13/01/2022
CONSTAT DE LA Coordination Nationale en ce début 2022:
Le recul de la prévention et de l’accès aux soins est un recul sociétal sans précédent. Les difficultés d’accès aux soins se généralisent : en ville comme dans les zones péri-urbaines et rurales. C’est un constat lourd aggravé par l’effondrement des hôpitaux publics qui constituent le socle de notre système de santé. Les manques de soins préventifs et curatifs contribuent à l’accroissement des maladies chroniques et à la dégradation de la qualité de vie. Toute la France est touchée, même si certaines régions sont moins dotées que d’autre : la fracture territoriale augmente la fracture sociale déjà existante et les inégalités d’accès aux soins connaissent une forte augmentation.
La nette insuffisance des politiques d'aménagement du territoire multiplie les risques de dérapage particulièrement en accentuant la concurrence entre territoires, entre structures de santé…
L’affaiblissement des services de santé, comme de tout service public (fermetures de lits, de services, de postes, restructurations-concentrations...) ont un EFFET BOULE DE NEIGE : d'autres services sont aussitôt menacés, les structures sont fragilisées, les populations sont démunies et sont, soit obligées de se déplacer de plus en plus, soit abandonnées. Les professionnels salariés ou libéraux sont dépassés, le recrutement est difficile et les fuites et abandons se multiplient.
L’accumulation de strates administratives viennent impacter lourdement le temps de travail des soignants et réduisent d'autant leur temps disponible auprès des malades.
PROPOSITIONS PRINCIPALES dans le cadre d'un aménagement égalitaire et solidaire des territoires :
1- renforcer de vrais Sites Hospitaliers Territoriaux de Proximité :
• Conserver, voire rouvrir, lits et services (en particulier urgences, SMUR, maternités, chirurgies, médecines, cardiologie, SSR et USLD), améliorer leurs fonctionnements, renforcer les vraies coordinations et coopérations sanitaires avec d'autres sites hospitaliers et/ou de soins de premier recours.
• Arrêter, voire dissoudre, les concentrations hospitalières qui conduisent toutes à la fermeture de lits et de services. Redonner des moyens aux hôpitaux.
•
2- développer une santé de proximité (premier recours) en développant des structures publiques et particulièrement les CENTRES PUBLICS DE SANTÉ
- en s'appuyant sur la demande accrue des jeunes professionnels : salariat, partenariat, solidarité, respect de leur éthique professionnelle, meilleures conditions de travail
- choix social majeur pour les usagers : tiers payant obligatoire, interdiction des dépassements, interdictions des bénéfices non réinvestis dans la structure pour les régimes associatifs
- choix démocratique : participation active des usagers-citoyens à la gestion et au projet médical.
Quels doivent être les liens avec la médecine libérale (Plate-forme territoriale d’appui et Communautés professionnelles territoriales de santé) ?
3- AUGMENTER LE NOMBRE DE PROFESSIONNELS FORMÉS
Toutes les formations aux métiers de la santé et du médico-social doivent être développées. Il faut augmenter le nombre de professionnels formés, mettre fin aux quota officiels ou officieux en donnant des moyens aux universités et écoles professionnelles. Des pré-recrutements, salariant les jeunes pendant leur formation, en échange d’un engagement de service public dans toutes les structures seraient de nature à faciliter une meilleure répartition sur l’ensemble du territoire. La formation professionnelle continue doit être développée.
En ce qui concerne les études de médecine, le numerus clausus ne doit pas être supprimé seulement en parole, mais en acte ! Tous les étudiants en médecine devraient être salariés et en échange accepter un engagement de service public. Les filières de sélection et de recrutement doivent complètement être démocratisées. Il faut réformer les stages de médecine, de telle sorte que tous les hôpitaux puissent accueillir, et retenir de nouveaux praticiens, revaloriser l’exercice de la médecine générale, parent pauvre des écoles de médecine.
Le sens de l’engagement de service public reste à discuter comme sa durée ! Engagement à travailler dans le service public ou là où on lui demande quelque soit le mode d’exercice ?
4- Assurer la juste répartition des professionnels sur le territoire
La liberté d’installation doit être limitée. Il y a nécessité de réguler l’installation des médecins libéraux (généralistes et spécialistes). Il appartient à l’État en concertation avec les syndicats professionnels et les représentants d’usagers, d’en fixer les modalités, dans l’intérêt de la population,
Le développement d’un service public de soins de premier recours autour des centres de santé associé à un pré recrutement salariant tous les étudiants en échange d’un engagement de service public devra assurer une juste répartition des professionnels sur l’ensemble du territoire.
5- Rétablir l’obligation de la garde médicale pour tous les médecins, dans le respect des impossibilités (professionnels âgés, femmes enceintes …)
6- Redonner du sens aux métiers de du soin
Dans l'urgence d'aujourd'hui, il faut tout mettre en œuvre pour garder les professionnels encore en place.
• Il faut stopper le management à flux tendu, arrêter de considérer les professionnels comme des pions déplaçables à merci d'un jour sur l'autre.
• Il faut reconstituer des équipes de soins stables qui ont l'habitude de travailler ensemble : c'est un gage de sécurité fort pour les malades face aux risques d'erreurs ou lorsque l'équipe est confrontée à des situations critiques.
(Ce risque démultiplié dans les conditions d'aujourd'hui conduit nombre de professionnels à fuir ces métiers).
• Les soignants doivent être libérés de toutes les taches ne relevant pas du soin avec des embauches pour les activités nécessaires de logistique, secrétariat de service, brancardage ...
• Il faut arrêter de noyer les soignants, à l'hôpital comme en ville, dans des procédures sans fin qui mangent une grande partie de leur temps de travail au détriment du temps passé auprès du malade.
• Il est impératif d'alléger la mille-feuille bureaucratique pour retrouver une fluidité de fonctionnement des structures de soins.
7- Gestion
Les métiers du soin doivent s’exercer au bénéfice des patients, et non sous la coupe de gestionnaires arrimés à la limitation des dépenses.
- Le contrôle par la Sécurité Sociale de la médecine libérale ne peut se concevoir qu’avec une Sécurité Sociale démocratisée par un retour à des élections des administrateurs assurant un contrôle dans l’intérêt des patients et non des impératifs financiers
- La gestion de l’hôpital doit redevenir une gestion de type public dans l’intérêt collectif et non avec l’œil rivé sur le tableau des dépenses. Cela passe par un véritable pouvoir de décision démocratique des personnels et de leurs organisations syndicales, des élus et des représentants des usagers désignés démocratiquement.
8 - Pas de médecine au rabais !
Les progrès médicaux, scientifiques, techniques ont permis l’allongement de la durée de la vie. Les maladies chroniques se développent. Cela ouvre le champ à de nouvelles possibilités et impose la transformation des prises en charge pour de vrais parcours de soins. Cela doit être un progrès pas un outil pour faire des économies ou remplacer des médecins dans les zones les plus déficitaires ! Cela concerne la télémédecine : quelles conditions y mettre ? Cela concerne le développement de nouveaux métiers avec le développement de la formation continue des soignants, pour de nouvelles qualifications, reconnues financièrement, enrichissant un travail d’équipe utile permettant aux patients de bénéficier d’une prise en charge de qualité.
9- Installation d'une réelle démocratie sanitaire à tous les niveaux (du local jusqu'au national), en donnant un pouvoir de décision aux différentes instances.
Cf les propositions de la CN sur la démocratie : Pour un service public sanitaire égalitaire