15/09/2023
Avec des schémas souvent monoparentaux, qui renforcent la pauvreté, des ados sont amenés à sortir tôt de l'enfance pour aider leurs parents. Leïla, 15 ans, témoigne pour Libération :
«Ma vie c’est de vivre avec ma mère, qui est absente à cause de son travail. Mon frère aîné est en internat. Je ne le vois pas souvent. Mon père nous a abandonnés. Il est parti au Mali. On vit à trois, avec ma petite sœur qui a 12 ans. Tous les matins, je me lève à̀ 7 heures pour me préparer. Je vois ma mère, elle est déjà réveillée. Elle est prête à̀ sortir pour aller à son travail. On est ensemble une demi-heure, parce qu’elle part à 7 h 30. Elle est assistante à̀ la personne. Elle travaille avec des personnes âgées et des enfants handicapés. Elle revient à la maison entre 12 heures et 16 h 30. Mais c’est les horaires où je suis au lycée. Le soir, je la vois cinq ou dix minutes et elle repart travailler. Elle doit commencer à 18 heures et elle a une heure de trajet. Elle finit à 21 heures et elle revient à la maison vers 22 heures. Là, j’essaye de rester avec elle pendant une heure avant de me coucher.
Ma mère travaille aussi les samedis et dimanches. Ça veut dire que, le week-end, on peut passer un peu de temps avec elle jusqu’à 16 heures. Je me prive de quelques sorties avec mes copines pour être avec elle, mais pas trop quand même. De toute façon, elle s’est levée à 6 heures toute la semaine, donc elle a besoin de se reposer.
Quand j’ai besoin d’aide, évidemment, c’est impossible. Mais je me suis habituée. Et puis je m’occupe aussi de ma petite sœur. J’essaie de la soutenir, parce qu’elle est un peu décrocheuse. Ma mère, je ne lui montre pas que ça me manque de ne pas la voir souvent. Elle fait tout pour nous donner une bonne vie. Elle veut le meilleur pour nous. Pour elle, c’est dur aussi de ne pas voir ses enfants autant qu’elle voudrait. On n’a pas le choix. Je crois que ça me fait grandir.»
Avec La ZEP - Zone d'Expression Prioritaire | 𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐨𝐢𝐠𝐧𝐚𝐠𝐞𝐬 : 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