05/07/2023
Aviez-vous connaissance de cette vulnérabilité ?
[Les petits garçons seraient-ils plus vulnérables au stress ?]
Ce vendredi 30 juin, j'ai animé une conférence sur l'impact des violences éducatives ordinaires (VEO) sur les enfants à l'université de droit de Bordeaux, entourée d'avocats, de juges et de magistrats (entre autres). J'y ai notamment évoqué la vulnérabilité des petits garçons face au stress... dès le début de la vie.
Dans la conférence suivante, Pascal Pillet, pédiatre, a indiqué ne pas être d'accord avec mon propos et a estimé qu'il n'y avait aucune différence entre les filles et les garçons sur ce point. Cet échange (inattendu) par conférence interposée m'a fait prendre conscience que cette notion - connue des chercheurs du domaine - n'était finalement peut-être pas bien connue sur le terrain. Je remercie donc Pascal Pillet pour sa remarque.
"Et si j'y consacrais un post pour informer les pros de terrain ?" me suis-je dit.
Que dit la recherche sur la vulnérabilité des garçons au stress ?
Dès 1995, Davis et al. soulignent que les garçons seraient plus sensibles que les filles aux facteurs de stress à la naissance, et que leur régulation de stress serait moins mature.
De leur côté, Beebe et al. (2012) mettent en évidence que les garçons sont surreprésentés dans les groupes d’enfants présentant un attachement désorganisé, probablement du fait qu’ils sont plus vulnérables aux expériences d’insécurité, ce qui les rend d’autant plus vulnérables à un risque de psychopathologie ultérieure.
Comment expliquer une telle vulnérabilité ?
Une piste explicative est avancée : le petit garçon aurait une maturation cérébrale du plus lente dès la grossesse du fait de l'exposition à la testostérone.
Taylor (1969) suggère en effet que la maturation cérébrale serait plus rapide chez les filles, tout comme le développement physique et psychologique, de sorte que les garçons seraient à risques pendant plus longtemps.
De son côté, Schore (2021) confirme que le cerveau masculin du fœtus et du nouveau-né en développement, en particulier ses circuits de régulation du stress, se développe à un rythme plus lent que le système limbique féminin. Ce chercheur indique même que « pour certaines pathologies mentales ou addictions, le sexe est plus prédictif que n’importe quel facteur car la spécificité masculine persiste, quelle que soit la culture » (Schore, 2017).
Conclusion : dès la vie intra-utérine, les petits garçons afficheraient donc bel et bien une vulnérabilité spécifique au stress.
PS 1 : cela ne signifie pas que les filles ne sont pas sensibles au stress mais qu'elles qu'elles y sont juste moins vulnérables.
PS 2 : de manière générale, le stress tend à induire chez la fille davantage de traits anxieux et/ ou dépressifs (on dit qu'il est internalisé) tandis que, chez le garçon, il induit davantage de risques de comportements d'agressivité (on dit qu'il est externalisé).
PS 3 : la sensibilité au stress d'un enfant ne dépend bien sûr pas que de son sexe mais aussi d'autres facteurs individuels, comme le tempérament.
PS 4 : les références et sources sont en commentaire 🙂