09/11/2025
🙏💛🎼
On ne parle pas souvent de ceux qui restent.
De ces frères et sœurs à qui la vie a arraché une moitié d’enfance, une moitié de repère.
On dit qu’ils sont jeunes, qu’ils oublieront.
Mais comment oublier celui ou celle avec qui on a tout partagé — une chambre, les secrets, les colères, les fous rires, les rêves d’avenir ?
Comment oublier ce regard qu’on cherchera toujours dans la foule, même des années plus t**d ?
Dans une fratrie, quand la mort passe, tout change de place.
Les rires deviennent timides, les photos se figent.
Il y a celui dont on parle au passé, et ceux qui n’osent plus trop rire sans culpabilité.
Parce que le bonheur a parfois un goût amer quand il manque quelqu’un à table.
Les frères et sœurs d’un ange grandissent trop vite.
Ils apprennent à taire leur chagrin pour ne pas alourdir celui des parents.
Ils apprennent à être « forts », alors qu’à l’intérieur tout s’écroule.
Ils deviennent ces enfants silencieux qui regardent le ciel un peu plus souvent que les autres.
Ceux qui savent déjà que la vie est fragile, injuste, imprévisible.
Et puis, il y a la colère — oui, cette colère qu’on tait.
Contre le hasard, contre la maladie, contre le monde entier.
Parfois même contre ce frère ou cette sœur parti trop tôt, parce qu’on aurait voulu qu’il se batte plus fort, qu’il reste un peu plus.
Et rien que de penser ça, on se sent coupable.
Il y a aussi la peur : celle d’oublier le son de sa voix, le grain de son rire, son odeur après la do**he, les petits mots laissés dans un cahier.
Alors on garde tout.
Les habits, les dessins, les messages, les photos — comme des reliques d’un autre monde.
Mais au milieu de tout ça, il reste un amour immense.
Un amour qui ne s’efface pas, même quand la douleur se fait plus discrète.
Un amour qui devient un moteur, une boussole, une force tranquille.
Parce que quand on a eu la chance d’aimer un frère ou une sœur qu’on ne reverra plus, on sait que chaque jour compte.
On sait que rien n’est acquis, ni la tendresse, ni les rires, ni la vie.
Alors oui, c’est compliqué d’être le frère ou la sœur d’un ange.
C’est grandir avec un manque qui ne se comble pas.
C’est marcher entre la lumière et l’absence, entre le souvenir et la vie qui continue.
Mais c’est aussi aimer plus fort que tout.
Parce que quand on aime quelqu’un qu’on ne peut plus toucher, on apprend à aimer autrement : avec les yeux, avec les gestes, avec le cœur.
Et ça, c’est pour toujours.
Texte Géraldine Lenoir Fauvel