31/03/2016
Je me suis beaucoup interrogée sur le sujet de mon premier article... je voulais quelques chose de construit, de "costaud" même, mais aussi d'un peu personnel... en fait le sujet s'est imposé de lui-même, à mille lieues de ce que j'envisageais de traiter au départ.
SHIATSU ET ENGAGEMENTS
Qu'est-ce qui se passe pour moi lors du premier contact avec un cheval pour un shiatsu ?
C'est un triple engagement de ma part envers lui... Premièrement, sans surprise pour vous, je m'engage à faire de mon mieux pour l'aider, le soulager. Ensuite, je m'engage à l'écouter, à prendre toutes les informations qu'il me transmettra comme importantes et à comprendre quel en est le sens, quelle en est l'origine, et comment y répondre. Mon troisième engagement ne dépend pas que de moi... Face au cheval, au moment où je pose mes mains sur lui, je m'engage à transmettre tout ce qu'il m'aura dit à son propriétaire. Et ce n'est pas la partie la plus simple de mon travail...
Je crois qu'il est important qu'au moment où vous faites appel à moi (ou à un autre praticien Shiatsu/soins énergétiques/communicateur animal etc.), vous ayez conscience de cela.
Vous appelez parce que vous avez des interrogations bien légitimes... pourquoi mon cheval refuse-t-il de galoper ? Pourquoi mord-il toujours au sanglage ? Pourquoi est-ce qu'il n'engage pas ? Pourquoi ces ulcères gastriques à répétition ?
Mais êtes-vous vraiment prêts à entendre les réponses ? Et êtes-vous vraiment prêts à opérer un changement dans votre façon de faire, si cela est nécessaire ?
"Le problème, dans la communication, c'est que bien souvent on n'écoute pas pour comprendre, on écoute pour répondre."...
Il est plus simple et donc bien tentant d'apporter une réponse immédiate mais non réfléchie à un cheval (d'autant plus lorsqu'il fait quelque chose qui nous déplaît...). Mon cheval mord au sanglage ? Il se prend une bonne claque. Quant à chercher à savoir s'il a mal et pour quelles raisons il peut bien faire ça, on est en 2016 mais encore trop peu de cavaliers auront cette démarche. Une claque, c'est plus facile.
Je suis désolée si je parais un peu amère à ce sujet (et je ne suis pas encore diplômée, ça promet pour les années à venir !).
Le cheval SAIT très bien ce que j'ai perçu de ses maux, de ses malaises, de ses déséquilibres. Et il sait que VOUS SAVEZ. Si rien n'est fait pour tenir compte de ce qu'il NOUS a dit (je ne me considère ni plus ni moins que comme un intermédiaire qui a la "technique" pour vous aider tous deux), il aura tous les droits de se sentir trahi. Et je ne fais sûrement pas ce travail pour trahir les chevaux...
Un cas bien précis pour illustrer ce que je viens de vous dire... On m'appelle pour un cheval qui "fait du rodéo". Grosse douleur dorsale, j'isole la vertèbre déplacée et l'organe qui lui est associé, mais la douleur est installée depuis longtemps. J'explique donc au propriétaire qu'il me faudra revenir et qu'il serait bien que l'ostéopathe passe aussi parce que le cheval a vraiment très mal... Il me répond "Oui, je vais y penser, mais comme je suis en concours samedi, ça devra attendre, là j'ai 2h de stage chaque jour." Je ne suis pas très diplomate, c'est le moins qu'on puisse dire, et des situations comme celle-ci me mettent absolument hors de moi. Comment est-ce qu'on peut laisser croire à son cheval qu'on va l'écouter et prendre son mal en considération, alors que finalement pour notre petit confort on préfère faire la sourde oreille ?
Si la praticienne que je suis s'engage moralement au moment du premier contact, je pense qu'il est nécessaire que le propriétaire que vous êtes fasse de même...
Bien sûr, on pourra m'objecter que je peux me tromper, et c'est évidemment vrai. Mais si j'ai des doutes, je vous en fais part, et si je vous dis que je suis sûre qu'il y a une douleur/une gêne, je peux généralement vous le prouver (dans le cas ci-dessus, pas bien difficile de poser la main du propriétaire sur la vertèbre concernée pour lui faire sentir et la chaleur qui s'en dégage, et la douleur intense au toucher...).
Quant à l'objection "le cheval ne peut pas savoir que je sais qu'il a mal !", je peux vous assurer du contraire (et vous renvoyer vers les ouvrages en la matière qui sont légion). Et si un cheval pardonne nos erreurs quand on pense faire au mieux, il n'a pas cette facilité quand on agit en toute connaissance de cause...