30/10/2025
Le QI change-t-il au cours de la vie ?
C’est une question souvent posée, et à laquelle la recherche apporte aujourd’hui une réponse précise. Une méta-analyse récente de Breit et coll. (2024), portant sur plus de 87 000 participants suivis parfois sur plusieurs décennies, permet de comprendre comment évoluent les différences d’intelligence au fil du temps.
Les résultats montrent que les positions relatives des individus sont étonnamment stables. Autrement dit, même si notre cerveau évolue, notre rang dans la distribution du QI change très peu à partir de l’adolescence. À 20 ans, la corrélation entre deux mesures de QI réalisées à cinq ans d’intervalle atteint environ r = .80, et grimpe à r = .90 lorsqu’on corrige les erreurs de mesure. Cela signifie que plus de deux tiers des différences observées entre les individus se maintiennent au fil du temps. Le dernier tiers correspond à différents facteurs dont certains ne touchent pas tout le monde ni au même moment de la vie. Il peut s’agir du vieillissement normal ou pathologique, d’aléas de vie tels que la maladie, le stress chronique, ou encore des traumatismes neurologiques. Une partie de cette variabilité provient également de différences méthodologiques : changement de test entre les deux passations, usage d’un test partiel plutôt qu’une échelle complète, étalonnage différent entre générations de tests.
Chez l’enfant, la situation est différente. Avant six ans, les classements sont encore instables : les trajectoires cognitives peuvent se réorganiser, et les écarts de développement temporairement s’accentuer ou se réduire. Mais à partir de 12 ans, la stabilité augmente fortement, jusqu’à devenir presque maximale à l’âge adulte (à partir de 18-20 ans).
Ainsi, si le QI ne reflète pas une réalité figée de la personne, il demeure un indicateur remarquablement constant du fonctionnement intellectuel à long terme. L’intelligence évolue, mais les différences entre individus restent parmi les plus stables de toute la psychologie humaine. La stabilité du QI est ainsi plus élevée que celle de la personnalité, de l’estime de soi ou de la motivation. Cela signifie que les différences de tempérament ou de motivation évoluent davantage au fil de la vie que les différences d’intelligence.
Breit, M., Scherrer, V., Tucker-Drob, E. M., & Preckel, F. (2024). The stability of cognitive abilities: A meta-analytic review of longitudinal studies. Psychological Bulletin, 150(4), 399.