13/11/2025
Dix ans.
Dix ans aujourd’hui, sinistre anniversaire, dix ans qu’une soirée cauchemardesque, dont la barbarie est inscrite dans la mémoire de tous, m’a fait basculer et accepter enfin de me mettre au service des âmes en souffrance.
Cette soirée, je l’ai évoquée ici parfois.
Alors que je venais d’allumer la télévision après avoir vu passer sur Facebook l’information que «ça tirait» dans Paris, Paris où j’ai vécu une quinzaine d’années et où j’avais des tas de connaissances ou d’amis.
Forcément j’ai voulu en savoir un peu plus.
Ça doit être la première fois de ma vie que je me suis retrouvée devant BFM !
Et là, l’horreur…
Les terrasses avaient déjà été arrosées de tirs, déjà de nombreux morts et blessés, et à cet instant, les policiers étaient encore devant le Bataclan, à attendre qu’on leur envoie l’ordre de donner l’assaut.
Personne ne savait encore ce qu’il se passait à l’intérieur… sauf les malheureux otages retenus ou déjà blessés ou envolés.
En plein effroi, debout devant ma télé, comme figée, je me suis retrouvée la seconde suivante dans un corps tremblant, tremblant très très fort, allongée sur le ventre, serrée contre d’autres personnes allongées elles aussi, faisant les mortes, ou déjà mortes.
Le nez dans du sang, dont je sentais puissamment l’odeur ferreuse si particulière, mêlée à celle des tirs, de la fumée.
Terrifiée, j’entendais des coups de feu qui s’éloignaient et des gémissements déchirants.
Les voix des terroristes aussi, qui s’éloignaient de la fosse où je me trouvais. Ils y avaient déjà tué presque tout le monde.
Puis, subitement, je suis revenue dans mon propre corps, encore debout, au même endroit, et la télé qui continuait d’expliquer que très bientôt la police allait entrer.
Complètement sonnée par ce que je venais tout juste de vivre, je me suis enfin assise, encore pleine de cette terreur qui m’avait engloutie «dans» le Bataclan.
Et tout ce sang, toute cette terreur des autres personnes que je sentais aussi…
Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que je pleurais, et ces larmes ont coulé trois jours et trois nuits. Sans discontinuer. Le peu que je dormais, je pleurais encore dans mon sommeil.
Pendant des heures interminables, j’ai cru que le père de mes enfants faisait partie des victimes, car il était le seul à ne pas répondre à mes messages d’angoisse.
En fait, il s’était endormi juste avant que les événements ne surviennent et s’est réveillé à cinq heures du matin, trouvant des tas des messages, et réalisant alors ce qu’il s’était passé. Ce n’est que là qu’il m’a enfin rassurée.
D’ailleurs notre fils, endormi comme son père, s’est lui réveillé vers minuit, trouvant lui aussi plein de messages de ses copains lui demandant si son père, parisien, était en sécurité. Il est alors descendu me retrouver dans le salon en me demandant ce qu’il se passait, et m’a trouvée en larmes.
J’ai dû lui dire sans montrer mon angoisse, que je cherchais à joindre son père mais que, pour l’instant je n’avais pas de réponse.
J’ai dû trouver la force de plaisanter en lui disant qu’il m’avait déjà fait vivre des choses de ce genre, à me faire partir dans la terreur alors que de son côté tout allait bien.
Sauf qu’un froid glacial en moi me répétait qu’il était mort, et que j’allais devoir lui choisir un cercueil…
Mon soulagement le lendemain matin lorsque j’ai enfin reçu son message, je le ressens encore à cet instant.
Que m’est-il arrivé ?
Toutes ces âmes envolées en même temps ont dû m’appeler, j’ai eu un «truc» particulier avec les attentats, les tueries de masse, depuis cette nuit d’horreur, chacun d’entre eux m’était annoncé ensuite trois jours avant.
En vision.
Mais qu’en faire ? Je n’avais aucun détail de lieu, de date, d’heure. Et quand bien même j’en aurais eu, personne ne m’aurait écoutée…
Il se trouve en tout cas que ce vendredi 13 novembre 2015 a été pour moi l’événement déclencheur, celui qui est à l’origine de mon acceptation de ma mission de vie.
