik tok » qui nous vient de Chine: des adultes de plus en plus en plus nombreux, reviennent à la tétine, la « tototte » comme on dit. Au point que des « tétines pour adultes » sont aujourd’hui en vente sur Amazon!
Je n’y crois pas! Et pourtant si. Et certaines de ces psychologues de nous expliquer que le principe de succion est très important pour se calmer et calmer par exemple les tout-petits. Et de ce fait, selon elles, il ne peut qu’être profitable à tout ceux qui ont besoin de se détendre, de panser des tensions ou des blessures émotionnelles…
Je ne sais pas si les âmes de nos parents défunts perçoivent ce qui se passe dans notre monde, mais si c’est le cas, je crois comprendre ce gigantesque éclat de rire qu’il m’a semblé entendre à la lecture de cette info. Eux pour qui l’abandon de la tétine était un signe de croissance de l’enfant, un des premiers passages de la petite enfance vers l’autonomie et la capacité à « faire face ». Eux pour qui ce qui fait un adulte, c’est sa capacité à accepter le prix des choix et à dépasser ses frustrations pour les transformer en actions.
Nous avons vécu, sans vraiment les identifier, les phases qui ont annoncé, petit à petit, cette régression comportementale, comme une sorte d’involution fœtale, de retour vers ce stade oro-anal de la petite enfance définis par Freud. Je parle de tous ces comportements qui ont traduit l’émergence d’un phénomène régressif de maturité. Je parle ici de ces « adultes » qui depuis longtemps sucent leur pouce dès qu’ils sont en stress, qui ne peuvent partir en voyage voire aller simplement au bureau sans leur « doudou », qui se gavent de sucre, qui ne boivent plus dans un verre mais sucent une gourde ayant un « bouchon-tétine » ou se déplacent en trotinette.
Mon propos ici n’est pas de juger ces comportements qui conduisent aujourd’hui à la tétine. Il est de s’interroger sur le pourquoi de tout cela. Pourquoi notre monde conduit-il des individus à rechercher dans le « retour matriciel » une sécurité qui leur manque. Pourquoi conduit-il à cette désespérance que nous évoquons souvent? De quoi avons-nous tant peur? De la mort, de la vie, de souffrir? Ou de prendre conscience qu’à force d’avoir voulu être pris en charge, nous avons abdiqué de nous même, de notre essence vitale qui nous donnait l’envie d’être droits, vivants et combattifs. C’est peut-être là que se situe l’explication possible de notre fuite vers les jeux de rôle, les jeux vidéos et la virtualisation galopante, la fabrication de pseudos, etc. Et que dire de l’I.A. qui nous promet de tout faire pour nous ou à notre place?
Toutes ces stratégies sont vides de ces ressentis si nécessaires pour la perception de notre propre réalité physique. Alors on va chercher des sensations. Le sucre, la violence faite au corps ou le retour aux sensations de cette époque de notre vie où nous étions si bien, si doucement protégés, deviennent des pseudos réponses à notre désarroi.
