29/11/2025
Les pharmacies rurales ne ferment pas par manque de patients.
Elles ferment parce que le modèle économique n’absorbe plus la réalité du terrain.
Depuis deux ans, on observe quelque chose d’inédit :
des zones entières se retrouvent sans pharmacie alors que la demande augmente.
C’est un paradoxe typiquement français :
plus le besoin est fort,
plus le modèle s’effondre.
Ce que disent les chiffres -->
Selon l’Ordre national des pharmaciens :
• plusieurs centaine/an officines ont fermé depuis 2021,
• 60 % de ces fermetures concernent des zones rurales,
• les reprises deviennent quasi impossibles faute de candidats,
• la densité pharmaceutique s’effondre hors ville.
Ce n’est pas une question de population.
Ce n’est pas une question de santé publique.
C’est une question d’équation économique.
Le vrai problème : la ruralité augmente tout ce que la marge ne peut plus absorber
Une pharmacie rurale, c’est :
• plus de kilomètres,
• plus de logistique,
• plus de rôle social,
• plus d’urgence,
• plus de “petits” actes répétés,
• plus de gratuité relationnelle,
• moins de volume,
• moins de marge.
La combinaison est fatale :
plus de services --> moins de rentabilité.
Pas parce que le pharmacien fait mal son travail.
Parce que le modèle n’est plus dimensionné pour absorber 2025.
Ce qu'on voit sur le terrain -->
Dans les zones rurales, la pharmacie n’est pas seulement un point de santé.
C’est :
– un centre de tri médical,
– un premier recours,
– un service d’urgence faible intensité,
– un repère social,
– un amortisseur administratif.
Sauf que rien, dans le modèle actuel, ne rémunère ces “fonctions invisibles”.
Une pharmacie rurale peut donc être indispensable et non viable.
C’est ça, la crise !
Les officines qui tiennent aujourd’hui -->
1. Revalorisent systématiquement les missions non visibles.
2. Optimisent drastiquement leurs achats et leur stock.
3. Redonnent une place stratégique au titulaire (moins de comptoir, plus de pilotage).
4. Développent les pôles les plus rentables (orthopédie, parapharmacie ciblée, services).
5. Capturent chaque euro de marge au lieu d’espérer du volume.
Elles arrêtent de “faire tourner la pharmacie”.
Elles commencent à piloter leur entreprise.
Les pharmacies rurales ne manquent pas de patients.
Elles manquent d’un modèle qui reconnaît leur rôle réel.