25/11/2025
𝗝𝗲 𝗿𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗰𝗲 𝗴𝗿𝗮𝗽𝗵𝗶𝗾𝘂𝗲… 𝗲𝘁 𝗷𝗲 𝘀𝗲𝗻𝘀 𝘀𝘂𝗿𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗰𝗲 𝗾𝘂’𝗶𝗹 𝗻𝗲 𝘃𝗼𝗶𝘁 𝗽𝗮𝘀.
Je tombe sur ces images.
On dirait une carte dessinée par quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds chez nous.
Je lis les mots.
Je sens l’écart.
Je sens surtout… ce qu’ils ne sentent pas.
Ils parlent de nous comme on décrit une tempête depuis l’abri.
Sans vent.
Sans pluie.
Sans vertige.
Et sans honte de ne rien comprendre.
Je ne leur en veux pas.
Je ne leur demande même plus.
Je constate seulement ceci :
ils veulent encore nous expliquer… au lieu de nous laisser vivre.
Et quelque part, en silence,
je me dis :
si l’incompréhension est définitive…
alors qu’ils nous foutent la paix.
Parce qu’ici, dans nos chaos qui s’alignent,
on ne cherche pas à être réparés.
On cherche juste un espace où rien ne nous est arraché.
Je continue.
Avec ceux qui sentent sans mode d’emploi.
Avec ceux qui ne me demandent jamais d’être plus carré que nécessaire.
Avec ceux qui savent que nos spirales ne sont pas des problèmes.
Juste… notre manière d’être au monde.
Ce type de graphique sur le TDAH — comme beaucoup d’autres — décrit avant tout une lecture normotypique de ce qui nous traverse. Ce n’est pas une critique, c’est un constat structurel : ces représentations ont été pensées, étudiées et validées par des personnes qui ne vivent pas de l’intérieur ce qu’elles tentent d’observer. La conséquence est simple : la carte ne reflète jamais le territoire réel.
Les normotypiques abordent le TDAH sous l’angle du déficit, de la déviation par rapport à une norme statistique. Ils observent la verbosité, le désordre narratif, les digressions, ou la difficulté à structurer un récit. Mais ils ne perçoivent pas ce qui se joue en amont : la surcharge d’informations, la rapidité associative, la densité émotionnelle, l’hyperréactivité aux micro-signaux, la simultanéité des niveaux de pensée, ou encore la difficulté à réduire un monde complexe à une ligne droite.
Le malentendu est profond : ils évaluent selon leur logique linéaire un fonctionnement qui ne l’est pas. Ils cherchent la cohérence dans un fil, alors que notre cohérence se déploie en toile. Ils cherchent la brièveté dans un monde où chaque détail porte sens. Ils tentent de comprendre une structure interne sans percevoir le vécu sensoriel, émotionnel, perceptif qui l’alimente.
Ce n’est pas leur faute : ils n’ont pas accès à l’expérience. Mais leurs conclusions deviennent des normes, et ces normes deviennent des injonctions. C’est là que la tension naît : ce qu’ils ne comprennent pas, ils veulent souvent le “corriger”.
D’où l’importance de remettre les choses à leur juste place : comprendre que ces graphiques ne sont pas des vérités sur nous. Ils sont des tentatives de lecture depuis l’extérieur. Notre réalité intérieure ne peut être décrite précisément qu’à partir de nos propres repères, de notre propre langage et de notre manière de traverser le monde.
Notre fonctionnement n’a pas besoin d’être justifié — il a besoin d’être respecté. Et parfois, la première étape vers ce respect consiste simplement à reconnaître que ceux qui ne vivent pas notre monde… ne peuvent pas en écrire la carte.