15/10/2025
Ce jour-là, une fois le soleil levé, elle s’est réveillée sans le sentir bouger.
La journée a commencé.
L’angoisse est montée.
L’anxiété s’est installée.
Attentive au moindre signe, au moindre mouvement, c’était le vide dedans.
Un message dans l’après-midi pour me demander conseil. Je n’étais déjà plus au cabinet.
Et puis comme indiqué, les urgences… et ce grand silence.
Sans un bruit, dans la nuit, à l’aube du 9e mois, son tout petit s’en était allé. Le cœur de son bébé s’était arrêté.
La mort là où on attend la vie.
Et là où on l’attend depuis si longtemps.
La mort fœtale fait si mal. Je ne sais pas si elle fait davantage mal quand on est à terme et que les couples ont enduré un long protocole de PMA avant tout cela.
La mort fœtale fait terriblement mal. Elle bouleverse la vie.
Et puis la suite après ce jour terrible. Le retour chez soi en portant toujours la mort en soi.
Attendre que la chimie fasse effet pour faire naître un enfant sans cri.
Il faut du temps pour que le processus d’ouverture opère.
Quelle épreuve de faire naître un bébé sans vie.
Ce temps il en faut aussi pour faire le deuil.
Avec comme seul souvenir, son prénom, ses empreintes, ses traits enregistrés sur des images, son odeur, son poids dans les bras, sa chaleur qui est le seul vestige de la vie intra utérine…
Rentrer chez soi le vendre vide, les mains vides, l’âme vide dans un cocon où tout était prêt, les habits déjà pliés et rangés, la chambre décorée, la poussette dépliée.
Un supplice pour l’esprit.
Avec cet éternel pourquoi qui n’a que très rarement de réponse.
Je me souviens de chaque mort fœtale, de chacun de ces enfants qui laissent une trace indélébile dans le cœur des familles, dans les étoiles, les arcs en ciels, les instants de vie.
Cette famille m’a touchée, comme beaucoup d’autres, car dans la mort, nous partageons des moments très forts.
Aujourd’hui l’espoir renaît et je leur souhaite du fond du cœur, en cette journée de sensibilisation au deuil périnatal, ce bonheur indescriptible de redevenir parents. Et d’avoir enfin cette famille entre Terre et Ciel. De bercer cet enfant arc-en-ciel.
Je n’oublie aucune de vos tranches de vies et aucune de vos étoiles.