30/03/2020
Belle réflexion que je partage
Nouvel article sur Equinessentiel
Coronavirus covid 19 et chevaux, des questions émergent
par Équinessentiel
Le confinement imposé suite à l'épidémie du coronavirus COVID 19 pose de nombreuses questions au sujet des chevaux. Dans quelle mesure peut-on négliger leur santé et leurs besoins en faveur des nôtres ? Quels soins peut-on reporter ? Lesquels doit-on absolument dispenser ? Dans quelle mesure peut-on compter sur les gérants de pensions pour dispenser les soins aux chevaux que l'on ne peut plus venir voir ? Cette situation demande une remise en perspective des réalités du monde équestre et des priorités qui devraient être celles de tout cavalier.
Confinement dû au coronavirus COVID 19 : rappel sur la situation des chevaux
Les soins non urgents reportés : suivis vétérinaires, ostéopathie et autres thérapies alternatives
Suite à une décision de l'ordre des vétérinaires, tous les soins non urgents doivent être reportés. Ceci dans le but de limiter les risques de contamination pour le praticien et les personnes chez lesquelles il intervient. Les vétérinaires sont autorisés à intervenir uniquement dans les cas considérés comme graves. Les maréchaux ferrants sont censés faire de même. Toutes les pratiques d'ostéopathie, physiothérapie et autres thérapies alternatives est purement et simplement interdit jusqu'à la levée du confinement. Les dentistes équins sont invités à remettre leurs tournées.
On pourrait tourner cela dans tous les sens et s'interroger des heures sur les détails éthiques liés à ces décisions. Tant pour les chevaux que pour les professionnels. Cela n'en changerait pas pour autant la conséquence : jusqu'à la fin du confinement, chacun doit se débrouiller seul pour les soins courants. Du moins s'il a ses chevaux chez lui. Sinon, il doit transférer sa responsabilité au gérant de la pension.
Les pensions équines fermées au public, incluant les propriétaires de chevaux
En effet, toujours pour limiter les risques de contamination par le coronavirus COVID 19, toutes les pensions équines sont fermées au publique. Ce qui signifie que si votre cheval est en pension quelque part, le gérant a l'obligation légale de vous interdire l'accès à la structure. Et vous avez l'obligation légale de le laisser gérer entièrement le quotidien de votre cheval. Ceci que votre cheval soit au pré ou en box, avec ou sans sortie incluse dans la pension. Qu'il soit en bonne ou en mauvaise santé. Que le gérant soit une personne sérieuse et partageant votre vision du bien-être d'un cheval ou non. C'est non négociable, tout simplement car ça lui est imposé.
Les visites au pré autorisées mais pas les sorties
Bien que certains gendarmes aient un peu de peine à l'accepter, il est bien évidemment autorisé de rendre visite à ses chevaux si on en a la charge au pré. Ceci pour les nourrir, les abreuver et leur apporter les soins de base. Par contre, il est interdit de les sortir. Ils doivent se contenter de leur pré et du mouvement qu'il leur permet d'avoir. C'est bien mieux qu'un cloisonnement au box, mais pour certains dont les parcs sont très petits c'est encore loin d'être suffisant.
En résumé : le confinement dû au coronavirus COVID 19 met en lumière la justesse des choix de chacun concernant le mode de vie qu'il offre à son cheval
Un mois de confinement, ou plus si cela se prolonge encore, cela signifie que chaque cheval doit vivre un mois dans son environnement quotidien, sans intervention extérieure. Que ce soit la vôtre s'il est en pension ou bien celle de praticiens de soins. Aussi est-ce l'occasion de vous demander si le choix que vous avez fait pour son mode de vie est pertinent. Ses besoins fondamentaux sont-ils respectés malgré ces conditions de confinement ? Les soins que vous lui offrez sont-ils suffisamment régulier pour que ce mois sans interventions ne l'affecte pas ? Savez-vous suffisamment bien veiller sur sa santé par vous-même ? Ou bien le gérant de la pension ou il vit ?
