18/06/2025
Ce n’est pas qu’une simple photographie.
C’est un adieu.
Un au revoir entre deux êtres unis par un lien qui a défié les espèces, les mots… et la perte.
Elle s’appelait Ndakasi.
Gorille des montagnes, orpheline par la cruauté, élevée par la tendresse, et désormais immortalisée dans les bras de l’homme qui fut, pour elle, tout un monde.
Treize ans plus tôt, dans les profondeurs ombragées du parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, des rangers découvrirent une minuscule gorille — tremblante, muette, sans mère — agrippée au corps sans vie de celle qui l’avait mise au monde.
Sa mère, abattue par des braconniers, victime de la brutalité et de la chasse au gibier de brousse.
Elle n’avait que deux mois.
Cette nuit-là, André Bauma, jeune ranger, fit la seule chose qu’il pouvait faire : il la serra contre lui, la blottit contre sa poitrine, et, grâce à la chaleur de son corps, lutta contre la mort.
Et il gagna.
Dès cet instant, elle fut sienne.
Et lui, le sien.
Ndakasi grandit sous la protection d’André, au Centre Senkwekwe — le seul orphelinat de gorilles de montagne au monde.
Elle riait. Elle jouait.
Elle posait — se rendant célèbre en 2019 pour avoir malicieusement fait irruption dans un selfie de ranger, debout comme une humaine, le regard pétillant de malice.
Des millions de personnes ont souri devant cette image.
Mais peu connaissaient l’histoire derrière ce sourire.
Elle n’était pas qu’un gorille.
Elle était une survivante.
De la guerre, du braconnage, de la destruction de son habitat, et du deuil.
Elle incarnait la preuve vivante que l’amour peut faire renaître ce que la violence avait tenté d’anéantir.
Et puis, treize ans plus t**d, la maladie est venue. Son cœur courageux s’est affaibli.
André ne l’a jamais quittée.
Pas une heure. Pas une respiration.
Et quand son corps n’a plus eu la force de lutter, elle fit la seule chose qu’elle avait toujours connue : elle posa sa tête sur la poitrine d’André, et s’éteignit dans les bras de l’homme qui, autrefois, lui avait rendu la vie.
Peut-on imaginer cela ?
Le souffle de sa dernière respiration ?
Le poids de sa tête contre son cœur ?
Et le silence qui suivit ?
Voilà ce qu’est l’amour.
Voilà ce que ressent le chagrin quand on a vu une âme frôler la mort… puis y retourner.
Elle n’était pas qu’un animal.
Elle était une enfant.
Une sœur.
Une amie.
Un éclat de lumière dans la fragile toile du vivant que nous brisons trop souvent sans y penser.
Prononçons son nom :
Ndakasi.
La gorille qui a souri au monde, et s’est éteinte dans les bras de celui qui n’a jamais cessé de l’aimer.
Que sa mémoire brille comme une bougie dans la nuit.
Et que son histoire nous rappelle que chaque être vivant mérite d’être protégé, en paix, et tenu dans les bras — même au tout dernier instant.