Valéry Renault Psychanalyste

Valéry Renault Psychanalyste Je reçois pour un travail en présentiel à mon cabinet ou pour des sessions en ligne. Nous trouvons la plupart du temps nous-mêmes les solutions à nos problèmes.

On décide de faire une thérapie pour cesser de souffrir psychologiquement, traverser une période difficile, comprendre ses relations affectives, modifier ses comportements, ou pour se défaire de ce qui nous empêche de profiter pleinement de l’existence. Il peut cependant arriver que ni nos ressources personnelles, ni l'aide de notre entourage ne nous permettent de surmonter certaines de nos difficultés. L’on est alors amené à faire appel à une aide venant de l’extérieur. Entreprendre une thérapie, c'est se donner le temps nécessaire pour s'occuper de soi et de ce qui ne va pas, avec l'aide de quelqu'un qui accueille votre parole, sans conseiller, ni juger. Le psychanalyste accompagne ses patients afin de les aider à vaincre les problèmes qu'ils rencontrent (symptômes, angoisse, inhibition, mal-être, troubles du comportement, tristesse, etc.) Il s'appuie en cela sur la méthode d’exploration de l'inconscient inventée et mise au point par Sigmund Freud. La cure agit par la parole et s'adresse aux personnes qui ont le désir de changer en profondeur le fonctionnement de leur psychisme. Le psychanalyste ne juge pas, ne conseille pas, n’évalue pas, et n’interrompt pas le fil des pensées et des associations libres. Il intervient au moment opportun afin de questionner le désir. Mon intérêt pour la psychanalyse remonte à mes années d’études universitaires et est né du désir d’explorer le fonctionnement de l’esprit humain et d’agir sur les causes de la souffrance. J’ai poursuivi parallèlement, pendant plus de 20 ans, une carrière d’enseignement de la littérature, en France tout d’abord, puis dans différents pays (Mexique, Liban, Équateur...). Je me dédie aujourd’hui entièrement à la pratique de la thérapie psychanalytique.

Les pérégrinations d'un psychanalyste à pied.https://www.valeryrenault-psy.fr/2022/08/23/les-peregrinations-dun-psychana...
23/08/2022

Les pérégrinations d'un psychanalyste à pied.
https://www.valeryrenault-psy.fr/2022/08/23/les-peregrinations-dun-psychanalyste-a-pied/

Allégorie, du latin allegorĭa, et du grec ἀλληγορία allēgoría.

n.f. Fiction en vertu de laquelle une histoire ou une image représente ou signifie quelque chose d’autre.
n.f. Une œuvre ou une composition littéraire ou artistique ayant un sens allégorique.
n.f. Incorporation dans le discours d’un sens propre et d’un sens figuré, tous deux complets, au moyen de plusieurs métaphores consécutives, afin d’impliquer une chose en exprimant une autre.
Afin de parcourir et de reconnaître des territoires de grande amplitude, comme le faisaient les chasseurs-cueilleurs préhistoriques, il faut s’autoriser à entrer dans un rapport particulier au temps. Laisser les horloges et les rendez-vous derrière soi et oser s’aventurer vers d’autres coordonnées spatio-temporelles. On passe par des lieux, qui ne sont jamais les mêmes, on traverse des gués, on s’arrête, la nature se teinte de nuances, on pense des choses. (Eh oui, même à nous, ça arrive…)

La soif s’étanche directement aux sources qui affleurent. Suivre un cap, s’en écarter, se perdre bien qu’en groupe, se retrouver. Être en re**rd quand le soleil décline, chercher l’abri d’un arbre sous l’averse… Au-delà de tous les événements, de toutes les rides du terrain, des accidents de la pérégrination, on parvient à vivre avec patience l’essence de ce qu’est marcher. Mettre un pied devant l’autre et ainsi de suite alternativement, dans un mouvement qui cherche sa propre dynamique et son équilibre. Ce n’est pas moi qui avance, je me déplace immobile sur le tapis roulant de la terre.

