13/12/2024
Comme une pointe au cœur,
**Parfois la douleur n’est pas là où on l’attend**
Assise face à moi, je vais la prénommer Sarah, semble vouloir enfoncer un peu plus profond son dos dans le dossier du fauteuil. Son regard hésite entre mes yeux, ses pieds, la table entre nous. Il hésite son regard, et avec lui son visage manifeste l’émotion et la tension qui l’assaillent.
Petite fille elle a fait l’expérience de la perte. A trois ans, on n’est vraiment pas grand. A partir de cette date charnière, le continent de son enfance, dans un grand tremblement de terre s’est isolé. Il était là, quelque part, zone glacée influençant silencieusement le climat de sa terre.
Dans les dédales de l’expérience saisissante qu’est celle de venir s’asseoir dans le cabinet d’un ou d’une psy -humanoïde dont l’originalité est de penser que de prendre du temps pour l’autre, l’accueillir et soutenir cet accueil est un terreau fertile-, Sarah a rejoint ce continent. Ce fut délicat, elle pensait ne plus se souvenir, elle avait peur d’y rester. La psy, avec sa confiance toute déployée, a montré le pont de liane entre les deux berges. Elle a pu s’engager. Pas tout de suite non, elle a encore eu besoin de quelques baudriers.
Lorsqu’elle s’est retrouvée sur l’autre berge, elle fut saisie. Elle a découvert qu’elle n’avait pas tout perdu. Contre toute croyance, il y avait toujours eu un espace d’amour et de sollicitude. Et cette expérience, tellement intense, lui a fait « comme une pointe au cœur ». C’est ce qu’elle dit. Au sens littéral -La psy ne peut de s’empêcher de penser au symbolique et au signifiant, elle est pleine de confiance et d’idées enfermantes aussi parfois-.
Comme une pointe au cœur donc ; comme une mécanique qui n’a pas fonctionné depuis des lustres et qui peine à redémarrer explique t’elle. Ca commence par faire mal. Comme le sang qui afflue à nouveau dans les pieds bandés ou les membres gelés.
Faire l’expérience du bon, de la restauration, cela en passe souvent par ce moment éprouvant, celui de serpenter à nouveau sur le chemin du douloureux.