03/11/2025
Merci
On entend souvent parler du “consentement du cheval”.
Et forcément, ça fait grincer quelques dents… à juste titre d'ailleurs.
Parce qu’avouons-le : dans le monde équestre, on a encore du mal à croire qu’un cheval puisse vouloir faire quelque chose. Persuadés qu'il n'aspire qu'à manger de la salade et jouer avec les copains dans son paddock.
À l’heure où l’on enseigne encore à nos petits cavaliers à monter systématiquement avec une cravache " okahou", on cultive l’idée que le cheval consentant est une douce illusion.
(Même si, soyons honnêtes, convaincre Pepito de dérouler une reprise clib3 lors de sa 3 ème heure de cours de la journée , releve plus du miracle que de la pédagogie , surtout quand ledit Pépito a la souplesse d’un frigo américain et la motivation d’un fonctionnaire à deux jours de la retraite.)
Notre pratique moderne entretient donc l’idée que sans contrainte, sans jambe, sans enrênement, sans cravache, rien ne bouge.
Les concours de dressage club ressemblent de plus en plus à des concours de fils à linge : tout est tendu et tiré au cordeau… sauf la relation .Parfois les cavaliers s’appliquent plus à essorer la volonté du cheval qu’à la révéler.
A quoi bon ... L'envie n'est pas un critère de notation en dressage.
Pourtant, le consentement, ce n’est pas “laisser tout faire”.
C’est un dialogue, pas une assemblée citoyenne.
C’est accepter qu’un cheval dise “non”, et avoir le courage d’écouter ce non sans sortir le Code pénal du cavalier ni lancé un vote a sabot levé pour savoir sur quel pied on prendra le galop au prochain tour.
Alors oui, c’est inconfortable. Ça égratigne l'ego.
Ça casse des certitudes anciennes , bien rangées dans des livres en cuir poussiéreux.
Ca oblige à réfléchir autrement, à tester, à douter.
Et à admettre que non, tous les KWPN ne rêvent pas tous de piaffer jusqu’à la retraite.
Certains rêvent juste de longues randonnés , comme Canelle qui, malgré un vrai don pour le saut, préférerait manifestement qu’on l’inscrive au bowling plutôt qu’au Grand Prix.
Et un écart ou un arrêt… ce n’est pas un coup d’état, c’est juste une info : “Houston, y’a un truc qui cloche.”
Mais peut-être que le vrai progrès équestre, c’est ça :
👉 passer du “il doit” au “il veut bien”.
Et franchement, avant d'acheter des " licols éthologiques en corde tressée garnies de pierres a ondes positives” à 180 €, on doit bien pouvoir convaincre Pompon de dérouler sa Club 3 , rond , sans enrênements et en mors simple...avec un peu de travail et d'écoute.
(Bon, peut-être pas de piaffer comme Totilas… restons lucides : il a déjà du mal à passer la porte de la carrière sans se manger le par-botte)
Alors tout ça c’est beau sur le papier, mais sur le terrain… il faut parfois se rappeler qu’un cheval reste un cheval.Le vrai danger, c’est de tomber dans l’anthropomorphisme émotionnel : projeter nos propres névroses humaines sur un animal qui, lui, vit dans le présent, sans arriere pensée ni préméditation. Parceque si on rentre dans ce jeu là, chaque battement de cil devient un cri du cœur... Mais si un cheval gratte du pied , ça n'est pas forcément pour faire ressortir un trauma d’enfance , mais peut être juste une douleur abdominale...
À force de chercher du consentement partout, on finit par obtenir l’inverse : des chevaux perdus, des cavaliers paralysés, et des séances qui ressemblent plus à une réunion de thérapie de groupe qu’à un moment d’équitation.
Le respect, ce n’est pas lui demander son avis toutes les trois secondes.
C’est savoir lire les vrais signaux, agir avec cohérence, clarté et légèreté... Et faire preuve d'un peu de bon sens.
Parce qu’un cheval équilibré n’a pas besoin d’un psychanalyste mais d’un humain lisible et clairvoyant.
Le consentement, oui.
La surinterprétation, non.
Entre le tyran et le psychiatre , il y a le cavalier juste.