Bruno Filiol de Raimond - HypnoPrax

05/03/2023

AIDANTS FAMILIAUX - LA TASSE QUI FAIT DÉBORDER LE VASE…

L'Hypnose peut permettre aux Aidants Familiaux ou Professionnels, épuisés par le caractère hors normes de leur vie, d’appréhender leur situation sous un angle différent.

UN PETIT CAFÉ, la tasse qui fait déborder le vase…

« Je peux vous offrir un café ?... … Vous prendrez bien un petit café… …Marc donne donc un café à Monsieur… … Marc mon chéri… » ...

Marc, L’Aidant, a cinquante-neuf ans, sa mère quatre-vingt-douze, l’Aidant s’occupe de sa mère H-24. L’Aidant est ce que l’on appelle un « Aidant Familial ».
Comme la plupart des aidants familiaux l’Aidant n’a aucune formation. L’Aidant n’était pas destiné à cela. L’Aidant est un autodidacte en matière d’accompagnement.

Ce café est la tasse qui commence à faire déborder le vase, ce vase est le nième vase d’une journée qui en comptera encore un bon nombre et qu’il faudra essayer de vider tant bien que mal… L’Aidant n’en peut plus.

Je suis chez un patient et cette anecdote me fait sourire. Moi, c’était « On mange quoi ? … Huuuummmm, c’est bon ça… … Qu’est-ce qu’on mange ? … Tu es sure ? … ben non, on n’a pas mangé… Ah bon ? … … alors, qu’est-ce qu’on mange ? … ».

L’Aidant ne sourit pas. L’Aidant est à bout. L’Aidant est crevé, usé, fatigué, épuisé… L’Aidant a perdu le sens de l’humour et se demande si sa mère ne joue pas les intéressantes. Si elle n’essaye pas d’attirer l’attention par tous les moyens ou alors si elle n’essaye pas de se venger d’une quelconque parole ou brimade qui auraient pu la blesser. Si elle n’a pas décidé de le pousser à bout juste pour le pousser à bout… pour s’amuser… pour exister…

L’Aidant ne comprend pas… L’Aidant ne peut pas comprendre… L’Aidant est à deux doigts d’exploser.

Alors j’explique à Marc une chose toute simple en utilisant une métaphore, celle de la vie et de la maison.

Au début de la vie notre univers se résume à un berceau, un lit, une chambre… Puis nous habitons une maison avec plusieurs pièces qui ont chacune sa spécificité. Des pièces à vivre, le salon, la salle à manger, la chambre à coucher et des lieux de stockage tels que le sellier, la cave, le grenier… On y range chaque objet en fonction de son utilisation et de sa fréquence d’utilisation… dans la phase ascendante de la vie on accumule et on stocke toujours plus de choses ou d’objets, de souvenirs…

Puis les enfants partent, la maison devenue trop grande on se réduit. On dispose de moins d’espace mais on conserve… alors on entasse, on empile et on met dès lors de plus en plus de temps à accéder à nos affaires. Il faut soulever, fouiller, déplacer, transporter afin de mettre la main sur l’objet ou le souvenir que l’on recherche.
Il peut arriver parfois, puis souvent, qu’on ne le voit pas, qu’on ne le trouve pas et pourtant il était là, mais où ?

La mémoire est comme cette maison et les maladies de la mémoire sont comme un déménagement pour une maison beaucoup plus petite. Un espace dans lequel nos affaires sont empilées dans un désordre incommensurable et dans lequel aucun objet, aucun nouveau meuble ne pourra rentrer car on n’a plus de place…

La mère de Marc ne le fait pas exprès, elle ne peut plus laisser entrer et mémoriser la moindre information.

Marc peut alors mieux comprendre le comportement de sa mère et les émotions que ressentent les personnes désorientées lorsqu’elle se trouvent en situation d’échec, face à des questions précises auxquelles elles ne peuvent répondre. « Ta promenade était agréable ? Tu as eu de la visite ? Où as-tu rangé ton mouchoir ? »…

La mère de Marc ne peut pas le savoir car à priori plus rien n'entre dans sa maison, dans sa mémoire et elle souffre de cette incapacité dont elle a conscience.

Marc regarde sa mère sous un autre jour…

Il s’intéresse maintenant à ce qui reste plutôt que à ce qui est parti.
L’autohypnose à laquelle je l’ai formée lui permet de reprendre en lui les forces qui lui permettent de poursuivre un peu plus sereinement cette longue aventure qu'est le rôle de l'aidant d'un patient atteint du grand-âge.

Bruno FILIOL de RAIMOND
Hypnothérapeute
Hypnose Humaniste & Ericksonienne
Hypnose Classique
Hypnose Paris 16 - Hypnoprax

02/03/2023

Nous avions tout.

Famille « réadaptée » avec succès à la suite d’un divorce et d’une convalescence qui ne devait durer que quelques semaines, nous vivions ma mère, ma fille et moi en parfait partage depuis quelques années.

Un soir de septembre un léger problème de vision rapidement suivi d’un autre léger problème, de diction cette fois, s’invita en fin de dîner à notre table.
Nous avions respectivement 7, 57 et 86 ans.

C’était en 2011 et j’entamais mes premiers pas dans un univers totalement inconnu dont j’allais faire mon univers.

La descente progressive s’accéléra, s’amplifia, et nous mena jusqu’au chaos le plus profond.

Les mots qui au début se voulaient réconfortants perdaient chaque jour un peu plus leur sens, laissant place à la dépression, à la tristesse, l’insomnie chronique, l’irritabilité, l’incompréhension, la saturation, la révolte, l’épuisement, les idées noires…

Il m’aura fallu des années pour apprendre et comprendre ce qui est pour moi une évidence aujourd’hui : ma mère n’était pas toujours là où je la voyais ; ses questions répétitives n’avaient pas pour but de m’exaspérer ; les épisodes agressifs n’étaient qu’un mode de communication ou de défense ; sa souffrance était réelle…

Ce que j’ai vécu est le lot quotidien de tous les accompagnants, aidants familiaux ou institutionnels. Une descente sordide dans les méandres de vies qui persistent à se battre pour continuer à exister bien au-delà des simples soins techniques…

J’ai eu la chance d’être accompagné par ma fille alors âgée de quatorze ans et soutenu moralement par une cousine lointaine. C’est à elles seules que je dois de ne pas m’être laissé embarquer.

Aujourd’hui je travaille en tant qu’Hypnothérapeute, je suis heureux, et j’ai appris de l’expérience et des formations que j’ai suivies à apprécier et à communiquer en toutes circonstances ne serait-ce que par le biais d’un sourire et que ce sourire change tout.

J’accompagne les patients et leurs aidants afin de leur permettre de suivre leur chemin en parfaite intelligence et sérénité…

J’apporte la plus grande importance au confort des accompagnants dont la tâche est bien souvent peu ou mal reconnue et dont le rôle est primordial.

Bruno FILIOL de RAIMOND
Hypnothérapeute
Hypnose Paris 16
Hypnoprax

04/01/2023

03/01/2023