Il existe différents types de paysages. Certains paysages physiques, comme déserts, forêts et montagnes, mais aussi des paysages poétiques, émotionnels, philosophiques, voire des paysages psychiques qui sont des sortes de pays chics. Descartes, Kant, Hegel, parmi d’autres philosophes qui promeuvent une vision du monde, une Weltanschauung(1), ont dessiné de vastes tableaux conceptuels à travers lesquels nous entrons, souvent sous la supervision d’un guide, sans savoir au premier coup d’œil quel guide suit notre guide. Mais avoir traversé un système philosophique dans sa totalité, à l’issue de moultes cogitations diurnes ou nocturnes, de veilles répétées et de précieux efforts intellectuels, est comme atteindre le sommet d’une montagne, d’où l’on peut voir la longue étendue de la plaine jusqu’à l’horizon. Un sentiment de victoire. Lorsque les nuages se déchirent, ils nous permettent d’entrevoir l’ensemble du panorama philosophique, son unité, sa logique, son organicité, ses continuités et ses ruptures. “Maintenant je comprends tout” est le mot que l’on prononce au sommet de ces montagnes à saisir le système du monde dans sa totalité (bien que de façon plus rigoureuse le philosophe devrait dire “D’ici je vois tout”, mais les philosophes sont comme les enfants, une fois qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent, ils perdent toute rigueur et tout sens de la modération).
Cependant un psychanalyste n’est pas un philosophe, et traverser le territoire de la pensée freudienne ne peut se faire en poursuivant ce paradigme. Freud a souvent critiqué les faiseurs de systèmes, les spéculateurs intellectuels qui ne se concentrent pas assez sur les faits, disant qu’ils lui causent “un malaise considérable”(2), car “il est désagréable d’abandonner l’observation en échange de disputes théoriques stériles”(2). Mais le chef de file, qui avait alors maille à partir avec la dissidence junguienne, en profita pour reconnaître qu'”il n’est pas permis d’éviter une tentative de clarification”.

En réalité, l’approche freudienne semble suivre deux voies en même temps : la clinique et la théorique, priorité ontologique étant donnée à la clinique. Un argument original pour nier que ses théorisations soient empreintes de cette fâcheuse propension à la spéculation consiste à invoquer le juge suprême de la vérité : le rêve, tel que son sens fut mis au jour dans la science du même nom. Que l’on voie donc comment moi, Feud, l’individu, je suis ingénuement dépourvu de cette tendance philosophante dans ma constitution intime… Il cite Herbert Silberer qui “a ainsi mis au jour la contribution de l’auto-observation – au sens du délire paranoïaque d’observation, dans la formation du rêve. Cette contribution est inconstante ; je l’ai probablement négligée (dans ma Traumdeutung) parce qu’elle ne joue pas un grand rôle dans mes rêves ; chez les personnes douées pour la philosophie, habituées à l’introspection, elle est peut-être beaucoup plus prononcée”(3).

Où réside la vérité de ce mensonge, et pourquoi mettre ici tout le poids physique de sa personne dans la balance ?

Les faits tels qu’ils se présentent dans l’expérience clinique sont les “marques” autour desquelles se construit l’appareil théorique qui peut changer ou évoluer avec le temps.
Nous laisserons de côté pour le moment la question de savoir si les faits existent en eux-mêmes, en dehors de toute idée qui les détache de l’indistinction du réel, en dehors de toute théorie.

Allons sur le terrain ! Conquérons ce vaste espace qui s’offre à notre faim ! Et en effet, l’espace freudien est assez vaste. Même en se limitant, dans la période dite métapsychologique, à L’Introduction au Narcissisme (1914), nous restons avec des problématisations qui nous offrent des possibilités d’errances plus que suffisantes.

En route !

Mais en nous engageant sur ce chemin, nous nous voyons poursuivis par les échos insistants de cette question que nous venons de laisser de côté : ” Les faits existent-ils en eux-mêmes, en dehors de toute théorie ? ” Ou bien plutôt est-ce la théorisation freudienne qui permet aux faits de se détacher, qui permet qu’il y ait quelque chose qui s’appelle les faits, qui les fasse apparaître ?

