01/09/2017
La honte
Un trauma au cœur et au corps du Sujet
Colloque d'Analyse Bioénergétique
Marseille les 7 et 8 Octobre 2017
Rougir, balbutier, tenter d'échapper au regard d'autrui, d'être, si l'on peut dire, le moins possible ! La honte, par delà toute spécificité culturelle, religieuse, sociale, serait-elle une disposition constitutive de la subjec- tivité ? Parler de cette question de la honte c’est aborder un sujet qui par définition suscite un malaise. Déjà, la définition est loin d’être évidente. Étymologiquement, la honte vient du vieux français Haunita qui a le même radical que honnir, et qui signifie mépriser. Certaines définitions mettront l’accent soit sur la dimension ontologique de l’être, soit sur la dimension du regard.
La théorie psychanalytique avait fait peu de place à la honte jusqu’à ces dernières années. Freud voit la naissance du sentiment de honte dans la Genèse, lorsque Adam et Eve, après avoir commis le péché origi- nel se retrouvent « nus et honteux ». La honte passe par le regard de ce qu’on appelle les parties honteuses et l’introduction de la différence des sexes. Elle est étroitement liée à la dimension sexuelle et à la dimen- sion sociale (le regard d’autrui), au refoulement des pulsions sexuelles. Pour Lacan, la Honte concerne l’être même du sujet, elle est selon son jeu de mot « hontologique » (ontologique).
Dans le développement du sujet, l’éprouvé du sentiment de honte se construit dans le lien à l’autre. Si certains peuvent dire « Moi, je n’ai pas de honte », d’autres disent « j’ai honte d’exister, je n’ai pas le droit d’exister. Winnicott nous a montré l’importance du rôle de la mère dans la constitution du narcissisme de base ; Ferenczi quant à lui dans le cadre de ses travaux sur le traumatisme a souligné que la honte peut être liée à un évènement traumatique, violent, déstructurant pour le psychisme.
Dans tous les cas, la honte au plus près du corps, inscrit dans le corps même, ce qui s'est bien ou mal joué durant la construction de ce lien à l'autre"… Albert Ciccone écrit : « Les affects de honte et de culpabilité font partie de la vie quotidienne. Ils sont mobilisés tout au long du développement psychique, et ont des effets et une fonction quant à la prise en compte de la réalité et quant à la maturation de la personnalité. Ces affects peuvent évidemment avoir aussi un effet perturbateur, déstructurant, désorganisateur, et être à l’origine de souffrances écrasantes. L’une des issues organisatrices ou potentiellement organisatrices de ces éprouvés réside dans leur partage possible »…
Dans notre clinique nous sommes confrontés à certains comportements où se jouent ces comportements de honte difficiles à déjouer. Une honte obscure, silencieuse, s'autoalimentant de grandiosité et s'enraci- nant dans un sentiment d'illégitimité à exister ou à exister dans sa différence, parfois dans une souffrance écrasante.
Lors de ces journées nous nous efforcerons de pénétrer, dans l'affect de honte. Ou, plutôt que sous la peau, c'est à fleur de peau qu'il nous faudra peut-être parfois séjourner pour nous laisser « défasciner » par la pâleur ou la rougeur de la Honte…
Plus d'informations sur le site de l'IABFS (Institut d'Analyse Bioénergétique France Sud) ou auprès de Martine Vigier 0660827537