27/05/2021
Actuellement, les moyens modernes dʼinvestigation électromagnétiques ont objectivé et mis en images le phénomène hypnotique.
Le Pr Marie-Elisabeth Faymonville, anesthésiste au Centre de la douleur du Centre Hospitalier Universitaire de Liège nous donne la réponse suivante dans cet article : «Depuis le XVIIIe siècle, les scientifiques qui se penchent sur cette question se heurtent à un problème de taille : les sujets sous hypnose sont-ils ou non dans un état neurologique particulier, comme le prétend dès le XVIIIe siècle le médecin viennois Franz Mesmer, suivi, à la fin du XIXe siècle, par le neurologue français Charcot ? Ne sont-ils pas uniquement en proie à la force de leur imagination ? C’est ce que soutient, à l’époque de Charcot, le professeur de médecine Hyppolite Bernheim de l’université de Nancy. Certes, leur corps semble relâché et ils se soumettent à des suggestions...
Mais sont-ils pour autant dans un état neurophysiologique spécifique ?
« En 1993, la même Faymonville avec Pierre Maquet et Steven Laureys, mènent des recherches en TEP (Tomographie par Émission de Positrons, dénommée PET ou PET scan) sur les modifications corticales lors d’un état d’hypnose. Ils affirment que « lorsque le sujet éveillé se rappelle un souvenir, il active surtout les lobes temporaux droit et gauche. Ces mêmes régions ne s’activent pas lorsque le sujet éveillé ne pense à rien (bande à l’envers), ni lorsqu’il est sous hypnose et qu’il revit ses vacances. En revanche, sous hypnose, il active un réseau qui comporte les régions de la vision (occipitale), des sensations (pariétale) et de la motricité (précentrale), comme s’il voyait, sentait et bougeait, alors qu’il est immobile.
Ces données objectives concordent avec le rapport subjectif des participants : ils mentionnent invariablement l’impression de « revivre » sous hypnose des moments agréables, alors que pendant la remémoration d’événements agréables en conscience habituelle, ils se « souviennent » seulement de leur vécu.
Deuxième différence majeure : le précuneus (région du cortex pariétal) et le cortex cingulaire postérieur sont désactivés en cours d’hypnose. Or ces régions sont très actives, lorsque le sujet est éveillé, même lorsqu’il ne pense à rien (écoute de la bande-son à l’envers). Et on a déjà observé une désactivation de ces zones dans certaines phases du sommeil ou dans les états végétatifs, donc dans des états modifiés de conscience.
L’équipe de Henry Szechtman de l’université canadienne de Waterloo monte une expérience en 1998 avec huit sujets suffisamment mélomanes pour se rappeler précisément un morceau de musique. Cette étude réalisée par TEP, montre la même activation dans le cortex cingulaire antérieur (aire 32 de la région de Brodman) lorsqu’un sujet écoute un morceau de musique ou si on lui demande de se le rappeler sous hypnose. Or cette activation n’existe pas, lorsqu’on lui demande de se souvenir du morceau et qu’il est éveillé ».
L’équipe de Patrik Vuilleumier et Yann Cojan, de l’Université de Genève, a confirmé en 2007 que l’état modifié de conscience spécifique à l’hypnose repose sur des mécanismes cérébraux particuliers.
Les scientifiques ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour cette recherche. Les résultats révèlent que l’hypnose provoque une reconfiguration de la communication entre plusieurs régions du cerveau.