Dans la logique de notre allégorie du paysage et du terrain, il s’agit là d’une formation géologique intéressante, que l’on pourrait appeler un gouffre, un aven ou un abyme, tant la question est abyssale. Une cavité ronde, en forme d’œil. Le sexe de la terre, ou sa bouche… Revenons sur nos pas avant de continuer et plaçons-nous devant cet œil abyssal. Approchons-nous de lui, avec prudence et curiosité, et voyons si nous pouvons y jeter quelques pierres pour en sonder les profondeurs.

La chose princeps chez Freud est l’empreinte mnésique, l’expérience du plaisir, la marque telle qu’elle serait appliquée sur la cire vierge du nouveau-né par une mère-ambiante. Mais la marque ne reste pas marque, elle donne lieu à une représentation, une nouvelle présentation d’elle-même, sous une autre forme. Cela a-t-il quelque chose à voir avec l’intersubjectivité et la préexistence d’un ordre symbolique ? Nous jetons cette pierre dans l’abîme et nous recevons en réponse un son très affaibli, un son qui devient un mot… il semble que cela dise : “peut-être”, mais comment en être complètement sûr ?

Il existe par ailleurs pour Freud de nombreux types de représentations, par exemple des représentations de choses (Sachen). Il nous est a priori difficile de concevoir ce que pourrait être cette représentation d’une chose, et il semble tout de go beaucoup plus simple d’essayer de concevoir directement ce qu’est une chose. Simple, jusqu’à ce que nous nous posions cette simple question : “Qu’est-ce qu’une chose ?” Une autre question, une autre pierre jetée dans l’abîme d’où émanent différentes qualités de silences et de bruits, toutes très énigmatiques.

…Qu’est-ce qu’une chose !?

Comment se tenir debout face à une question si psychotique ? De cette question naît soudain une autre : ” Qu’est-ce qu’un mot ? ” car cette question n’a pas d’existence en dehors des mots qui la constituent.

Que dit l’abîme ? Que dit la bouche d’ombre comme dirait Victor Hugo ?

Silence, Castration, Absence de possibilité de représentation, Pure pulsion, Mort, Dieu, l’inconnaissable, la matrice de tout, le merveilleux et la terreur, l’Inconscient ? Peu importe…

Qu’est-ce qu’une chose ?

Cette question a été posée par Martin Heidegger dans une série de conférences qu’il a données dans les années 1935-1936 à l’université de Fribourg en Brisgau(4). C’était une époque où l’on pouvait supposer qu’il y avait beaucoup d’autres questions plus pressantes et pratiques auxquelles il fallait répondre. Cette objection semble avoir une certaine validité, et en aurait encore probablement davantage si elle n’était faite par ceux qui se soumettent avec zèle à tous les mots d’ordre de leur temps.
Heidegger commence par une petite histoire de la philosophie :
“À ce sujet, une petite histoire nous est parvenue, que Platon rapporte dans son dialogue Théétète (174 a sq.) : ” On raconte que Thalès, dirigeant son regard vers les hauteurs, et alors qu’il était occupé par la voûte céleste, tomba dans un puits. Une belle servante thrace amusée se mit à rire et remarqua qu’il voulait avec une telle passion connaître les choses du ciel, que ce qui était devant son nez et ses pieds lui restait caché”. Platon ajoute au récit de cette histoire la phrase suivante : ” La même moquerie convient à tous ceux qui s’occupent de philosophie. ” La question “Qu’est-ce qu’une chose ?”, nous devons donc la déterminer comme cette question qui fait rire les servantes. Et une bonne femme de chambre doit aussi avoir de quoi rire.”
La jouissance du rire qui fait écho à la jouissance de l’infini céleste.
Platon ne dit pas comment se termine l’histoire de Thalès, de la servante et du puits, mais il est probable qu’elle aura fini par lui donner un coup de main pour le sortir de sa situation difficile et que domestique et savant auront repris leur routine et continué à vivre leur vie comme avant. “Ici, comme toujours dans le domaine de la libido, l’homme s’est montré incapable de renoncer à la satisfaction dont il jouissait autrefois.”(3) La libido est très visqueuse.
Qu’est-ce qu’une chose ? Je me tiens devant l’abîme de cette question. C’est là que je me place, ou du moins que je place ce personnage qui me représente dans l’allégorie, et auquel je m’identifie. Appelons-le “Ψ”.

