05/12/2025
Pendant longtemps, ma vie a été tournée vers l’extérieur : chercher, comprendre, agir, accompagner.
Aujourd’hui, quelque chose en moi s’est retourné.
Je marche davantage vers ma joie profonde, vers cette vie intérieure qui, elle, ne ment jamais.
Et pourtant, ce chemin intérieur passe encore et toujours par les autres — par leurs histoires, leurs voix, leurs combats. Par ces femmes qui éclairent le monde simplement parce qu’elles ont accepté de traverser l’ombre.
Hier soir, au pied de la cathédrale, j’ai vécu l’un de ces moments suspendus.
Un moment partagé avec Susan Cortese, ma formatrice en Havening, et son amie de longue date Maureen Kearney, dont l’histoire a été portée à l’écran par Isabelle Huppert dans le film La Syndicaliste.
Ce que peu de personnes savent, c’est que Susan a accompagné Maureen dans la traversée de son trauma.
Elle a été à ses côtés dans l’après-coup, dans ces instants où le monde s’écroule et où l’on ne sait plus comment respirer.
C’est aussi cela qui m’a touchée : voir deux femmes qui ont marché ensemble dans l’épreuve, et qui continuent, des années plus t**d, à partager une amitié profonde, solide, joyeuse.
Parce que oui : on ne se relève jamais seul.
C’est l’amitié.
C’est la sororité.
Ce sont ces présences qui tiennent la lumière quand tout vacille.
Ce sont les êtres qui, sans bruit, nous rappellent que nous sommes encore vivants.
Maureen Kearney a été une guerrière, une vraie.
Syndicaliste, elle a passé des années à défendre les salariés d’un grand groupe industriel. Elle s’est tenue debout pour les autres, sans relâche.
Jusqu’à ce matin où tout a basculé.
Un matin où la violence et l’impensable sont entrés chez elle, brisant son corps, sa sécurité, son monde.
À partir de là, il lui a fallu mener un autre combat : celui pour sa dignité, pour son honneur, pour retrouver l’estime d’elle-même que les épreuves avaient tenté de lui arracher.
Un combat long, injuste, épuisant — qu’elle n’a pas traversé seule.
Car Susan était là, et d’autres femmes aussi.
Des mains tendues qui ne posent pas de questions mais qui soutiennent, qui portent, qui redonnent souffle.
Et c’est ce qui me bouleverse profondément : après avoir survécu au trauma, après avoir été humiliée, niée, accusée…
Maureen est revenue vers les autres.
Elle s’engage aujourd’hui pour les femmes victimes de violences.
Elle aide, elle écoute, elle relève.
Elle parle — et sa parole ouvre des chemins.
La vie, parfois, peut ressembler à une broyeuse.
Je ne l’apprends à personne.
John Lennon disait :
« La vie, c’est ce qui t’arrive quand tu avais d’autres plans. »
Oui.
Mais je crois profondément que la vie n’est pas là pour nous broyer : elle est là pour nous déplacer.
Nous obliger à changer de plans, à écouter ce qui appelle, à sentir l’endroit où la lumière pousse.
Et chaque fois que j’ai osé faire un pas vers l’inconnu,
une petite voix murmurait :
« Vas-y. Tu peux le faire. Aie confiance. »
Bien sûr que c’est difficile.
Bien sûr que le connu rassure.
Mais comme le rappelle Paulo Coelho :
« Le bateau est plus en sécurité lorsqu’il est au port… mais ce n’est pas pour cela qu’il a été construit. »
Osons les détours, les recommencements, les virages à 180°.
Soyons pèlerins.
Et n’oublions pas — avec l’humour tendre de Bernard de Fontenelle : « Ne prenons pas la vie au sérieux ; de toute façon, nous n’en sortirons pas vivant. »
Face à cette question étrange que tant de personnes se posent :
« Mais qu’est-ce que je fais là ? »
Je crois qu’il n’y a qu’une seule réponse : agir.
S’entourer de personnes inspirantes.
Avancer, même lentement.
Créer, tenter, recommencer.
Comme le disait si bien Joan Baez :
« L’action est l’antidote au désespoir. »
Et si vous échouez ?
Parfait.
C’est le signe que vous êtes vivant.e.
Célébrez vos échecs : ce sont eux qui polissent la pierre.
Car dans chaque épreuve se cache un cadeau — parfois minuscule, parfois incandescent.
Mais on ne peut le découvrir qu’en ouvrant les oreilles du cœur.
Merci Maureen.
Merci Susan.
Pour cette sororité qui ne se raconte pas : elle se vit.
Pour ce lien qui traverse les années.
Pour cette lumière que vous portez toutes les deux.
La sororité… c’est chantant, c’est vibrant, c’est vivant.
Et quand on marche ensemble, même les épreuves deviennent traversables.
Merci à celles qui tiennent nos lumières quand les nôtres vacillent.
Alors oui : vive la Vie.
Et en avant.
Rencontre avec Maureen Kearney, ex responsable syndicale et secrétaire générale du comité de groupe européen Areva, interprétée dans LA SYNDICALISTE par Isab...