02/11/2025
Il est 18h00, j’arrive tranquillement sur la fin de mes consultations pour la journée. Je viens de quitter un patient et m’apprête à accueillir le suivant. Je sais que c’est un nouveau petit patient et un rapide coup d’oeil sur mon agenda m’indique qu’il a 16 mois, je n’en sais pas plus.
Je laisse entrer Tom porté par sa maman. Sa maman m’informe qu’ils viennent parce-que Tom ne marche pas encore. Je pose quelques questions afin de définir le contexte mais je pressens déjà les réponses. Bébé, Tom ne supportait pas la position ventrale, il a rapidement été mis assis, n’a pas rampé ni fait de quatre pattes. Aujourd’hui, il ne se met pas debout seul.
Ici, la vraie question est pourquoi Tom ne marche pas ? C’est mon boulot de le définir et de mettre en place le plan de rééducation adéquat. J’observe alors Tom, je lui propose des jeux pour mettre en évidence des compétences et mes soupçons se confirment, il ne se met pas debout parce qu’il n’a pas acquis les compétences qui le lui permettraient de le faire*.
J’explique à sa maman ce que j’observe et comment, avec le co-parent, ils peuvent aider leur enfant au quotidien. Au fil de notre échange, je vois des larmes qui commencent à couler le long de ses joues. J’accueille son émotion et insiste sur le fait qu’elle n’y est pour rien.
Mon objectif n’est évidemment pas de culpabiliser les parents mais qu’ils comprennent ce qu’il se passe et comment y remédier.
Ça n’arrive pas tous les jours mais trop souvent à mon goût. Ce n’est pas tellement qu’un parent pleure qui me dérange, la période périnatale est riche en émotion et il arrive que des parents, relâchent la pression de cette façon. C’est plutôt positif.
Ce qui me gêne plus c’est quand ça arrive alors que ça pourrait être évité, surtout en 2025 à l’ère de l’information.
C’est peut-être bien ça le problème d’ailleurs, l’information. Aujourd’hui très accessible mais aussi foisonnante et souvent contradictoire. Je le constate de plus en plus, en ce qui concerne la motricité de l’enfant en particulier et la parentalité en général, les parents sont de plus en plus perdus.
Pourquoi est-ce qu’on informe pas mieux les parents ? Pourquoi ne pas intégrer les kinés pédiatriques aux séances de préparation à la naissance pour parler de tout ça ?
Dans le cas des déformations crâniennes positionnelles (la “tête plate”), une étude a montré que 15 minutes d’informations aux parents à la maternité diminue de 50% les déformations crâniennes ! On parle ici de vraies infos, données par des professionnel.le.s formé.e.s. Il n’est pas difficile de faire la même chose en matière de motricité. Et si ça coince malgré tout, les parents sauraient quand et vers qui se tourner.
On en revient encore à la même chose, la prévention.
*Pour ne pas alourdir le texte, j’ai omis de préciser que je ne peux évidemment pas être certaine dès la première séance si c’est seulement son manque d’expériences motrices qui est à l’origine de son impossibilité. C’est au fil des séances qu’on pourra mettre en évidence s’il y a un autre problème sous-jacent.
́vention