29/09/2025
La lettre politique de Mediapart du lundi 29 septembre 2025
Nicolas Sarkozy contre l’État de droit
Par Ellen Salvi
Nicolas Sarkozy a raison sur un point : la France a été humiliée ces derniers jours. Humiliée parce qu’un ancien président de la République, condamné pour association de malfaiteurs dans l’affaire libyenne, a osé dénoncer un « complot » et attaquer l’État de droit tout en s’en réclamant. Humiliée parce qu’une large partie du monde politico-médiatique lui a emboîté le pas, multipliant les outrances et les contrevérités.
Humiliée parce que des magistrat·es sont menacé·es de mort. Humiliée parce que des ministres préfèrent apporter leur soutien à un homme multi-condamné plutôt que défendre la justice de leur pays. Humiliée parce que des responsables politiques assument vouloir un système protégeant les puissants, mais réprimant celles et ceux qui ne portent pas de col blanc. Humiliée parce qu’elle n’en finit plus de dégringoler dans le classement de la lutte anticorruption.
Le spectacle offert par la droite et l’extrême droite est d’autant plus désolant qu’il révèle à quel point les intérêts particuliers de quelque-un·es sont en train d’étouffer l’intérêt général. En témoigne l’offensive lancée tous azimuts par les médias de son ami Vincent Bolloré pour transformer Nicolas Sarkozy en Edmond Dantès des temps modernes et ensevelir sous la boue des commentaires les 400 pages du jugement qui les a condamnés, lui et ses proches.
Le débat public a versé à ce point dans le ridicule que l’avis de la présentatrice de « L’Amour est dans le pré », Karine Le Marchand, vaut désormais autant que celui de magistrat·es ayant planché sur l’affaire libyenne pendant une décennie. Il vire tellement à la mascarade que le maire de Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi, n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer vouloir donner le nom de Nicolas Sarkozy au futur parvis de l’hôtel des polices de sa ville.
Ces différentes sorties sont aussi grotesques que dangereuses. Car non contentes de remettre en cause nos principes fondamentaux – parmi lesquels, excusez du peu, l’égalité devant la loi –, elles donnent un aperçu effarant de l’état de notre démocratie. On peut toujours se rassurer en regardant du côté des États-Unis de Donald Trump, mais le fait est que la France n’a pas de quoi se vanter. Elle aussi a été humiliée. Par Nicolas Sarkozy.