05/01/2021
En cette période de l’année il est coutumier de souhaiter et de s’entendre souhaiter de la part des personnes de nos entourages, proches ou moins proches, une bonne nouvelle année, de préférence meilleure que la précédente, une bonne santé, de préférence meilleure que celle de l’année passée, la richesse, de préférence plus abondante que celle de l’année passée, le bonheur, de préférence plus intense et durable que celui de l’année passée. En somme, il s’agit de souhaiter une multitude d’améliorations avec comme ligne d’horizon « encore mieux et encore plus que l’année passée », de laisser derrière soi le négatif et d’aller vers le positif, que l’année qui s’annonce soit excellente, voir merveilleuse, qu’elle aura le pouvoir exceptionnel de gommer ce qui ne va pas sur la toile de nos vies et d’y dessiner de nouvelles formes teintées des couleurs tant attendues pour égayer, enfin, nos quotidiens…
Mais soyons honnête un instant, passer du 31 décembre d’une année au 1er janvier de l’année suivante n’a aucune grande incidence sur le cours de nos vies, nos habitudes, nos relations, nos pensées, nos conditionnements, nos joies et nos peines. Pas plus que n’importe quel passage d’un jour de l’année à l’autre d’ailleurs. Alors qu’il est étrange de continuer ainsi et de se dire que changer d’année pourrait provoquer de tels changements, que comme par miracle, un seul et unique mouvement d’aiguille sur l’horloge de nos vies pourrait faire tout changer. Et pourtant, année après année, cette coutume perdure. Elle perdure probablement parce que toute cette bienveillance, tous ces souhaits adressés, ces attentions, ces personnes parfois éloignées de nos quotidiens qui se rappellent à nous le temps d’échanger quelques nouvelles, mais aussi ces espoirs en des lendemains meilleurs, font du bien, réchauffent les cœurs et les âmes dans un monde souvent perçu comme en perte de bienveillance, d’humanité, de partage et d’encouragements positifs. Mais si ce passage d’une année à l’autre ne permet pas à lui tout seul d’apporter les changements et améliorations tant espérés, peut-être est-ce parce qu’il attend une aide? Une aide de la part de celui à qui l’on souhaite cette bonne année? Peut-être que les vœux adressés sont à entendre comme autant d’appels à aller non pas vers plus de santé, de richesse et de bonheur de façon générale et impersonnelle, mais tout simplement à aller un peu plus vers soi, vers ce qui sera porteur pour soi d’épanouissement et d’équilibre. Pour cela rien de l’année passée ni de celles d’avant n’est à oublier ou à rejeter, car tout est richesse pour qui sait tirer des leçons de ses expériences, rien n’est à souhaiter de plus que parfois du moins pour faire de la place au mieux, pour ouvrir son espace intérieur à ce qui raisonne agréablement en soi et lâcher, laisser partir ce qui ne convient plus.
Alors je vous souhaite à tous de produire moins de pensées négatives pour faire plus de place aux aspects positifs de vos expériences, de vous perdre dans moins de distractions futiles et éphémères pour faire plus de place à l’essentiel dans vos vies, de vous abandonner à moins de peurs pour faire place à plus de confiance, d’alimenter moins de colère et de rejet pour faire plus de place à l’amour et au partage, de vous attacher à moins de chaînes pour faire place à plus de liberté, d’ériger moins de barrières pour faire place à plus de créativité, de faire preuve de moins d’absence vis-à-vis de vous-mêmes et de vos vies pour faire place à plus de présence, je vous souhaite moins de faire et plus d’être, de vous aimer et de vous autoriser à vivre en connexion avec ce qui vous fait vibrer au plus profond de vos âmes, je vous souhaite enfin, et surtout, que cette année soit celle où vous vous engagerez vers vous-même en puisant dans vos ressources pour surmonter les obstacles, penser et panser vos blessures, vous laisser porter par la curiosité du voyage et accepter de traverser et d’accueillir ce que chaque paysage a à vous apporter, tel un voyageur acteur de ses traversées avance d’un pas confiant, à son propre rythme, écoute sa boussole intérieure et regarde l’horizon tout en se souvenant d’où il vient et où il souhaite aller.