10/11/2025
Chronique du jour – “Surfer sa meilleure vague”
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de M.
M, c’est une femme que j’accompagne depuis un peu plus d’un an. Une femme que j’ai vue s’effondrer, puis se relever, puis retomber, avant de retrouver un nouvel équilibre – fragile, mouvant, mais bien réel.
M, c’est une femme en burn-out… mais pas seulement. Derrière ce mot qu’on entend trop souvent, il y a une histoire, un parcours, une quête. Depuis toute petite, elle cherche sa place. Et à force de la chercher, elle s’est perdue en route. Chercher sa place, c’est épuisant. Ça use les ailes. Et parfois, à force de battre trop fort, on finit par tomber, par exploser, par ne plus savoir où donner de la tête.
Ce que j’aime chez M, c’est qu’elle ne lâche pas.
C’est une femme qui, malgré les tempêtes, continue à vouloir apprendre à surfer sur les vagues que la vie lui envoie. Mais ces derniers temps, elle a bu la tasse. Trop de deuils – symboliques, physiques, intérieurs. Trop de remous. Et pourtant, même épuisée, elle reste là, debout (ou presque), en train d’essayer de reprendre son souffle.
Les entre-deux sont les plus inconfortables : cette période suspendue entre déconstruction et reconstruction. C’est le moment où tout semble flou, où la poussière de l’ancien monde n’est pas encore retombée, et où le nouveau tarde à se dessiner. Et pourtant, c’est là que tout se joue. C’est dans ce brouillard, dans ce “pas encore” et “plus tout à fait”, que le phénix commence à préparer son envol.
M a connu ces périodes où le soleil réapparaît timidement, avant qu’un nouveau brouillard ne vienne tout recouvrir. Ces allers-retours entre espoir et découragement, entre énergie et épuisement. Mais elle avance, M. Elle avance dans sa transformation, parfois même un peu trop vite. Et c’est là que je la freine – doucement. Parce que dans tout processus de reconstruction, le temps d’infusion est essentiel.
On croit souvent qu’il faut “faire” pour aller mieux.
Mais parfois, c’est dans le non-faire que le vrai travail s’opère. Laisser le corps et l’esprit assimiler, digérer, se déposer. C’est ce que j’appelle le “temps d’incubation”. Et ce temps-là, M a du mal à le respecter. Elle veut bien faire, elle veut avancer, elle veut “y arriver”. Et pourtant, c’est précisément dans le ralentissement que le mouvement s’amorce.
Ce matin, j’ai envoyé un petit message à M. Une simple relance, une main tendue entre deux séances. Elle a saisi cette main, sans vraiment savoir pourquoi, juste parce que quelque chose en elle a dit “vas-y”. Et elle a bien fait. Parce que même si elle a l’impression de boire la tasse, moi, je la vois, là, en train de surfer sa plus belle vague. Celle de la transformation.
J’aime ces moments.
J’aime vous accompagner dans vos dé-constructions, parce que j’ai déjà un aperçu de votre re-construction.
J’aime me prendre pour Bob le bricoleur, à ajuster les fondations.
J’aime jouer à l’architecte, à rêver les plans de votre futur “moi”.
Et j’aime, surtout, voir vos phénix renaître, un battement d’aile après l’autre.