Et Ψ poursuit sa réflexion : ” Si les choses sont inconnaissables, et s’il n’y a que des représentations de choses, un système de signes où les signes ne font que se référer à d’autres signes et n’atteignent jamais les choses elles-mêmes, comment une telle question, “Qu’est-ce qu’une chose ?”, peut-elle être posée ? “Dangereusement attiré par le vide -interroger l’être, c’est interroger le néant, Ψ, à l’instar de Thalès, tombera-t-il au fond du puits, se fondra-t-il volontairement à l’abîme, laissera-t-il libre cours à sa jouissance et ira-t-il droit au but par le chemin le plus court : la mort ici et maintenant ?
Comme dirait Freud, Ψ a ici besoin urgent “d’une nouvelle action psychique”(3).

En vertu de cette allégorie du chemin et du territoire de laquelle nous sommes captifs, nous imaginerons que dans ce puits où Ψ coule ses pensées douloureuses, une grande quantité d’eau s’accumule soudain. Il a probablement plu de façon aussi soudaine qu’inattendue, et lorsque le calme revient, il peut contempler son image sur la surface calme du miroir liquide. À ce stade, le nom de notre personnage change. A partir de maintenant, nous l’appellerons “Narpsysse”.

Choix objectal et identification. Il s’agit là de deux actes psychiques distincts, et non d’un seul. L’un des ingrédients qui rend l’histoire d’Ovide si poétique et si fraîche est que Narcisse (celui d’Ovide) ne parvient pas à s’identifier à son image, il n’accomplit jamais le deuxième acte.

“Combien de baisers inutiles il donna à la fontaine, couché ! Combien de fois il plongea ses bras dans l’eau pour saisir le cou qu’il voyait, et ne saisit que l’onde ! Il ne sait pas ce qu’il voit, mais il est brûlé par ce qu’il voit, et l’erreur même qui trompe ses yeux les excite.(5)
L’expérience ne produit pas de Moi idéal. Il n’y a qu’un choix d’objet, un objet qui le fuit de la même manière qu’il a fui les approches d’Echo. Répétitions, duplications d’images et de sons. Des traces qui génèrent des traces, des hallucinations.
Ici, nous nous permettrons – car nous sommes dans la fantaisie et cela se fait dans les fantaisies – une intervention de caractère magico-divine et nous parlons directement à Narpsysse (le nôtre) :
“Hé, l’athlète, ne fais pas le petit fou ! Ne le vois-tu pas ? C’est toi !” Mot et chose dans la même image. Il m’a écouté et maintenant il nous voit sur la surface liquide, moi derrière lui et vous, aimables lecteurs, à ma suite, tous ensemble penchés sur son cas plutôt étrange. D’un geste lacanien, il tourne la tête pour nous faire face. Et il me parle :

-Pourquoi m’as-tu donné un nom si ridicule ?
-Je voulais t’imposer une marque significative.
-Et maintenant, quoi ? Tu as dessiné ce paysage pour moi mais je n’ai nulle envie de le parcourir. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
-Que reproches-tu au paysage ? Tu trouves qu’il n’est pas assez grand, pas assez diversifié ?
-C’est un désert. Un voyage qui commence par l’impuissance et se termine par la solitude ne peut que traverser un désert.
-J’ai semé mille curiosités incroyables qui te détourneront de la nostalgie de ce que tu as laissé en naissant.
-Je retrouverai partout sur ce territoire, dans tout ce que je serai assez faible pour aimer, cette image idéale de moi-même que tu as mise au fond du puits, et je me dirai amèrement que non seulement elle se répète à l’identique partout où je vais, mais qu’elle n’est que le masque d’un effroyable néant.
-Tu veux certainement dire que l’image du Moi, qui par le seul fait d’être une image est un Moi idéal, a une valeur salutaire du fait de cette joyeuse assomption à laquelle tu résistais, mais reste fondamentalement en relation avec un déficit de rapport à l’objet, une béance originelle mortelle qui lui est structurellement consubstantielle ?(6)

