06/06/2024
đAujourdâhui jâai envie de vous parler de cette demande en rdv:
«jâai besoin de me sentir sereine pour vivre une infiltration du dos».
Peur... Peur du milieu hospitalier, de vieux souvenirs rĂ©currents, peur de ce «numĂ©ro» que lâon devient Ă peine la porte passĂ©e, peur de cette impuissance et de cette toute puissance des mĂ©decins...
Le rdv est pris, les semaines sâĂ©grainent, les techniques de sophrologie prennent leur place dans le quotidien; respirations, dĂ©tente, visualisations....
Le jour J, elle se sent prĂȘte; ce nâest pas de la douleur dont elle a peur, elle a besoin de chaleur, besoin quâon lui parle, que lâon dĂ©dramatise cet instant. Elle sây rend seule. Ordonnance, carte vitale, documents, examens rĂ©cents, asseyez vous en salle dâattente... Elle sourit aux gens qui lâentourent, pour apaiser, donner de l humanitĂ© Ă ces regards qui se baissent. Elle sait que certains diagnostics se jouent dans cette salle au milieu des machines; la loterie de la vie. Les minutes, passent... BientĂŽt la voilĂ presque seule... Personne ne la prĂ©vient du re**rd. Plus dâune heure. Elle veut partir et puis, unE infirmiĂšre vient la chercher, elle est souriante, alors le sourire revient, la chaleur du cĆur. Se dĂ©shabiller, la voilĂ en culotte face aux machines, s'allonger sur une table froide, position inconfortable sur le ventre, jambe repliĂ©e. LâinfirmiĂšre la positionne, la machine bouge, les bruits se font de plus en plus oppressants, la respiration sur le ventre plus contractĂ©e... Le mĂ©decin est attendu... VoilĂ une demi heure quâelle attend sur cette table. Une porte sâouvre , elle entend que lâon discute, mais il dira si peu de mots. Il ne se prĂ©sentera pas, il est derriĂšre son dos, elle ne sait pas Ă quoi il ressemble, il ne sâadresse pas Ă elle. Elle sent quâil pose ses mains sur elle et sans prĂ©venir... Il pique, profondĂ©ment, le geste est mĂ©canique, prĂ©cis, sans mĂ©nagement, elle serre les poings de douleur et de rage. Comment lĂ maintenant lui exprimer quâelle aurait eu besoin dâhumanitĂ©, dâentendre le son de sa voix, juste « bonjour, je suis le Dr X, voilĂ ce que je vais faire et comment cela va se dĂ©rouler», envie de hurler de colĂšre et de douleur et puis elle accepte quâen cet instant elle ne peux rien contrĂŽler sur les actes de ce mĂ©decin mais quâelle peut avoir une action sur comment elle peut ressentir ce moment ... Son corps se dĂ©tend, elle inspire et souffle calmement, respiration triangle, elle se projette dans son lieu ressource et au milieu des machines, dans ce lieu froid, elle lĂąche, se relĂąche, elle nâest plus vraiment lĂ , autour dâelle un paysage de campagne, la douceur, la tiĂ©deur et lâodeur de l herbe sous son corps, les branches dâun tilleul bougent au dessus dâelle... Il nây a plus de douleur ni de colĂšre et quand les aiguilles se retirent, elle se retourne tranquillement et dit Ă ce mĂ©decin; «je voulais juste savoir Ă quoi ressemblait la personne qui sâest occupĂ© de moi», oui, mĂȘme en sous vĂȘtements, dans ce lieu impersonnel, croiser son regard, exprimer son humanitĂ©, interagir, ces basiques pourtant si simples et pourtant oubliĂ©s ce jour, câĂ©tait important pour elle.
Se rhabiller, payer, rĂ©cupĂ©rer ses documents et sortir... Sentir la chaleur du soleil sur son visage, respirer, pause.. Prendre conscience de cette chance dâĂȘtre soignĂ©e, de sortir de cet endroit, rĂ©cupĂ©rer le positif de ce moment.
Alors oui, pratiquer la sophrologie, se vit, se ressent, lĂ , Ă lâintĂ©rieur.
Câest commencer par de simples ressentis, parfois juste un ventre qui se soulĂšve dans une respiration qui se libĂšre et qui libĂšre petit Ă petit autre chose. A chacun son rythme, Ă chacun ses techniques, il nây a rien dâĂ©tabli, tout bouge, nous avons les capacitĂ©s en nous de nous transformer.