Bien sûr, il faut espérer qu'une telle crise ne se reproduise pas de sitôt. Mais personne n'est à l'abri d'une crise personnelle. Les intervenants qui gèrent la santé de votre cheval peuvent cesser leur activité. Et vous pouvez alors mettre longtemps à en retrouver qui vous conviennent. Vous pouvez connaître des difficultés financières qui limiteraient votre capacité à faire intervenir vétérinaire, pareur, ostéopathe équin ou dentiste. Vous pouvez tomber malade et ne plus pouvoir vous rendre à l'écurie. Ou votre voiture peut vous lâcher, ce qui vous empêcherait de vous y rendre. En bref, chacun de nous est susceptible de vivre de nouveau une situation de ce type avec son cheval. Le confinement imposé par le coronavuris COVID 19 est donc l'occasion de vous demander ce qui peut être amélioré dans votre gestion de votre cheval et de sa santé.
Rendez votre cheval aussi indépendant de vous que possible !
Ce que je vais vous dire est une évidence. Pourtant, peu de gens semblent le réaliser et appliquer aux chevaux les principes qui en découlent. Plus vous rendez un être dépendant de vous, plus vous devenez esclave de ses besoins. Du moins si vous voulez en prendre bien soin. Imaginez un cheval au box. Il dépend de vous pour tout : changer sa litière quotidiennement, le nourrir, l'abreuver, le sortir. Donc soit vous passez le voir une fois par jour en sachant que c'est encore insuffisant pour répondre à ses besoins - notamment sociaux. Soit vous le confiez à une autre personne. Dans le premier cas cela vous prend un temps fou. Dans un second cas cela vous coûte de l'argent.
A l'inverse, si vous mettez un cheval dans un grand pré, en troupeau, vous allégez énormément votre charge de travail. Le sortir n'est plus une nécessité. Il trouve sa nourriture dans son pré et lorsque ce n'est pas le cas vous pouvez lui en mettre suffisamment pour des jours. De même pour l'eau. Du moment que le pré est assez vaste vous n'avez à retirer les crottins que des zones de stationnement. Vous économisez du temps ou bien vous payez moins cher de pension.
En réfléchissant bien au mode de vie de votre cheval, vous pouvez gagner sur tous les plans. Non seulement au jour le jour, mais aussi sur le long terme. En effet, un mode de vie adapté à ses besoins lui permet de rester en bonne santé plus longtemps. Vous économisez donc aussi sur les frais vétérinaires et de soins en général. En plus, en sachant qu'il a tout ce qu'il lui faut, vous gagnez aussi en tranquillité d'esprit. Que vous ayez votre cheval chez vous ou qu'il soit en pension, gardez cela à l'esprit. Demandez-vous ce que vous pourriez faire pour améliorer l'indépendance de votre cheval par rapport à vous. Qu'il s'agisse de modifier son mode de vie ou de changer de pension.
Soyez aussi indépendant que possible dans les soins apportés à votre cheval !
Etre propriétaire d'un cheval, c'est en être responsable. Et entre autres de sa santé. C'est à vous qu'il revient de le maintenir en bonne santé. De veiller au bon état de ses pieds et de faire intervenir un dentiste chaque année. De le soigner s'il est malade. Or, pour cela, beaucoup de gens dépendent entièrement d'intervenants extérieurs. C'est un stress constant car chaque déménagement ou chaque cessation d'activité d'un intervenant demande une nouvelle recherche. Il faut chaque fois recréer un réseau, retrouver LA bonne personne pour prendre soin de son cheval. Et alors on est dépendant de son emploi du temps. C'est pourquoi il est important d'en savoir autant que possible sur les soins à apporter aux chevaux.