-C’est tout à fait ça, vieux. Et au sujet de ces “mille curiosités incroyables” que tu cherches à me vendre, elles ne me valent rien. Sais-tu ce que les physiciens disent à propos des trous noirs ?
-Je meurs de curiosité.
-Que ce n’est pas exact qu’il s’agisse de trous dans l’espace mais que c’est l’espace en tant que tel qui disparaît en eux.
-Tu t’intéresses aux sciences dures ?
-À la science de ton esprit ! Pourquoi as-tu fait cet abîme qui est la simple négation de ce qui existe, à savoir de tout le reste de ce que tu as mis dans le paysage ? Tes “mille curiosités incroyables” sont sans valeur si existe cet abîme où tout ce qui est s’invagine.
-Et bien, cet abîme, c’était juste Zur Einführung… Pour introduire, le narcissisme, mais il y a plus, il y a l’amour !
-Tu ajoutes l’ironie à la cruauté….
-Regarde, je te fais cette promesse : j’ai mis sur ton chemin certains objets, des objets d’amour, qui te raviront et te détourneront de toi-même. Cette aventure vaut la peine d’être vécue.
-Les promesses ne sont faites qu’à ceux qui y croient. Non content de prendre un plaisir pervers au spectacle de mon désespoir, tu m’engages par ta parole à me vautrer dans le mensonge. Tu ne sais que trop que tout objet est un objet perdu. Je sens que je suis sur le point de retirer de grandes quantités de la libido homosexuelle que j’ai investie en toi.
-Tu es libre de faire ce que tu veux, mais ces quantités de libido que tu me prends, tu devras les utiliser à autre chose.
-Je sais, je sais… Les options structurelles sont en nombre restreint. Il s’agit juste de choisir sa maladie et de prétendre avoir le désir de s’en guérir. Pile et face.
-C’est la vie.
-C’est combien ?
-Un morceau de toi-même. C’est le prix à payer pour ne pas sombrer complètement dans le puits sans fond.
-Te fatigue pas, et garde tes justifications pour quelqu’un d’autre. Cré nom de Dieu ! Cette allégorie manque d’allégresse.
-Tu vois… Tu commences à aimer ça !

En le regardant s’éloigner sur les chemins de son destin, tandis que s’écoutaient les échos estompés du rire de la servante, je me plongeai dans mes propres réflexions : “Il a bien failli envoyer toute ma création brûler en enfer”. Au final, j’ai quand même réussi à lui faire mordre l’hameçon… Narpsysse… c’est de quelle origine ce nom ?”

Et je suis sorti de l’allégorie bien content de moi et un certain je-ne-sais-quoi dans les profondeurs de mon être qui me tenait compagnie. Il est vrai que la vie n’a de sens que celui que nous voulons lui donner et il est également vrai que les promesses très souvent ne sont pas tenues, mais devons-nous pour autant nous en lamenter dans des plaintes sans fin ? C’est un art étrange que de montrer un chemin sans savoir où il mène, de guérir sans redresser, d’accompagner sans remplacer, de mettre en valeur sans juger. Ce fut alors que je remuais tout cela au fond de mon esprit qu’une pensée mit soudainement fin à toute ma tranquillité.

-Saperlipopette, j’ai oublié de lui filer la boussole !

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10/08/2022

L’ÉNIGMATIQUE PSYCHÉ DE L'EXPAT

Le mot psyché possède plusieurs acceptions. Au-delà de renvoyer à l’âme, au mental, ou à tout ce qui relève du “psycho”, et au-delà de ses connotations mythologiques, le mot fait référence à un objet du quotidien qui était dans le temps relativement commun. Il désigne ce genre de miroir qu’utilisaient beaucoup les élégantes et les coquettes, un accessoire qui servait à se regarder, à s’examiner, et à se scruter dans ses intimes détails avant que de sortir s’exposer au regard de l’autre.

"(Mobilier) Grand miroir mobile que l’on peut incliner à volonté, au moyen de deux axes qui l’attachent par le milieu aux deux montants d’un châssis."