Certes, j’en avais déjà vécu de toutes les couleurs de ce genre d’expériences. Mais, cartésienne invétérée, je n’avais jamais eu le courage d’affronter tout ça. Ne pouvant y trouver aucune explication, je faisais comme si de rien n’était. Je faisais l’autruche…
Sauf qu’à partir de ce soir là, une barrière a cédé en moi, quelque chose a lâché, sortant d’abord en un torrent de larmes, puis, aussitôt après, tout a changé.
Un ami médium m’a contactée car il a «su», a été alerté par ses guides, que j’étais bouleversée et je lui ai tout raconté.
Il m’a alors dit : «tu es médium, tu dois y aller ou tu vas retomber malade.»
C’est ainsi que tout a commencé, ou plutôt continué d’une autre manière.
J’ai accueilli, j’ai accepté.
S’en est suivie une période de boulimie d’apprentissages, j’ai commencé par le tarot. Puis je me suis laissée guider.
Et tout s’est mis en place tellement joliment, tellement facilement, tellement rapidement. Je n’avais qu’à faire ce que les guides me montraient. Aller où ils m’emmenaient.
J’ai commencé à vivre d’innombrables expériences merveilleuses, tout a été très vite et très intense.
J’ai accepté d’utiliser et développer mon magnétisme, combiné à mon expérience et mes connaissances de psychologue pour en faire mes séances que vous connaissez.
Qui ont bien évolué d’ailleurs, aujourd’hui elles n’ont plus grand chose à voir avec les petites séances soft de mes débuts…
Les guides m’ont tenue par la main tout le long de ce voyage de dix ans, passionnant, richissime, m’envoyant les cas les plus adaptés à moi.
Je me souviens, au tout début, on m’envoyait des femmes qui avaient vécu et bloqué sur les mêmes épreuves que moi, par exemple des jeunes femmes seules avec leurs enfants et une maladie à gérer. Les «coïncidences» étaient trop nombreuses et troublantes pour qu’il n’y ait pas quelque chose à comprendre.
Depuis dix ans, ma vie entière est consacrée à cette mission, la guérison, la guidance aussi.
Me mettre au service des guides est un immense honneur pour moi et aussi un plaisir gourmand. Car ils sont tellement agréables à fréquenter… Tellement empathiques, tellement éclairés, tellement lumineux et aussi tellement drôles…!
Quant aux soins, ils nous font, vous et moi, partir dans des états tellement spéciaux, vivre des moments tellement particuliers et surtout atteindre des sommets…
Pour tout ça, je ne peux que me sentir reliée à jamais à toutes ces personnes qui ont perdu la vie en ce soir de novembre il y a dix ans.
Je sais ce qu’elles ont vécu, juste avant de mourir. J’en ai entendu certaines agoniser.
J’ai comme un trou béant dans mon cœur et mon âme, que j’essaie depuis de combler d’amour, pour le réparer de toute cette horreur et de rester en lien avec toutes ces âmes, dans l’amour.
Aujourd’hui je leur rends un hommage vibrant, je ne peux m’empêcher de regarder chaque émission autour de cette nuit d’horreur, pour moi c’est comme si c’était hier. Et je tremble, et je pleure devant chaque témoignage des rescapés… Comme si c’était moi qui racontais…
Et en même temps il s’est passé tant de choses depuis.
Je suis devenue quelqu’un d’autre.
Je suis devenue moi-même.
Le choc de la barbarie de ce que ces âmes ont vécu a été la goutte d’eau qui m’a fait accepter de lâcher le mode cartésien pour m’ouvrir enfin à autre chose de tellement plus grand…
Reposez dans la paix éternelle et la lumière, jeunes martyrs, on ne vous oublie pas.
On ne vous oubliera jamais.
Nous avons tous été traumatisés par votre calvaire.
Et celui de celles et ceux qui vivent depuis, avec de lourdes séquelles physiques et psychologiques.
Nous avons ressenti, par ces événements dramatiques, à quel point nous sommes tous liés.
Et tous, nous nous souvenons, en ce jour anniversaire.