Laisser son cheval pieds nus et apprendre à le parer, c'est être bien moins dépendant d'un pareur. Et ne plus jamais craindre un fer perdu ou un morceau de corne cassé. Vous pouvez gérer le quotidien et les petites urgences vous-même. Avoir des connaissances de base sur les maladies principales des chevaux ainsi que les gestes en cas d'urgence vous met à l'abri de la panique. Cela vous rend capable d'aborder avec calme chaque problème et de déterminer sereinement si une intervention vétérinaire est nécessaire. Connaitre des moyens simples et sûrs de soigner les blessures et les petits maux vous évite de faire appel à un professionnel tous les 4 matins. Savoir masser et étirer votre cheval vous permet d'espacer les séances d'ostéopathie. Et si vous ne voulez pas vous charger de tout cela vous-même, pourquoi ne pas chercher une pension qui le propose ?
L'émergence d'un nouveau modèle pour le monde du cheval ?
Si on y réfléchit, le mode de fonctionnement actuel du monde du cheval manque de logique. On rassemble des chevaux dans des endroits où personne n'est compétent pour les soigner. De ce fait, des tas de professionnels sillonnent chaque jour les routes de France pour parer des chevaux, adapter leurs rations ou libérer leurs blocages et douleurs. Ce mode de fonctionnement n'est ni écologique ni économique. Que ce soit en argent ou en temps. Il existe une solution toute simple pour y remédier. Elle consiste à organiser le monde du cheval autour de deux axes.
Des propriétaires éclairés
D'une part, les cavaliers hébergeant leurs chevaux chez eux ou dans des prés en location pourraient se former. Apprendre à parer leurs chevaux. A les masser et les étirer. Acquérir des connaissances de base en phytothérapie. Suivre des stages pour être en mesure de gérer leurs espaces de façon durable. Des ententes pourraient se créer entre plusieurs personnes géographiquement proches qui rassembleraient leurs chevaux, leurs prés et leurs connaissances. Cela formerait des groupes de passionnés aussi autonomes que possible. De ce fait, l'entretien de leurs chevaux leur reviendrait moins cher et leur prendrait moins de temps, puisque tout serait mutualisé. Un fonctionnement de ce type, s'il se généralisait, serait un vrai plus pour les chevaux comme pour les cavaliers.
Des écuries centres de compétences
D'autre part, il continuerait bien entendu d'y avoir des écuries prenant des chevaux en pension. Mais les propriétaires pourraient se tourner vers des pensions proposant de véritables prestations de soins. Soit des lieux gérés par des personnes ayant une formation complète incluant parage, ostéopathie et naturopathie. Soit des lieux employant des personnes formées à ces disciplines. Ainsi, les chevaux seraient hébergés dans des structures capables de répondre à tous leurs besoin de façon cohérente, écologique et économique.
Bien sûr, les pensions de ce type sont encore trop peu courantes. Mais elles existent ! Je propose moi-même chez moi quelques place de pension au pré à l'année, incluant parage, ostéopathie, vermifuges naturels et cures de probiotiques. Pour mes pensionnaires, aucun stress dû au confinement !
Plus les cavaliers seront nombreux à s'intéresser à ce type de solutions et plus les écuries seront nombreuses à s'inspirer de ce modèle. Si on y réfléchit, il y a des tas d'ostéopathes, masseurs, physiothérapeutes et autres qui sortent d'écoles chaque année et ne travailleront jamais auprès des chevaux. Pourquoi ne pas offrir à ces personnes la possibilité de prendre en charge des cavaleries plutôt que de gâcher leurs formations ? Et pourquoi ne pas inciter les groom, palefreniers ou autres employés d'écuries à se former à ces pratiques ? Des solutions existent, il suffit simplement de les mettre en pratique.
Alors si nous profitions tous de ce confinement qui nous est imposé pour réfléchir à un nouveau monde du cheval ? Si nous nous posions les bonnes questions ? Et tentions d'appliquer les principes de la permaculture à notre gestion des chevaux ? Si c'était là une façon de faire ressortir quelque chose de positif de cette épreuve qu'est l'épidémie du coronavirus ? Pour que du chaos surgisse un monde éthique et cohérent ? C'est le rêve que je fais. Et je vous invite à lui donner vie avec moi.
Laure Souquet
Ostéopathe équine