25/07/2018
Chère lectrice et cher lecteur,
Cette publication vient en prologue à notre séminaire « Se mettre en chemin » qui se tiendra au mois d’octobre 2018. Jean-Jacques HINCKER et Michel ROUSCHMEYER, psychopraticiens, partagent ici quelques fragments de leur expérience sur le thème de la marche. A bientôt.
Debout !
Pour beaucoup d’entre nous, marcher est une faculté ordinaire. Nous le faisons sans nous en rendre compte. Cette faculté nous permet de vaquer à nos occupations, de nous rendre aux endroits nécessaires à nos activités quotidiennes ou pour rencontrer, découvrir des lieux et des gens. Mais pour marcher, il faut se tenir debout.
Pour certains, cette faculté est marquée par un handicap qui ne permet pas de réaliser ces choses banales ou plus exceptionnelles de la vie.
Se mettre debout devient une aventure, comme l’explique Alexandre Jollien dans son livre Eloge de la faiblesse : « tenir la tête la plus éloignée du sol ».
Depuis la fenêtre de mon cabinet, j’observe quotidiennement de jeunes garçons et filles arriver dans l’enceinte de notre immeuble, marchant avec difficulté, voire ne marchant pas du tout. Souvent, je suis pénétré par ces visages volontaires qui se rendent chez le kiné pour soigner leur handicap. Se tenir debout devient un travail. Chaque jour qui passe peut les tirer vers le haut. Ils y vont et d’échecs en succès ils gravissent les étapes de leur développement.
Je suis alors souvent interpelé par la question de la différence. Mais au fond, comment suis-je debout ?
En fait, ces jeunes sont comme moi, et moi, comme eux. Nous sommes plus que ce que nous montrons ou ce que les autres voient de nous. Il y a des trésors (parfois enfouis) en chacun de nous. Et c’est là notre point de rencontre.
Dans mon cabinet, en tant que psychopraticien, j’accompagne des personnes qui se tiennent physiquement debout. Toutefois, les évènements de la vie les ont tirés vers le sol. Séparations difficiles, enfermements dans des schémas destructeurs ou inhibiteurs, dévalorisations personnelles, traumatismes, … sont autant de souffrances qui empêchent la réalisation de soi.
Comme ces jeunes, elles viennent patiemment travailler à leur « élévation ». Dans leur cheminement, lorsque leur moment est arrivé, elles sentent germer en elles ce désir de tenir la tête le plus loin possible du sol et d’entendre cette voix intérieure qui leur dit : « debout ! » ; comme un appel à se redresser et à oser affronter la vie.
C’est le sens du séminaire que nous proposons.
Jean-Jacques HINCKER – 25 juillet 2018