"Une grande psyché faisait face à une toilette de marbre blanc, […] — (Émile Zola, Nana, 1881)"

L’oeil ne peut se regarder lui-même, dit-on, et l’oeil de celui qui part, pas davantage que l’oeil de celui qui a choisi de rester au pas de sa porte. Le voyageur cependant, cet être qui a pensé pouvoir trouver au loin mieux que ce qu’il a toujours connu chez lui, voit défiler nombre de paysages charmants qui le distraient un temps de sa propre rumeur et lui font apercevoir le miroitement toujours renouvelé de la diversité du monde. “Il(s) s’enivre(nt)/D’espace et de lumière et de cieux embrasés”, comme dit Baudelaire, mais il arrive pourtant un moment où le regard, lassé de passer d’objet nouveau en curiosité rare, se retourne sur lui-même. L’heure de l’examen solitaire attend tôt ou t**d sur son chemin celui qui a quitté les rivages bien connus de sa patrie.

Partir, c’est quitter des lieux et des êtres chers, c’est laisser derrière soi une partie de soi-même, c’est se vouer à l’inconnu de ce qui peut surgir, de ce qui vient à notre rencontre et de ce qui nous forme dans de nouvelles expériences. Partir, c’est plonger à la rencontre de cette énigmatique personne que le voyage nous appelle à devenir et que nous ne sommes pas encore.

Ce faisant, les choses que l’on a quittées acquièrent dans la distance un relief et un attrait qu’elles n’avaient pas dans notre quotidien. Elles commencent à nous manquer… Un plat typique de chez nous nous déclenche des émois gastriques aux proportions gargantuesques, les petites habitudes insignifiantes que nous avions nous deviennent précieuses dans l’éloignement, la couleur qu’avait l’automne nous paraît inimitable, et ainsi en va t-il des sons que nous écoutions avant de dormir, des odeurs que nous respirions sans y prêter grande attention. Mille détails presque oubliés deviennent l’objet d’une intense nostalgie et les points de fixation, pour notre souvenir, de ce qui nous fait défaut d’une manière insistante.

“Que suis-je venu faire ici?” se demande parfois l’expatrié face à sa psyché. Se peut-il que tout ce que j’ai laissé derrière fasse autant partie de moi que l’air que je respire. Qui suis-je ? demande t-il à son miroir.

Ulysse, après avoir erré pendant des années sur des rivages inhumains aborde un jour en qualité de naufragé sur l’île des Phéaciens. La princesse Nausicaa accepte de l’introduire, sans divulguer son nom auprès de son père, le roi Alcinoos. Les Phéaciens sont des grecs, ils en ont les moeurs et les coutumes, même s’ils habitent sur les bords du monde connu, aux confins du rêve. Ils cultivent la vigne et l’olivier et aiment à se réunir ensemble dans des banquets où ils écoutent les aèdes leur chanter les exploits fameux des héros bien connus de tous. Ainsi aiment-ils à se divertir et ainsi se sentent-ils appartenir à une même culture.

Ce soir-là donc chante l’aède Démodocos les exploits fameux de ceux qui ont pris Troie. Achille aux pieds légers, Agamemnon, Ménelas, le très-illustre Ulysse, les dieux et les hommes et comment la grande cité fut conquise et tomba, victime de la ruse du cheval de bois. À entendre ce récit cependant, l’hôte anonyme du roi Alcinoos montre une émotion hors du commun et verse des larmes amères. Le roi interromp le chant de l’aède. “Tous ici ne prennent pas un égal plaisir au récit de Démodocos, dit-il.”

“Or donc, étranger, n’esquive plus maintenant ce que je vais te demander: Dis le nom que chez toi te donnaient tes parents, les autres par la ville, et ceux qui habitaient auprès. Aucun homme en effet n’est tout à fait privé de nom, noble ou vilain, puisqu’on en a dès le début: chaque homme, à peine né, en reçoit un de ses parents.”

L’ingénieux Ulysse alors lui répondit : « Puissant Alcinoos, honneur de tout ce peuple, il n’est rien de plus beau que d’ouïr un chanteur comme Démodocos, que sa parole égale aux dieux. Croyez-moi en effet, il n’est pas de meilleure vie que lorsque la gaieté règne dans tout le peuple, que les convives dans la salle écoutent le chanteur, assis en rang, les tables devant eux chargées de viandes et de pain, et l’échanson dans le cratère puisant le vin et le versant dans chaque coupe: voilà ce qui me semble être la chose la plus belle.

