27/10/2025
Mémoire des chapelleries de la Haute Vallée de l’Aude.
L’histoire de la Haute Vallée de l’Aude est profondément liée à celle de la chapellerie.
Pendant des décennies, des familles entières ont consacré leur vie à cet artisanat d’excellence, faisant rayonner nos villages bien au-delà de nos frontières.
Ce texte est un hommage à leur travail, à leur transmission, et à la mémoire vivante qu’ils nous ont laissée.
Dans la Haute Vallée de l’Aude, l’industrie chapelière a profondément marqué la vie des villages de Couiza, Espéraza, Montazels et Quillan. Pendant plus d’un siècle, ces lieux ont résonné du bruit des machines et des gestes précis des artisans qui façonnaient, avec passion et rigueur, des chapeaux de feutre réputés dans le monde entier.
Chaque atelier était un véritable foyer d’activité, un lieu où se mêlaient savoir-faire, solidarité et transmission. Les hommes et les femmes y travaillaient côte à côte, souvent en famille, perpétuant un art exigeant où rien n’était laissé au hasard. Travailler la laine, modeler la feutrine, donner forme à un chapeau : tout reposait sur la patience et la maîtrise de gestes transmis de génération en génération.
À Espéraza et Couiza, la chapellerie a été le poumon économique et social de toute une région. Des milliers de chapeaux sortaient chaque année des ateliers, partant vers les grandes villes et l’étranger. Aujourd’hui, le Musée de la Chapellerie d’Espéraza veille sur ce patrimoine et rappelle la grandeur de cette épopée ouvrière et artisanale.
À Montazels, la tradition perdure grâce à la chapellerie "MontCapel", la dernière en France à fabriquer des chapeaux de A à Z, de la laine au produit fini. Héritière directe des manufactures d’autrefois, elle perpétue un savoir-faire rare, symbole d’une mémoire encore vivante.
Et à Quillan, la chapellerie "Bourrel", fondée par Jean Bourrel au début du XXᵉ siècle, a marqué durablement le paysage industriel. Véritable moteur pour la vallée, elle a fait vivre des générations d’ouvriers avant de se reconvertir, laissant une empreinte forte dans la mémoire collective.
Il ne faut pas oublier non plus que, dans ces ateliers, beaucoup d’enfants travaillaient aux côtés des adultes. Certains y entraient très jeunes, pour aider leurs parents ou apprendre le métier. Les tâches étaient souvent dures : trier la laine, transporter les ballots, alimenter les machines, ou simplement supporter la chaleur et le bruit des ateliers. Les journées étaient longues, mais ces jeunes ouvriers faisaient preuve d’un courage immense.
Malgré la difficulté, beaucoup gardaient un profond attachement à cette vie de l’usine, symbole de solidarité et de fierté partagée. Leur contribution mérite tout autant d’être rappelée : ils ont participé, à leur manière, à faire vivre les chapelleries et à transmettre un savoir-faire qui reste aujourd’hui un véritable patrimoine humain.
Ces chapelleries n’étaient pas de simples usines : elles représentaient l’âme de nos villages. Elles ont façonné des vies, des familles et des destins, donnant à la vallée une identité tissée de travail, de fierté et d’un savoir-faire incomparable.
Cet hommage s’adresse à toutes celles et ceux qui ont participé à cette grande histoire, à leurs descendants qui en gardent le souvenir, et à cette mémoire commune qui continue de vivre à travers les récits, les photos et la reconnaissance de leur héritage.
Si vous avez des photos, souvenirs ou documents familiaux liés à ces chapelleries, n’hésitez pas à les partager ici. Chaque témoignage fait revivre un peu cette belle histoire.