26/04/2022
Faire de ma colère # ma meilleure amie
Aujourd’hui je voudrai vous parler d’une grande victoire intérieure.
J’ai réussi á ne plus sortir de mes gons dans les réunions houleuses des représentants des parents d’élèves. En un mot, j’ai réussi á surmonter ma colère.
J’ai découvert la méthode # qui me permet de rester souveraine, stable, posée quand je m’exprime. Mieux, j’ai réussi à partager mes idées et à leur trouver une adhésion.
J’en suis tellement heureuse que je voulais le partager avec vous.
Avant, j’ai essayé les méthodes traditionnelles, sans succès.
La perspective d’une réunion de parents d’élèves et sa préparation avec les « alliés » du camp avec lequel je m’identifie, génère chez moi des jours à l’avance des états émotionnels intenses oscillant entre révolte, agitation intérieure, nervosité immaîtrisable. Je teste mes arguments auprès de mes enfants un peu terrifiés á l’idée que je vais les exprimer lors de ces réunions et qui me servent de public test bien malgré eux. Et pourtant je ne suis pas une harpie et la plupart du temps j’essaie d’être animée des meilleures intentions et d’un état d’esprit constructif…Mais voilà, il est des moment où l’enjeu est tellement grand et les points de vue tellement divergents que la tension monte avant même la confrontation, car c’est bien le mot qu’il convient.
Tout ce qui touche à mes enfants réveille en moi une fibre de mère louve malgré moi, une force animale irrépressible qui me fait monter le rouge aux joues, battre le coeur à 100 à l’heure, avant même que la moindre parole soit échangée. Les traits de mon visage se crispent malgré moi, ne me laissant pas apparaître sous mon meilleur jour… autant dire un boule dogue avec des yeux capables de tuer s’ils étaient armés et qui, en tous les cas, signalent clairement: si tu viens te frotter à moi, tu le regretteras… J’écoute les échanges verbaux comme je regarderai les échanges de balles d’un match de tennis, je regarde droite, gauche, droite, gauche, et je compte les points et en même temps il y a comme un chronomètre qui compte dans ma tête: combien de temps avant que je ne prenne la parole? Plus le moment approche et plus je ronge mon frein alors que mon coeur bondit dans ma gorge, qui se resserre progressivement. Et quand c’est finalement mon tour, elle ne laisse passer qu’un filet de voix nasillard modifié que j’ai du mal á reconnaître comme le mien: je parle avec colère, une colère étranglée…en combattant les arguments avancés par les autres parties. C’est comme si je me voyais faire et que je le regrettais aussitôt…Et quand j’ai fini de parler, je suis effrayée du silence qui peut s’ensuivre…
Au final, j’ai déchargé mon adrénaline et mon corps se décontracte, la tension se relâche et toute souffrance m’a quittée. Je me suis sentie gonflée d’énergie, portée par elle même. Mais j’ai été incapable de présenter mon point de vue calmement, et maintenant je me sens nulle et vulnérable. Pire, les fronts se sont durcis et l’effet boomerang ne t**de pas. Les réactions fusent et le dialogue s’est détérioré.
Plus t**d, j’essaie de combattre ma colère en me taisant, en laissant les autres parler, ceux du camp adverse et ceux dont je me sens proche, en espérant que l’énergie de ma présence va les aider, les porter. Je boue intérieurement comme une cocotte minute mais je tiens bon. Je regarde cette fois ci les échanges de balles depuis la chaise de l’arbitre sauf que je suis partiale. Mais cela ne sert qu’á créer un sentiment d’abandon chez ceux dont je partage les idées. Et j’ai du mal à cacher ma frustration. Finalement, j’en ressors avec une toute aussi piètre idée de moi-même et de ma capacité à me faire entendre.
Finalement, je tente la politique de la chaise vide, mieux, je démissionne de tous mes postes sans donner de motifs. Les uns et les autres essaient de comprendre, de trouver le moyen de faire pression, chacun á sa manière. D’un côté, « quand il faut s’engager il n’y a plus personne », de l’autre « ne nous laisse pas tomber »… tandis que moi je me dis: « je veux contribuer de manière positive dans un contexte positif. Comme ici le contexte est hostile, ce n’est pas possible, je me consacrerai désormais à d’autres projets.» Mais cela me laisse le sentiment de quitter le navire en train de couler avec les autres á bord tandis que je m’éloigne à bord d’un canot de sauvetage… Je me dis que j’ai au moins pris soin de moi, mais au fond je ne suis pas fière de moi.
Connaissez vous ce sentiment? Vous le vivez peut être dans un contexte différent, professionnel ou familial? Vous savez qu’aucune de ces solutions n’en est vraiment une.
Dans le langage professionnel anglais on les appelle les stratégies de Fight, Freeze or Flight. Autrement dit: je combats, je me pétrifie ou je prends la fuite.
J’ai découvert par hasard la solution moins connue, plus immédiate et finalement assez simple en regardant ce qui se passe avec la guerre en Ukraine en ce moment. Il y a ceux qui combattent, ceux qui fuient et ceux qui détournent le regard…
Et toutes de ces stratégies marchent un temps, mais aucune ne résout le problème à long terme. La colère est et reste là.
Et puis il y a ceux qui aident. Il y a des divergences sur les moyens d’aider car il y a des divergences sur les moyens de résoudre le problème. Et chacun a son domaine de compétence.
Mais c’est déjà transformer la colère que d’aider à résoudre le problème. C’est utiliser l’énergie formidable de notre colère de manière positive et découvrir de nouvelles ressources en moi.
Et quand je suis en colère, avec quels moyens puis-je aider le mieux? Le plus sûrement? Avec mes propres moyens, pas en demandant aux autres les leurs. En partant de moi, avec ma compréhension.
C’est très rassurant et c’est pour ça que je parle d’une victoire intérieure.
Alors bon courage à toi pour, à ton tour, faire de ta colère ta meilleure amie.