Mais tu m’as questionné sur l’objet de mes plaintes, et mes plaintes ne vont qu’en redoubler. Par où donc vais-je commencer, par où finir? Je dirai tout d’abord mon nom: ainsi le saurez-vous à votre tour et, si j’échappe au jour fatal, je resterai votre hôte, encore que vivant loin de vous.

Je suis Ulysse, fils de Laërte, dont les ruses sont fameuses partout, et dont la gloire touche au ciel. J’habite dans la claire Ithaque; une montagne la domine, le Nérite aux bois tremblants; des îles en nombre tout autour se pressent, qui ont nom Doulichion, Samé, Zante la forestière. Ithaque est basse, et la dernière dans la mer. C’est une île rocheuse, une nourrice de guerriers, et moi, je ne connais rien de plus beau que cette terre…

Je te conterai le périlleux retour dont Zeus me gratifia quand je revins de la Troade. Loin de Troie donc, le vent m’entraîna chez les Cicones…”

L’épopée, bien connue de tous les Grecs souffrait jusque là certaines lacunes. Ce que chantait Démodocos n’englobait que ce qui était connu des aventures d’Ulysse, avant qu’il ne disparaisse derrière l’horizon du regard.

Et voici qu’il revient lui-même compléter le récit, et en son nom propre, raconter pour les autres son histoire.

https://www.valeryrenault-psy.fr/2022/08/03/le-mal-du-pays/Le Mal du PaysLes mentions du blues de l’expatrié remontent a...
03/08/2022

https://www.valeryrenault-psy.fr/2022/08/03/le-mal-du-pays/
Le Mal du Pays

Les mentions du blues de l’expatrié remontent au VIIIe siècle av. J.-C. Ulysse aux mille ruses, exilé sur des rivages étranges, puise le réconfort dans l’espoir qu’un jour, il embrassera de nouveau le sol de son pays et reverra sa femme, son fils et les lieux qui l’ont vu naître. De nos jours, l’expatriation a des dimensions moins exceptionnelles et moins héroïques, grâce notamment à la technologie et à la facilité des déplacements. Cependant, les symptômes de baisse de forme et de mauvaise humeur restent caractéristiques de ceux qui souffrent du mal du pays.

C’est le médecin grec Hippocrate (460-377 av. J.-C.) qui a décrit, en premier lieu, l’incidence des changements topographiques sur le bien-être de chacun. En 1688, Johannes Hofer introduisit le terme «nostalgie», dérivé des mots grecs nostos (retour) et algos (douleur), pour expliquer une maladie due à un déplacement géographique.

La «nostalgie» se définit comme un désir vague pour tout ce qui relève du passé et le «mal du pays» est ce souhait obsédant du retour.

Même si l’expatriation relève d’un désir de changement de vie, de cadre professionnel, et de découverte d’autres cultures, cette aventure peut s’avérer angoissante et source de souffrances secrètes. Sous le lustre de l’expatriation, se cachent souvent des maux familiers : isolement, solitude, perte de repères, recherche d’un sens qui s’évanouit.

LE BLUES DE L’EXPATRIATION
S’expatrier, c’est se séparer de sa terre, c’est perdre ses points d’ancrage. Si cette perte est au début vécue positivement, elle peut rapidement devenir angoissante. L’excitation accompagnant la découverte d’une nouvelle vie se dissipe bien souvent pour laisser place à autre chose, un mélange entre des problèmes quotidiens concrets et un malaise diffus.

Des symptômes physiques et psychiques
La souffrance des expatriés peut revêtir différentes formes, tant physiques (troubles digestifs, perte de poids, pathologie dermatologique…) que psychique (trouble de l’humeur, crise d’angoisse, trouble du sommeil, comportements addictifs, dépression…) avec cette difficulté particulière qu’il n’est pas toujours possible d’avoir accès à la même qualité de soins que dans le pays d’origine. Plus la culture du pays d’accueil est éloignée de la vôtre, plus évidemment le choc culturel est grand.

