15/11/2025
Il y a un moment, et ça n’est pas parmi les plus simples mais c’est parmi les plus fertiles, pendant lequel toute forme de délégation à l’extérieur de la connaissance tombe, ne tient plus.
La quête de trouver ce texte qui résume l’absolu et trace le chemin pour y revenir, pour l’incarner, dans toutes ses étapes, finit en quelque sorte, cesse.
Ou bien cette personne qui lui a la connaissance absolue, et peut indiquer sans défaillance, sans manque, toutes les étapes pour l’incarner. il arrive un moment où cette quête rencontre l’impossibilité d’être satisfaite, sans pourtant fermer les oreilles au monde.
Je lis la Bible, et certains passages ne résonnent pas, oser les questionner ? Finalement, ce sont des transcriptions, parfois pas mal à posteriori, faites par des hommes, ensuite réinterprétées par des hommes, des hommes limités dans leur réalisation, tout comme moi, nous.
Chaque texte, chaque enseignant, chaque voie, transcrit dans le limité des moyens et des compréhensions l’infini, l’écart est inévitable.
Chacun porte des pièces de vérité intacte, et d’autres pièces remaniées, interprétées, ajoutées, enlevées, altérées. Consciemment, plus fréquemment inconsciemment je crois.
Dieu parle en nous, tout le temps. En chacun.
Et sa voix est derrière les bruits de nos personnalités manquantes d’amour, solutionnantes du problème dont ignorent la nature, et dont sont la manifestation et ne peuvent pas être la résolution. Donc se dédier à cette écoute demande notre choix d’abord, une récupération de la projection dehors pour enfin accepter que c’est dedans ce qu’on cherche, ou plus précisément, c’est dans l’intime de notre dialogue, de notre relation à la source. Qui ensuite s’exprime à travers une infinité de canaux, situations, textes, personnes, et dans le silence simplement de nos retournements à l’intérieur.
Cette écoute est extrêmement naturelle, et extrêmement demandante à la fois.
Demande honnêteté de voir clair nos remaniements, nos attachements au confort de l’histoire qu’on se raconte, des routines qu’on gère plus ou moins, demande de tout retourner, tout laisser écouler, tout risquer.
Entre “je n’écoute rien car personne ne sait” et “ce qui sait est là dehors quelque part et moi je peux me détendre dans cette démission et suivre”, il y a la responsabilité, et la liberté qui s’y épouse.
Je discutais aujourd’hui dans un groupe des “mystiques” que j’ai beaucoup aimés d’ailleurs, des gens très sympas : ils suivent un enseignement qui adopte l’assomption que le corps a été créé par la conscience de séparation, donc par l’ego, et non pas par Dieu. Le corps, la création, les formes.
Produit de la conscience qui est tombée dans un sommeil quant à l’union avec la source qui l’a créée.
Dans mon profond, je sens un non, un « ce n’est pas vrai ».
Difficile de dire cela, d’autant plus à la première fois que je rejoins ce groupe, difficile valider cette voix en moi, quand cette interprétation s’appuie sur une source unanimement “fiable”, reconnue. Par des humains, évidemment. Cependant je ne peux pas m’empêcher d’honorer cette guidance en moi, avant et surtout.
J’exprime ce qui est là en moi : que la création est de Dieu, que le corps, la forme est son choix d’expérience de soi-même. Que le bas (la création, la matière, la forme, le corps et tout ça est en un seul mot le Féminin) est le visage féminin de Dieu, et non pas une erreur de visée, duquel on espère se réveiller. Un cauchemar.
Je sens un non à un regard, une interprétation qui sépare prétendant réunir. Je cherche qui puisse reconnaître cette vérité, et c’est là qu’à chaque fois je me suis prise les pieds dans le tapis.
Parfois le monde ne valide pas, pourtant cette voix en moi est claire comme le cristal, à qui croire ?
Je choisis de rester avec la question, je ne suis pas pressée d’avoir des réponses, toutes urgences risquent de surgir d’un passé non résolu.
J’accepte mieux aujourd'hui cette zone d’inconnu où des questions demeurent ouvertes, et moi j’apprends à demeurer ouverte avec elles.
Je ne peux plus épouser des dogmes. Une vérité, une déclaration, n’est plus suffisante qu’elle soit reportée.
Une vérité j’ai besoin de la sentir au fond de moi, vraie.
Il serait plus facile de s’inscrire dans une appartenance qui gomme les écarts éventuels, mais simplement je ne peux pas.
Pourtant il y a tellement dans ce texte sur lequel cet enseignement pose qui me parle jusqu’au très très fond.
C’est à la vérité que je suis engagée, non pas à mon besoin de rassurance. C’est la différence entre religions et spiritualité.
C’est ok de remettre des certitudes en question, ce qui ne veut pas du tout dire jeter, ni s’opposer dans un élan de contre-dépendance. Veut dire vérifier, dans l’écoute intérieure, la vérité qui est là, en chacun de nous.
Rester actifs, sans basculer dans la fermeture, dans l’a priori, dans la réactivité chargée d’histoire émotionnelle.
C’est l’Amour du vrai, c’est d’être consacré et c’est certainement la Foi, qu’à chaque être humain est donné ce discernement.
Car finalement cette vérité est qui nous sommes, et elle se recompose, probablement dans un processus qui ne connaît pas la fin, à travers une multitude de pièces ; provenant de toutes sortes de directions, un texte sacré, le commentaire de mon boulanger, un rêve, un enseignant, mon ami, toutes sortes de sources,
dont le cœur, à travers lequel la Source nous parle, reconnaît la résonance.
Ou pas.
Avec amour,
Ilaria