21/06/2025
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Voyance 2.0 : quand les réseaux sociaux exploitent la détresse
Sur TikTok et Instagram, ils se prĂ©sentent comme mĂ©diums, guĂ©risseurs, chamans. Ils Ă©voquent des Ăąmes perdues, des Ă©nergies nĂ©gatives, des « guides spirituels », des anges ou des archanges. Il y en a pour tous les goĂ»ts. En ligne, le spirituel devient spectacle. Il suffit dâun anneau lumineux, dâune boule de cristal, dâun jeu de tarot bien Ă©talĂ© et dâun compte TikTok pour donner naissance Ă un « guide de lumiĂšre » improvisĂ©, autoproclamĂ©, souvent construit Ă coups de lives et de formules pseudo-Ă©sotĂ©riques.
Ă lâĂ©cran, dĂ©filent des lectures dâĂąme, des messages de dĂ©funts, des diagnostics de « blocages karmiques »⊠TrĂšs vite, vient lâinvitation Ă une consultation privĂ©e. Ce qui se prĂ©sente comme un acte de transmission devient, pour certains, un business redoutablement efficace. DerriĂšre les discours feutrĂ©s et les mises en scĂšne mystiques, on trouve souvent des individus sans formation, sans Ă©thique, qui ciblent un public vulnĂ©rable : personnes en deuil, isolĂ©es, fragiles psychologiquement.
Le mĂ©canisme est rodĂ© : une rĂ©vĂ©lation en direct, dramatique, sert de dĂ©clencheur Ă©motionnel. On parle de malĂ©dictions, dâattaques occultes ou de dĂ©cĂšs dâun proche.... Et juste aprĂšs, on propose une solution : rituel, protection, purification Ă©nergĂ©tique, talisman personnalisĂ©. Le tout, contre plusieurs centaines, voire milliers dâeuros.
Et cela ne sâarrĂȘte pas lĂ . Certains vont jusquâĂ dĂ©courager leurs clients de consulter un mĂ©decin ou un psychologue, prĂ©fĂ©rant vendre un « soin dâĂąme » ou un « nettoyage vibratoire ». Ces pratiques, parfois proches du sectarisme, relĂšvent de lâescroquerie, de lâabus de faiblesse, voire de la mise en danger.
Dans cette Ă©conomie parallĂšle, alimentĂ©e par les algorithmes et lâabsence de rĂ©gulation, la souffrance devient une opportunitĂ© commerciale. La foi devient produit. Et la dĂ©tresse, un argument de vente.
Ces dérives ne sont pas marginales. Elles sont visibles, fréquentes, et se développent dans un vide juridique préoccupant.
LâInstitut National des Arts Divinatoires (INAD) tire la sonnette dâalarme : le phĂ©nomĂšne prend de lâampleur, les victimes se multiplient. Il est temps dâagir.
Car si la mĂ©diumnitĂ© pratiquĂ©e avec sincĂ©ritĂ©, bienveillance et discernement peut avoir du sens, ce que lâon observe trop souvent en ligne dĂ©passe la croyance. Câest un théùtre, parfois cruel, oĂč la crĂ©dulitĂ© est monĂ©tisĂ©e, et oĂč lâhumain devient une cible.
Tous les voyants ne se ressemblent pas. DerriĂšre les dĂ©rives visibles en ligne, beaucoup de professionnels exercent avec sincĂ©ritĂ©, respect et discrĂ©tion. Ils ne vendent pas dâillusions, mais offrent une Ă©coute, un Ă©clairage, parfois une forme de rĂ©confort. Loin du tumulte des rĂ©seaux, ces praticiens font honneur Ă leur mĂ©tier. Câest Ă eux quâil faut rendre justice, et câest pour eux , et leurs consultants , que lâINAD agit.