Le chorus des conjoints
Les conjoints d’expatriés, qui souvent ont quitté leur travail et se retrouvent sans activité professionnelle peuvent vivre diversement cette vie devenue soudainement vide de tâches à remplir. Déprime, baisse d’estime de soi, sentiment d’abandon, sont autant de réactions courantes. Ces ajustements nécessaires ne se limitent d’ailleurs pas aux adultes. Enfants ou adolescents vont devoir aussi trouver une place dans ce nouvel environnement. Le changement de cadre de vie peut faire émerger des souffrances nouvelles.

QUELQUES CONSEILS
Gardez les liens amicaux du pays d’origine
Lorsque vous verbalisez l’annonce de votre départ, les réactions de vos amis peuvent être très variées : envie, encouragements, bons voeux de bonheur pour votre nouvelle vie ou pur et simple rejet. Certains comprendront votre démarche, d’autres pas. Nous avons tous besoin de nous inscrire dans un groupe de pairs. Lorsque celui-ci est remis en cause, la mise à distance peut faire émerger l’angoisse de séparation et un fort sentiment d’abandon. Ainsi, conserver les liens est essentiel. Aidé par la technologie, il est aisé de s’appeler ou de se voir à moindre coût. Il s’agit là d’une véritable capacité d’adaptation au changement de situation.

Développez des amitiés dans le pays d’origine
Il est évidemment nécessaire de rencontrer les gens du pays, pour comprendre et s’intégrer à la culture locale. Mais les relations sont parfois nouées rapidement, sans persister dans la durée. Les liens peuvent être paradoxalement forts et superficiels à la fois. Certains préfèrent s’orienter vers des personnes de même niveau social, partageant les mêmes visions de vie, avec des similitudes dans les attentes éducatives et culturelles. D’autres, que l’interlope stimule, seront plus attirés par la pure altérité.

Optez pour des compétences interculturelles
Il est important de connaître la culture du pays pour développer d’autres modalités de relations, mais encore faut-il la comprendre. Il peut être coutumier par exemple, dans certains pays, de demander des nouvelles de la famille à une personne que l’on salue, en signe de respect. Si l’on persiste à vivre cette conduite comme une intrusion dans la sphère du privé, on se coupe simplement de la possibilité de faire des rencontres significatives et réelles. La majeure partie des échecs de l’expatriation est liée à la difficulté à s’adapter à son environnement, à la sous-évaluation du changement des repères anthropologiques.

Les enfants : facteurs d’intégration
En âge scolaire, les enfants sont de véritables facteurs d’intégration. L’école et les activités extra scolaires sont des lieux où sont possibles une multitude d’interactions sociales, et offrent la possibilité d’élargir le cercle de ses connaissances. Il n’est ainsi pas rare, comme d’ailleurs dans le pays d’origine, que les parents se fréquentent et deviennent amis.

“Et la question du retour, Ulysse!”
Si l’expatriation est à préparer et à organiser, le retour doit tout aussi être source d’attentions particulières. La plupart des personnes rentrant dans leur pays d’origine après quelques années passées au loin, sont en parfait décalage! Il s’agit bien d’une impatriation, c’est à dire un retour qui revêt un caractère d’étrangeté, un drôle d’exil à l’envers.

Lorsqu’il eut finalement regagné le sol de son Ithaque natale, Ulysse fils de Laërte massacra les prétendants et retrouva la jouissance de tous ses biens. Cependant, ce n’était pas encore la fin de son Odyssée. Le dieu Poséïdon, qui l’avait fait errer des années sur la mer grise d’écume était irrité contre lui. Après consultation, il fut décidé que la seule manière de l’apaiser serait la suivante :

“Quand l’aube aux doigts de rose s’avancera sur les collines, tu partiras vers l’intérieur des terres emportant une rame de navire. Tu marcheras ainsi toujours plus avant jusqu’à ce qu’une personne te demande pourquoi tu portes cette pelle à pain sur ton épaule. Les habitants de ce pays n’ont jamais vu de rame… En ce lieu précis, tu édifieras un temple au dieu de la mer. Et seulement alors, il te sera permis d’avoir le destin dont tu rêvais lorsque tu étais captif sur l’île de Calypso. Tu mourras de vieillesse au milieu des tiens, une mort douce qui te fermera les yeux sur la terre natale.”

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