13/10/2025
Le Narcissisme
Le narcissisme constitue le fondement de la confiance en soi. Lorsqu’il se dérègle, il renvoie à une importance excessive accordée à l’image de soi.
Le narcissisme primaire
Chez le jeune enfant, la libido est entièrement tournée vers lui-même : il vit dans une forme d’autosuffisance libidinale (libido du moi). Puis, en grandissant, il apprend à différencier les autres de lui et à investir ses affects vers l’extérieur (libido d’objet). Ce n’est qu’après avoir aimé les autres qu’il peut revenir à une forme plus mature d’amour de soi.
Le narcissisme secondaire
Il repose sur un moi différencié mais s’accompagne d’un retrait libidinal des objets extérieurs. L’amour se replie sur soi, parfois en circuit fermé. Dans les cas extrêmes, ce repli engendre une relation aux autres purement instrumentale.
Qu’est-ce que s’aimer soi-même ?
S’aimer n’est pas seulement s’admirer. Freud montre que cet amour de soi est en réalité la tentative de retrouver la manière dont nous avons été aimés. Aimer son image, c’est vouloir restaurer un idéal forgé dans l’enfance. Être narcissique, c’est donc poursuivre un idéal enraciné dans le passé.
Le trouble de la personnalité narcissique
Contrairement au borderline, qui doute de sa valeur, le narcissique s’aime sans réserve et se croit exceptionnel. Il se distingue de l’antisocial par sa grandiosité et son besoin d’admiration. L’autre n’a de valeur que pour nourrir son ego. Arrogant, peu empathique, il supporte mal la critique et ne se remet guère en question.
La perversion narcissique
Souvent confondue avec le trouble narcissique, elle désigne une instrumentalisation de l’autre. Le pervers narcissique séduit, manipule, renverse les situations et use de stratégies insidieuses pour dominer. La relation devient une scène de pouvoir, vidée de toute réciprocité : séduction, emprise, disqualification.
La perversion est une anti-relation : elle nie le sujet en l’autre et transforme le lien en rapport de force.
La blessure narcissique
Toute atteinte à l’image de soi (critique, rejet, perte) peut provoquer une blessure narcissique. Plus la personne à l’origine de la blessure est investie, plus la douleur est profonde. Elle peut entraîner dépression ou somatisation.
La psychothérapie permet de restaurer une estime de soi plus réaliste et d’apaiser ces blessures d’amour-propre.
Termes voisins
• Égocentrisme : se croire au centre de tout, sans véritable amour de soi.
• Mégalomanie : surestimation délirante de soi, parfois symptôme d’un manque affectif ou d’une psychose.
En résumé
La naissance inaugure la première blessure narcissique, la perte de la complétude originelle. Toute la vie, l’être humain cherche à restaurer cette unité perdue. Lorsque ce processus échoue, la névrose apparaît.
Rappel mythologique
Narcisse, né d’un viol et marqué par l’impossibilité d’aimer, s’éprend de son propre reflet. Il meurt d’un amour impossible et devient la fleur qui porte son nom, symbole éternel d’un désir retourné sur soi.
Tableau : Narcissus. Caravaggio.