26/10/2025
"Nous inter-sommes."
Le terme « inter-être » — interbeing en anglais — a été formulé par notre maître Thích Nhất Hạnh et soeur Chan Duc pour exprimer l'interconnexion fondamentale de tous les phénomènes. Il a été introduit dans les années 1980 pour rendre accessibles des concepts bouddhistes profonds tels que l'interdépendance, l'absence de soi (anatta) et la vacuité (śūnyatā).
Ce mot exprime une vérité simple et profonde : rien n’existe séparément.
Il ne s’agit pas d’une idée philosophique, mais d’une réalité vivante, à toucher dans chaque instant de pleine conscience.
Quand tu respires, tu inter-es avec les arbres qui produisent l’oxygène.
Quand tu bois ton thé, tu inter-es avec le nuage, la pluie, la terre, le soleil, et les mains qui ont cueilli les feuilles.
Chaque regard, chaque souffle, chaque geste contient le monde entier.
Quand tu regardes une fleur, tu vois bien plus qu’une fleur.
Tu vois la pluie, la terre, le soleil, le jardinier, l’abeille, le nuage.
Sans eux, la fleur ne peut pas être.
“Regarde profondément, et tu verras que la fleur est faite d'éléments non-fleur.” Thich Nhat Hanh T̲h̲e̲ ̲h̲e̲a̲r̲t̲ ̲o̲f̲ ̲U̲n̲d̲e̲r̲s̲t̲a̲n̲d̲i̲n̲g̲ (1988)
De la même manière, tu es fait d'éléments non-toi — de ton père, de ta mère, des repas que tu as mangés, de l’air que tu respires, des sourires qu’on t’a donnés et de ceux que tu n’as pas encore offerts.
Quand tu inspires, l’arbre inspire avec toi.
Quand tu souffres, le monde souffre avec toi.
Et quand tu souris, le monde entier sourit aussi.
Rien n’existe séparément.
Nous sommes les gouttes d'eau formant à la fois la vague et l'océan.
Dire “Nous inter-sommes”,
c’est guérir la racine de la solitude et de la peur.
C’est reconnaître que la frontière entre toi et moi est aussi fine qu’un souffle,
et que dans cette reconnaissance, la compassion devient naturelle,
aussi naturelle que la lumière du matin.
Toi et moi, nous ne sommes pas deux.
Quand tu dis ‘je’, le mot contient déjà ‘nous’.
Comprendre cela, c’est toucher la paix véritable.