01/02/2025
SYMBOLISME DE LA BAGUETTE MAGIQUE…
Au travers des fables et des contes de notre enfance, tout le monde a déjà entendu parler des célèbres baguettes magiques avec lesquelles fées et autres sorciers lancent des sorts. Ces baguettes magiques ne sont point une invention de nos conteurs. Elles remontent très loin dans notre passé païen. La croyance en un pouvoir enchanté des baguettes prend ses racines dans la plus haute préhistoire.
Tout comme le bâton, la baguette symbolise la puissance et la clairvoyance. Cette puissance transmise à l’objet vient des Dieux et des Déesses, des forces célestes ou terrestres (ouraniennes ou chtoniennes). La baguette est dans toutes les traditions comme un intermédiaire entre Divinités et le magicien ou la magicienne. Elle donne le pouvoir de transformer les forces élémentaires, comme par exemple de contrôler le temps, un cours d’eau, ou de changer une personne en animal. Cet aspect fondamental de la baguette magique a son origine dans les cultes chamaniques où, par le pouvoir de la transe, certaines transformations sur le plan psychique étaient habituelles. C’est aussi avec une baguette magique que magiciens, sorciers, druides et autres prêtres païens, tracent le cercle sacré sur la terre afin d’être protégé contre tous les mauvais esprits, activant par là également le pouvoir des puissances invisibles qui permet de réaliser tout rituel. La baguette, surtout celle du coudrier sur laquelle nous reviendrons plus t**d, servait à l’origine non seulement pour découvrir les sources, mais aussi les gisements de minerais, les dépôts de certaines matières, et plus t**d dans l’histoire, les trésors. Certains arts magiques comme la palomancie ou la radiesthésie ont très probablement aussi une origine liée à la baguette magique. La palomancie est l’art d’utiliser des petits bouts de bois pour interroger l’avernir. En ce qui concerne le symbolisme de la baguette, il faut relever un autre point important qui est celui qui le relie au symbolisme de l’arbre. Car en effet, la baguette étant un bout d’arbre, celle-ci se rattache tout naturellement à l’arbre dont elle provient. L’arbre est l’axe vertical qui fait le lien entre les puissances terrestres et célestes, ce qui s’exprime religieusement parlant avec l’arbre cosmique comme l’Irminsul de la tradition germanique ou l’Yggdrasil de la tradition nordique. La baguette permet ainsi la communication avec les différents mondes et niveaux de conscience, elle est le trait d’union par excellence.
Dans la tradition païenne des Celtes, la baguette est très présente, à tel point qu’il est rare de voir un mythe sans la présence d’un druide ou d’un file utilisant une baguette magique pour pratiquer ses rites magiques. La baguette est le symbole du pouvoir du druide sur les éléments naturels. Sencha, le druide d’Ulster, agite sa baguette pour obtenir le silence total de tous ceux qui l’entourent. Les druides et autres magiciens se servent la plupart du temps de leur baguette pour transformer une personne en animal. Nous avions vu un exemple célèbre avec le mythe irlandais des enfants de Lir, voir mon article là=> https://www.facebook.com/230064080465741/photos/a.306259932846155.1073741845.230064080465741/727872254018252/?type=3&theater
Dans la hiérarchie à 7 degrés des filid irlandais, le docteur ou ollamh possédait une baguette d’or, le file de 2è rang ou anruth en avait une d’argent, tandis que les 5 autres degrés en avaient une de bronze. Ici, le symbolisme de la couleur vient se rajouter à celui de la baguette proprement dite.
Dans la tradition gréco-romaine, la baguette magique est également très présente. L’exemple le plus connu est le caducée, qui n’est en fait qu’une baguette magique entourée de deux serpents, ce qui évoque des cultes très anciens, remontant probablement au néolithique. La baguette magique est l’attribut du Dieu de la médecine Asclépios, le fils du Dieu Apollon, dont le nom signifierait «celui qui prend en main la baguette magique». C’est aussi une baguette magique que le Dieu Apollon promit en cadeau au Dieu Hermès en échange de la lyre que le jeune Dieu venait d’inventer et de confectionner avec une carapace de tortue. Cette baguette était en or et apportait opulence et richesse. Elle protégeait contre tout type de danger, et permettait l’accomplissement des paroles du grand Dieu souverain Zeus. De plus, Hermès pouvait avec cette baguette endormir ou réveiller les hommes. Toujours chez les Grecs, Circé, grâce au pouvoir magique de sa baguette, transformait ses hôtes en pourceaux.
Dans la tradition germano-nordique, la baguette se retrouve à tous les niveaux de la pratique rituelle. Les exemples les plus révélateurs sont les baguettes runiques, des verges sur lesquelles on gravait des formules magiques en runes. La magie était ainsi aussi bien dans les runes que dans la baguette elle-même. Chez les Germains existait la baguette connue sous le nom de «wunsciligerta», nom qui peut se traduire par «bâtonnet des souhaits, de la chance». Cette wunsciligerta était un don aux hommes du Dieu Wotan afin que ceux-ci soient accompagnés par la chance dans leurs destinées. Ce nom s’est conservé en allemand moderne pour désigner la baguette du sourcier avec le terme de «Wünschelrute». Les baguettes de sourcier servaient à l’origine pour trouver différents genres de trésors, de gisements de minerais, et bien-sûr les sources. Mais cet aspect lié aux sources était dans les anciens temps secondaire. Elles se présentent en général en forme de «V», et, maintenues d’une certaine façon, elles favorisent le contact avec les énergies naturelles de la Terre-Mère, avec les forces telluriques. Chez les Germains, cette baguette était en général en bois de bouleau ou de chêne, mais la plupart du temps en bois de noisetier, des arbres à forte valeur symbolique. Dans la région allemande d’Oldenburg, pour le choix de la baguette de sourcier, on prenait soin de sélectionner une branche dont le «V» sous un certain angle de vue, encadrait le soleil de midi. Les dates idéales pour prélever une telle branche étaient les nuits de Walpurgis (30 avril) ou bien les nuits du solstice d’été. Il fallait alors faire ce prélèvement à minuit ou bien juste avant l’aube. Dans les régions de Brandenburg et de Silésie, pour couper la branche, il était coutume de marcher à reculons vers la branche, et de la prélever sans la regarder, ceci afin de préserver toute sa pureté énergétique.
Hathuwolf Harson
Sources :
«Dictionnaire des symboles», Jean Chevalier et Alain Gheerbrant
«Kleines Lexikon des Aberglaubens», Ditte und Giovanni Bandini