25/12/2025
CHEVAL JETABLE “L'IGNOBLE TRAHISON”
"La photo qui accompagne ce texte est une photo d'illustration"
Ce matin, comme tant d'autres, j'ai fait défiler le fil d’actualité d’un réseau social.
Et ce matin, comme tant d'autres, j'ai eu la nausée.
Pas une nausée physique, non, une nausée morale.
Une écœurante sensation de vertige face à la marée montante des "à donner", "à vendre petit prix cause arrêt", "idéal compagnie".
Derrière ces mots aseptisés se cache une violence inouïe, celle du déchet.
Nous vivons dans une ère qui se gargarise de bien-être animal, qui prétend avoir élevé le cheval au rang de membre de la famille. MENSONGE !!!.
Sur le terrain, la réalité est plus sombre, notre amour est conditionnel. Il est indexé sur la performance, sur le plaisir que l'animal nous procure.
Tant qu'il saute, tant qu'il galope, tant qu'il flatte notre ego en concours ou nous détend en forêt, il est le "roi", le "chouchou". Mais dès que le corps lâche, dès que les jambes tremblent, dès que le "jouet" est cassé, l'amour s'évapore, laissant place à une calculatrice froide.
"Cheval Kleenex"
Comment ose t'on ? Comment ose t'on regarder dans les yeux celui qui nous a portés pendant quinze ans, celui qui a pardonné nos erreurs de main, nos mauvaises distances, nos humeurs, pour lui dire : "Tu me coûtes trop cher maintenant que tu ne sers à rien" ?
J'entends d'ici les justifications : "Je n'ai pas le budget", "Je veux continuer à monter".
Alors on brade, on passe une petite annonce, lâchement.
On cherche à se débarrasser du "fardeau" sous couvert de lui trouver une "bonne maison".
Mais qui ? Qui va payer 200 euros par mois de nourriture spécialisée pour un cheval qui n'a plus de dents ?
Qui va payer 160 euros par mois de Prascend parce que votre vieux serviteur a déclaré un Cushing que vous ne voulez pas assumer ?
Personne, ou presque.
En cédant ce vieux cheval "contre bons soins", vous ne lui offrez pas une retraite, vous jouez à la roulette russe avec sa fin de vie.
Vous le livrez aux maquignons qui rôdent sur internet, récupérant gratuitement ces "vieux" pour empocher les 600 ou 700 euros de leur viande à l'abattoir.
Ou pire, vous le confiez à l'ignorance de ceux qui le laisseront mourir de faim au fond d'un jardin, faute de savoir qu'un vieux ne mange pas que de l'herbe.
La trahison de la dernière ligne droite
La vieillesse n'est pas une surprise, bon sang ! C'est l'aboutissement naturel de la vie.
Quand on achète un cheval, on n'achète pas une moto qu'on remise au garage.
On signe un pacte tacite avec un être vivant "Je prends tes années de force, je prends tes années de gloire, et en échange, je te dois tes années de faiblesse."
Aimez lès quand ils sont "inutiles"
Alors, ceci est un cri !!!
Un cri pour tous ces chevaux qui s'effacent.
La vraie gloire, ce n'est pas le flot au concours.
La vraie gloire, c'est de se lever un matin d'hiver, dans la boue, pour aller soigner un abcès sur un pied usé.
C'est de préparer une soupe tiède pour un vieux cheval qui bave mais qui vous accueille avec un hennissement doux.
C'est de rester là, jusqu'au dernier souffle, pour que la dernière chose qu'il voit soit le visage de celui qu'il a aimé.
Arrêtons de consommer le cheval. Commençons à l'honorer.
Si vous ne pouvez pas assumer sa mort et sa vieillesse, alors vous ne méritiez pas sa jeunesse.
Pour eux, pour leur dignité, ne les lâchez pas quand ils trébuchent.