05/12/2025
Quelle est cette mystérieuse bascule qui disparaît quand on ne cherche plus, dehors, ce que l'on croit manquer en soi ?
Quand on parle de complétude, il ne s'agit pas d'un état froid, distant, ni d'un retrait du monde.
C'est tout l'inverse.
C'est un espace intérieur plus vaste, plus respirant, où l'amour circule naturellement, sans la mécanique de la "chute".
On ne "tombe plus" amoureux, non pas parce que l'on se ferme, mais parce que l'on ne glisse plus hors de soi.
La chute appartient au temps où l'on cherchait encore un appui extérieur pour équilibrer une polarité intérieure.
Elle naissait d'une tension : l'Animus appelant une direction, l'Anima appelant une contenance, chacun espérant l'entendre à travers l'autre.
Lorsque ces deux intelligences intérieures trouvent un dialogue vivant, quelque chose se pacifie.
L'amour ne se précipite plus sous forme d'élan irrésistible.
Il se manifeste autrement : plus rond, plus clair, plus stable.
Il n'y a plus ce mouvement de basculement, parce qu'il n'y a plus de vide qui crée l'attraction.
Cela ne signifie pas que l'on aime moins.
On aime autrement.
L'amour devient un état, pas une chute.
Un rayonnement, pas une quête.
Une présence, pas une projection.
La complétude ouvre un espace où l'on peut ressentir profondément, vibrer pleinement, sans perdre le fil de soi.
L'intensité ne disparaît pas, elle s'affine.
Le cœur ne se ferme pas, il gagne en intelligence.
Le lien ne se rompt pas, il cesse simplement d'être une compensation.
On ne "tombe plus" amoureux parce que l'on ne tombe plus en dehors de son axe.
Et c'est précisément depuis cet axe que l'amour peut se vivre plus librement, plus largement, plus véritablement.